Titre : Le destin et nos jours de vie.
Recueil : Les sonnets et poésies choisies (1878)
Comme une tendre fleur, qu'un vent d'automne enlève,
Voir nos jours les plus beaux s'envoler comme un rêve,
Voilà la vie, hélas !
Mortels, que nous sert-il de craindre le trépas ?
D'un séduisant espoir poursuivre une chimère,
Qu'à toute heure le temps change en douleur amère,
Voilà notre destin :
L'ombre triste du soir succède au clair matin...
Devant nos premiers pas la route semble belle ;
Tout sourit à l'enfant que l'espérance appelle,
Pour le tromper toujours :
Le but que nous cherchons n'est point fait pour nos jours !
La vie est un écueil battu par la tempête...
Parfois le flot nous pousse et nous transporte au faîte :
Alors, malheur à nous !
Aux plus superbes fronts l'éclair lance ses coups.
Amour, beauté, jeunesse, hélas ! tout est mensonge ;
Le bonheur ici-bas s'efface comme un songe
Devant la vérité :
Nos sentiers mènent tous à la réalité !
Vers le but éternel, brisé, pâle, on arrive,
Et d'un autre océan l'on voit blanchir la rive :
Alors coulent nos pleurs...
Pourquoi pleurer, mortels, la fin de nos douleurs ?
Ame, sépare-toi de l'humaine poussière !
Va retrouver des cieux la divine lumière,
Sans regret douloureux :
La tombe est un asile où les morts sont heureux !
Comme une tendre fleur, qu'un vent d'automne enlève,
Voir nos jours les plus beaux s'envoler comme un rêve,
Voilà la vie, hélas !
Mortels, que vous sert-il de craindre le trépas ?
Clément Michaëls