Les citations célèbres de Vladimir Jankélévitch :
L'occasion n'est pas seulement une faveur dont il faut savoir profiter : elle est encore quelque chose que notre libre arbitre recherche, déclenche, et, au besoin, suscite.
Le meilleur des mondes n'est que le moins mauvais.
Un cœur aimant aime toujours, même s'il ne se sent pas aimer.
La complaisance, c'est le plaisir avec un exposant.
Je ne sais pas ce que je suis et je ne suis pas ce que je sais.
L'avenir est ambigu parce qu'il est à la fois certain et incertain. Ce qui est certain, c'est que le futur sera, qu'un avenir adviendra ; mais quel il sera, voilà qui demeure enveloppé dans les brumes de l'incertitude.
Tout peut devenir occasion pour une conscience en verve capable de féconder le hasard.
L'occasion est une grâce qu'il faut parfois aider sournoisement.
Il est parfois humble d'accepter avec simplicité un éloge flatteur.
Pour dire qu'il faut se taire, il faut déjà faire un peu de bruit.
Mieux vaut être déçu que mourir de bonheur et d'ennui !
Le proverbe dit : on ne peut être et avoir été ; ou plutôt le proverbe se trompe, car justement on le peut : je suis celui qui a été ; je suis, moi qui fus ; mais je ne peux me redoubler dans le présent, exister « deux fois à la fois », et l'unicité de la personne répond sur ce point à la finesse aiguë du présent.
Je ne sais pas mais je devine que je vais avoir su.
L'amour qui revient sur soi en refermant le cercle est un morne raté de l'amour !
La violence est une force faible.
Le fascisme est l'ennemi héréditaire de toute pensée, quelle qu'elle soit.
Si Dieu n'avait pas créé les hommes impurs, l'homme trop pur crèverait de gâtisme.
L'universitaire juif, le professeur juif, l'intellectuel juif ont été les souffre-douleur privilégiés du cannibalisme fasciste. D'abord parce que sur les hommes faibles l'athlète imbécile, sanguinaire et terrifiant remporte les plus faciles victoires ; l'humiliation la plus divertissante est celle dont on abreuve l'homme sans muscles, l'homme tourmenté par des idées.
Plutôt que d'être heureux sans le savoir mieux vaut goûter des souffrances de la vie.
Un don sans amour ne vaut guère mieux qu'un refus, quand bien même il donnerait tous les diamants de l'Asie.
L'amour exige que nous vivions pour autrui jusqu'à notre dernier souffle et jusqu'à la toute dernière expiration de notre respiration, jusqu'à la dernière goutte de notre sang et jusqu'au dernier globule de cette dernière goutte, jusqu'à la dernière systole et jusqu'à la dernière diastole !
La manière de dire vaut mieux que les mots.
Le malheur du regret est dans l'impossibilité du retour au passé.
On ne peut être heureux que sans cause, les causes n'étant jamais des causes de bonheur.
L'amour, c'est un problème résolu à l'infini.
Le mensonge, c'est la fleur de la perversité.
La fidélité dans la sottise est une sottise de plus.
Le pur amour désintéressé est l'oubli de soi.
La devise de l'amour est : Jamais assez, jamais trop ! toujours davantage !
Le devoir et l'amour sont analogues et comparables : ils veulent toujours plus qu'ils ne veulent, ils veulent toujours autre chose. Et l'on est tenté de dire, puisque rien ne les satisfait : ils ne savent pas ce qu'ils veulent.
La vérité et l'évidence ont toujours le dernier mot.
Si l'occasion est une grâce, la grâce a besoin, pour être reçue, d'une conscience en état de grâce.
Il est parfois humble d'accepter avec simplicité une distinction insignifiante.
L'être vaut mieux que l'inexistence.
Le possible est ce qui peut être ainsi ou autrement, et qui sera ceci ou cela selon mon courage, selon les risques que je consentirai à courir, selon ma bonne ou ma mauvaise chance.
L'ennuyé ressemble au passionné qui a envie de faire une folie et qui invente mille bonnes raisons pour manquer de raison. L'ennui isole l'ennuyé, uniformise autour de lui les choses, favorise l'inertie.
Celui qui ne fait rien n'est rien ; le non-être est la limite extrême de la fainéantise ; l'inaction, c'est l'inexistence, puis finalement la mort.
La femme s'abandonne à la chance d'une aventure, mais l'homme la tente.
L'aventure amoureuse apparaît comme une parenthèse à l'intérieur du vécu, comme une sorte de madrigal ou de poème en vers interpolé au milieu du texte prosaïque et sérieux de l'existence.
L'attrait de l'aventure c'est l'attrait de la coupable bougeotte qui s'offre à distraire notre ennui et à accélérer le renouvellement dont, pour tout homme, la futurition est la source. L'homme joue avec la femme inconnue dont il a croisé le regard dans l'autobus et qui est pour lui la promesse pas très sérieuse d'un monde nouveau, d'une vie inédite.
La fragilité essentielle et la précarité incurable de notre existence psychosomatique fondent la possibilité de l'aventure. La mort est ce qu'on trouve lorsque l'on creuse jusqu'à l'extrémité de l'humain, jusqu'au rebord aigu et indépassable d'une expérience ; la mort est la limite absolue qu'on atteindrait si on allait à fond et jusqu'au bout au lieu de s'arrêter en route : c'est le fond infime de toute profondeur et l'apogée suprême de toute hauteur et le point extrême de toute distance.
Le passé étant déterminé et définitif, et ceci pour l'éternité, puisqu'il a déjà existé, il ne saurait être la région de l'aventure. La région de l'aventure, c'est l'avenir.
L'aventure dépend de moi dans son commencement, mais sa continuation ne dépend pas toujours de moi, et sa terminaison encore moins.
Le temps qui s'écoule, implacable, nous rend la besogne de plus en plus ingrate.
L'amour partitif et partiel aime du bout de l'âme comme les promesses verbales et superficielles promettent du bout des lèvres. L'intransigeance amoureuse, elle, est caractéristique du devoir autant que de l'amour : amour et devoir — ils n'admettent aucune condition restrictive ni de temps ni de lieu ; ni de degré ni de délai.
L'homme vraiment méchant aime mieux faire souffrir que faire mourir : le méchant tue en détail et se conserve ainsi sa victime le plus longtemps possible au lieu de la supprimer d'un seul coup. Il prolonge de cette manière la délectable attente, dégustant à petits traits un plaisir en pointillé qu'il réitère par l'imagination et qui renaît sans cesse.
La musique est un charme, charme nostalgique comme l'est toujours le charme.
La démesure ne saurait faire l'objet d'un interdit quand il s'agit d'amour.
Mieux vaut une panurgie très avertie qu'une sincérité naïve.
Honte aux horribles polissons qui chez nous ont défendus les fascistes !
Si l'occasion est un secours, il faut avouer que le secours a lui-même grand besoin d'être secouru !
L'aventure explore les possibilités cachées dans la détresse.
La défiance encourage l'infidélité, comme l'infidélité légitime la méfiance.
Qui excuse n'aura même pas l'occasion de pardonner.
Une confiance qui résulte de la fidélité n'est jamais qu'une confiance motivée.
Contre le scrupule les meilleures armes sont la confiance du cœur et la virginité des pensées.
La raison de l'amour, c'est l'amour ; la raison de l'amour, c'est qu'on aime.
Qui fuit la mort fuit la vie, car la mort est la vie même.
L'infidélité est une trahison.
Quand on se sent la force de dire quelque chose, le mieux est de le dire tout de suite.
La rancune fait souvent du mariage amoureux un mariage malheureux.
On peut être responsable sans être coupable.
Une haine est pure quand elle est sans nulle goutte de sympathie.
Désespérer, c'est ne savoir que devenir ni où aller.
La manière de donner vaut mieux que les dons.
Mieux vaut se tromper par excès de hâte que par excès de lenteur.
La passion est la distraction du cœur.
Si tout est permis, rien n'est permis.
Un amant spécialisé dans l'amour de l'aimable est un amant suspect.
Le mensonge est une fleur du mal.
Après le bonheur, il ne nous manque plus rien que d'être heureux.