La poésie française sur l'amitié.

1 - L'amitié et les amis en poèmes :

La poésie française De Jacques Delille à Évariste Boulay-Paty en passant par Alfred de Musset ou Charles Hubert Millevoye, ce recueil de poésies vous propose 8 poèmes sur le thème de l'amitié et des vieux amis. En 1797, Charles-Gilbert Morel de Vindé, autre poète français, de sa plume écrivait ces magnifiques vers : Enfants, ne croyez pas trop vite à l'amitié : Chacun se dit ami, mais bien fou qui s'y repose. Ce nom, par tout le monde à toute heure employé, sans doute est bien commun ; mais bien rare est la chose. Et pour compléter ce thème, découvrez les poèmes de Maxalexis.
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2 - Les poèmes et sonnets sur l'amitié :

Titre : L'amitié, ce doux penchant.

Recueil : Poésies fugitives (1807)
Amitié, doux penchant des humains vertueux,
Le plus beau des besoins, et le plus saint des nœuds ;
Le ciel te fit pour l'homme, et surtout pour le sage ;
Trop souvent l'infortune est son triste partage ;
Ta bienfaisante main vient essuyer ses pleurs.
Trop heureux deux mortels dont tu charmes les cœurs !
Leurs plaisirs sont plus vifs et leurs maux s'affaiblissent ;
En se réunissant leurs âmes s'agrandissent.

Jacques Delille (1738–1813)

Titre : Du nanan pour mes vieux jours.

Recueil : Chansons et poésies (1860)
Éloignant les coupes amères,
Et de la vie la triste réalité,
J'aime à me bercer des chimères,
Qu'enfante l'idéalité !
Loin des méchants et des esprits moroses,
Je compte bien pouvoir garder toujours
L'illusion et ses lunettes roses,
C'est du nanan pour mes vieux jours.

De la vie allégeant les chaînes,
J'eus le bonheur que l'amitié,
Dans mes plaisirs et dans mes peines,
Se trouva toujours de moitié :
De mes amis beaucoup sont morts sans doute,
Mais avec eux remontant son parcours,
De mon passé je referai la route,
C'est du nanan pour mes vieux jours.

Louis Protat (1819-1881)

Titre : La divine amitié.

Recueil : Les oiseaux de neige (1881)
À Mlle N***

Je connais un petit ange
Lequel n'a jamais mouillé
Sa blanche robe à la fange
Dont notre monde est souillé.

C'est lui qui donne le change
Au pauvre cœur dépouillé
Que l'amour, vautour étrange,
D'un bec cruel a fouillé.

Cet ange, qui vous ressemble,
Sous son aile nous rassemble
C'est la divine Amitié.

Son regard est doux et calme ;
Il m'offre sa chaste palme...
En voulez-vous la moitié ?

Louis-Honoré Fréchette (1839-1908)

Titre : À mon ami Alfred T.

Recueil : Les premières poésies (1852)
Dans mes jours de malheur, Alfred, seul entre mille,
Tu m'es resté fidèle où tant d'autres m'ont fui.
Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile ;
Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami.

C'est ainsi que les fleurs sur les coteaux fertiles
Etalent au soleil leur vulgaire trésor ;
Mais c'est au sein des nuits, sous des rochers stériles,
Que fouille le mineur qui cherche un rayon d'or.

C'est ainsi que les mers calmes et sans orages
Peuvent d'un flot d'azur bercer le voyageur ;
Mais c'est le vent du nord, c'est le vent des naufrages
Qui jette sur la rive une perle au pêcheur.

Maintenant Dieu me garde ! Où vais-je ? Eh ! que m'importe ?
Quels que soient mes destins, je dis comme Byron :
« L'Océan peut gronder, il faudra qu'il me porte. »
Si mon coursier s'abat, j'y mettrai l'éperon.

Mais du moins j'aurai pu, frère, quoi qu'il m'arrive,
De mon cachet de deuil sceller notre amitié,
Et, que demain je meure ou que demain je vive,
Pendant que mon cœur bat, t'en donner la moitié.

Alfred de Musset (1810-1857)

Titre : L'amitié.

Recueil : Les poésies diverses (1814)
Toi que d'amour j'aimerais pour la vie
Si pour l'amour tu n'étais sans pitié !
Songes-y bien, près d'aussi belle amie,
Comme d'amour on brûle d'amitié.

De mes transports si ta raison murmure,
Je fais serment d'en cacher la moitié ;
Et je saurai, sans devenir parjure,
Jusqu'au tombeau t'adorer d'amitié.

Frivole amant, je cherchais des amantes ;
Mais je t'ai vue, et j'ai tout oublié.
À les genoux, sur tes lèvres charmantes,
Oh ! laisse-moi m'enivrer d'amitié.

Charles Hubert Millevoye (1782-1816)

Titre : La résolution.

Recueil : Les poésies diverses (1814)
« D'aimer d'amour ne ferai la folie :
Douce amitié vaut mieux qu'amour léger.
Las ! tôt ou tard un amant nous oublie,
Mais un ami jamais ne peut changer. »

Ainsi chantait la jeune et tendre Laure.
Lysis l'entend sans se décourager :
Espoir d'amour vient lui sourire encore ;
Car Laure est femme, et Laure peut changer.

D'amitié simple empruntant le langage,
Sous l'innocence il cacha le danger ;
Baiser d'amour d'amitié fut le gage :
Plus ne restait que les noms à changer.

Charles Hubert Millevoye (1782-1816)

Titre : À Alf. T.

Recueil : Les poésies nouvelles (1852)
Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie.
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété

— Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.

Alfred de Musset (1810-1857)

Titre : Conseil à l'ami.

Recueil : Les poésies (1851)
L'amitié ! quel nom ravissant !
Tout poète, depuis Homère,
Chante l'amitié, la chimère
La plus chère à l'esprit qui sent !

Que ton avis soit caressant,
Ami ; jamais de voix amère :
Sois semblable à la bonne mère,
Grondant son fils et l'embrassant.

Garde qu'un mot aigre, âme aimante,
Ne tombe en l'amitié charmante,
Breuvage dont la douceur plaît.

Souviens-toi que la moindre goutte
D'acide, quand elle y dégoutte,
Fait vite aigrir le plus doux lait !

Évariste Boulay-Paty (1804-1864)

3 - Autres recueils de poésie :

Les poèmes à thèmes » L'amour » Le mariage » La vie » L'amitié » Le bonheur »
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