Pourquoi nous sommes-nous connus ? Quel hasard l'a voulu ? C'est qu'à travers l'éloignement, sans doute, comme deux fleuves qui coulent pour se rejoindre, nos pentes particulières nous avaient poussés l'un vers l'autre.
Je pense à toi, toujours. Je t'aime toi qui m'aimes tant. J'ai toujours le son de ta voix dans l'oreille et, sur mes lèvres, souvent, l'impression de tes douces lèvres.
L'évidence vous aveugle quand elle ne vous crève pas les yeux.
Je t'aime avec les restes de mon cœur que d'autres amours ont dévoré jusqu'au dernier fil.
Le pédantisme de la futilité m'exaspère. Bafouons le chic !
Critique : Toujours éminent. Le critique est censé tout connaître, tout savoir, avoir tout lu, tout vu. Quand il vous déplaît, l'appeler Aristarque, ou eunuque.
Commerce : Discuter pour savoir lequel est le plus noble, du commerce ou de l'industrie.
Chien : Spécialement créé pour sauver la vie à son maître. Le chien est l'ami de l'homme.
Le rôle de confident, s'il est honorable, n'est pas toujours amusant, ni le calomnié du reste.
On n'a que faire journellement des grandes vertus ni des beaux dévouements, le caractère est tout.
Le bonheur n'est pas de chercher le bonheur, mais d'éviter l'ennui.
Rien n'est sérieux en ce bas monde que le rire.
Candeur : Toujours adorable. On en est rempli ou on n'en a pas du tout.
La femme est encore plus belle quand un frisson d'amour la fait vibrer et trembler sous les baisers.
Baiser : Dire embrasser, plus décent. Doux larcin. Le baiser se dépose sur le front d'une jeune fille, la joue d'une maman, la main d'une jolie femme, le cou d'un enfant, les lèvres d'une maîtresse.
Tu pioches ? C'est un peu humiliant, le travail est ce qui rabaisse l'homme ! Les sots prétendent que c'est là sa gloire, mais pour moi, c'est bien le signe de la malédiction divine, la marque d'une décadence.
Heureux ceux qui ne doutent pas d'eux et qui allongent au courant de leur plume tout ce qui leur sort du cerveau ; moi j'hésite, je me trompe, je me dépite, j'ai peur.
Ce ne sont pas les grands malheurs qui sont à craindre dans la vie, mais les petits. J'ai plus peur de piqûres d'épingle que de coups de sabre, de même on n'a pas besoin à toute heure de dévouements et de sacrifices, mais il nous faut toujours de la part d'autrui des semblants d'amitié et d'affection, des attentions et des manières.
Rien ne se brise net dans le cœur ; les liens se dénouent d'eux-mêmes et ne se coupent pas ; l'arbre se pourrit sur pied et ne tombe pas en un seul jour.
Bataille : Toujours sanglante. Il y a toujours deux vainqueurs, le battant et le battu.
Ballons : Avec les ballons, on finira par aller dans la lune. On n'est pas près de les diriger.
Les plaisirs de la famille sont préférables aux plaisirs du monde, s'ils sont plus vertueux.
La somme de félicité départie à chacun de nous est mince, et quand nous en avons dépensé quelque peu, nous sommes tout moroses.
Il est triste de ne pouvoir aller où l'on veut quand la fortune toujours nous lie les pieds.
Le plus grand supplice que l'on puisse endurer est de vivre avec des gens qu'on n'aime pas.
Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie. Mais il y a des paix sereines qui l'imitent et qui sont supérieures peut-être.
Après ne pas vivre avec ceux qu'on aime, le plus grand supplice est de vivre avec ceux que l'on n'aime pas, c'est-à-dire avec plus des trois quarts du genre humain.
À mesure que je me détache des artistes, je m'enthousiasme davantage pour l'Art.
Chaque jour je m'aperçois du peu que j'ai et la profondeur de mon vide n'est égale qu'à la patience que je mets à le contempler.
Quand on cherche le plaisir on le trouve. Mais le bonheur, c'est un usurier qui vous fait rendre cent pour dix.
On ne meurt pas de malheur ; on en vit, ça engraisse.
La colère n'a pas de force, c'est un colosse dont les genoux chancellent et qui se blesse lui-même encore plus que les autres.
La vie doit être une éducation incessante, il faut tout apprendre depuis parler jusqu'à mourir.
La mélancolie est une volupté qu'on excite. Combien de gens s'enferment pour se faire plus triste, vont pleurer au bord du ruisseau, prennent de propos délibéré un livre sentimental. Nous nous bâtissons et nous débâtissons sans cesse.
C'est une chose étrange et curieuse à la fois, pour un homme de bon sens, l'art que les femmes déploient pour vous forcer à les tromper ; elles vous rendent hypocrites malgré vous, et puis elles vous accusent d'avoir menti, de les avoir trahies.
Ah ! la faim ! ce mot-là, ou plutôt cette chose-là, a fait les révolutions ; elle en fera bien d'autres !
La vue de la bûche qui brûle dans ma cheminée me fait autant de plaisir qu'un paysage.
Aimer, c'est s'unir avec un mélange de tendresse et de plaisir, se voir avec charme.
Ce ne sont pas les grands malheurs qui font le malheur, ni les grands bonheurs qui font le bonheur, mais c'est le tissu fin et imperceptible de mille circonstances banales, de mille détails ténus qui composent toute une vie de calme radieux, ou d'agitation infernale.
Le cœur de l'homme est encore plus variable que les saisons, tour à tour plus froid que l'hiver et plus brûlant que l'été. Si ses fleurs ne renaissent pas, ses neiges reviennent souvent par bourrasques lamentables ; ça tombe ! ça tombe ! ça couvre tout de blancheur et de tristesse, et quand le dégel arrive, c'est encore plus sale !
Mon cœur, où ont cuvé dans la solitude, les passions, les fantaisies et les rêves d'un autre monde, de sorte qu'il est maintenant bosselé et tordu comme de la vaisselle hors de service, et qu'on aura beau l'essuyer et le rincer, toujours il aura la froide odeur de tout ce qu'on y a mangé autrefois.
Il y a des gens qui ont le cœur tendre, et l'esprit dur.
L'amour, c'est un lit où l'on met son cœur pour le détendre.
Quand on s'aime, on peut passer dix ans sans se voir et sans en souffrir.
L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent. Et tous, vous n'aurez comme les autres que de l'ennui pendant votre vie, et une tombe après la mort, et la pourriture pour l'éternité.
Les anges de ma jeunesse deviennent des ménagères. Toutes mes anciennes étoiles se tournent en chandelles et ces beaux seins où se berçait mon âme vont bientôt ressembler à des citrouilles.
J'avais hier les poumons fatigués à force de humer les lilas, et ce soir sur la rivière, les poissons sautaient avec des folâtreries incroyables, comme des bourgeois invités à prendre un thé à la Préfecture.
Il faut que les phrases s'agitent dans un livre comme les feuilles dans une forêt, toutes dissemblables en leur ressemblance.
Qui a toujours était dans le brouillard aime le soleil.
Oui, tu as raison, bonne Muse, cessons de nous quereller, embrassons-nous, passons l'éponge sur tout cela. Aimons-nous chacun à notre manière, selon notre nature. Tâchons de ne pas nous faire souffrir réciproquement. Une affection quelconque est toujours un fardeau qu'on porte à deux. Que celui qui est plus petit se hausse pour que tout le poids ne lui tombe pas sur le nez ! Que celui qui est plus grand se baisse pour ne pas écraser son compagnon !
L'esprit sert à peu dans les arts, à empêcher l'enthousiasme et nier le génie, voilà tout.
J'ai toujours vécu sans distractions ; il m'en faudrait de grandes. Je suis né avec un tas de vices qui n'ont jamais mis le nez à la fenêtre. J'aime le vin ; je ne bois pas. Je suis joueur et je n'ai jamais touché une carte. La débauche me plaît et je vis comme un moine. Je suis mystique au fond et je ne crois à rien. Je suis mystique au fond, et je ne crois à rien.
À mesure que nous vivrons ensemble, ce sera comme une étreinte chaque jour plus complète.
As-tu quelquefois voulu être petit oiseau ? Nous volerions ensemble, ça doit être si doux de faire l'amour dans l'air ! les vents vous poussent, les nuages vous entourent.
Il y a des moments où l'on croit que l'avenir touche au ciel et qu'on va le prendre avec la main, – crac, une plaine, – un vallon qui descend, et l'on court toujours, emporté par soi-même, pour se briser le nez sur un caillou, s'enfoncer les pieds dans la merde ou tomber dans une fosse.
Ô l'avenir, horizon rose aux formes superbes, aux nuages d'or, où votre pensée vous caresse, où le coeur part en extase et qui, à mesure qu'on s'avance, comme l'horizon, recule, recule et s'en va !
La forme est la chair même de la pensée, comme la pensée est l'âme de la vie.
Pour garder sa conscience pure, mettez-la au-dessus de celles de tous les autres.
Lorsque de mauvaise foi on entonne l'éloge d'un homme médiocre, qu'attendre sinon une médiocrité ?
Un beau trait nous honore encore plus qu'un beau livre.