Les citations célèbres de Jean-Baptiste Say :
L'expérience du monde ne se compose pas du nombre de choses qu'on a vues, mais du nombre de choses sur lesquelles on a réfléchi : combien d'hommes, après de grands voyages et une longue vie, n'en sont pas plus avancés !
La guerre est une grande cause de famine, parce qu'elle nuit à la production, et gaspille les produits. Il dépendrait de l'homme d'écarter ce fléau ; mais on ne peut se flatter de voir les guerres plus rares, qu'autant que les gouvernants deviendront très éclairés sur leurs vrais intérêts, comme sur ceux du public, et que les peuples n'auront plus l'imbécillité d'attacher de la gloire à des dangers courus sans nécessité.
La fermeté de caractère, quand elle se trouve jointe à la faculté de généraliser, fait les hommes supérieurs : ceux-là savent penser, et en même temps ils savent agir.
Les seuls amis solides sont ceux qu'on acquiert par des qualités solides ; les autres sont des convives, ou des compagnons, ou des complices.
Quand on est obligé de vivre avec les hommes, il faut prendre son parti de respecter beaucoup d'extravagances.
Il y a parmi les hommes une sorte de solidarité qui fait qu'on est fier quelquefois, et souvent honteux d'être de l'humanité.
La sincérité est la première des vertus, hélas ! on la trouve en fort peu de gens.
La masse d'une nation n'est jamais victime que de la fraude de ceux qui la gouvernent.
Quand les impôts sont excessifs, ils provoquent la fraude.
Quand l'hypocrite se repent, c'est de n'avoir pas été assez hypocrite.
Honneur, l'un des sobriquets de la vanité : au pluriel c'est encore pis.
Entre un penseur et un érudit il y a la même différence qu'entre un livre et une table des matières.
Une des plus grandes preuves de médiocrité, c'est de ne pas savoir reconnaître la supériorité là où elle se trouve réellement.
Le vulgaire reçoit ses opinions toutes faites ; quand la fabrique est mauvaise, on les reçoit mauvaises.
La fermeté de caractère, jointe à la faculté de généraliser, fait les hommes supérieurs.
L'homme qui comprend une plaisanterie a de l'esprit.
Mieux vaut lire deux fois un bon ouvrage, qu'une fois un mauvais.
Il en est de la plaisanterie comme de la musique : un peu fait plaisir, quand elle est bonne ; davantage fatigue; et ces deux divertissements, trop prolongés, excèdent.
Une louange sans délicatesse répugne même celui qui en est l'objet.
Le style est à la pensée ce que la physionomie est à la figure.
L'exagération dans les discours révèle la faiblesse, comme le charlatanisme décèle l'ignorance.
La musique dépourvue de chant n'est que du bruit qu'on fait en mesure.
C'est d'échos en échos que la vérité descend sur le vulgaire.
La franchise est une des qualités qui déplaît le plus aux esprits médiocres.
Tout peut se dire ; seule la manière de s'y prendre fait tout passer.
Quand l'imposture règne, la simple vérité est séditieuse.
Les voleurs craignent les réverbères ; les usurpateurs et les tyrans les brisent.
En affaires, l'essentiel est de prendre un parti, quel qu'il soit.
Le cachet de la médiocrité, en tout genre, est de ne savoir pas se décider.
N'employez pas votre argent à acheter un repentir.
Nul ouvrage n'est moins utile qu'un livre qu'on ne lit pas.
En écrivant ne portons pas de ces jugements que la postérité puisse infirmer. Plus on a de mérite, et plus il faut y prendre garde : si votre nom doit rester, la tache restera. Boileau du fond de la tombe ne peut plus effacer ce qu'il a dit de Quinault. Il faut surtout se défier de l'entraînement de l'opinion dominante au moment qu'on écrit : elle exerce toujours plus ou moins d'influence sur notre manière de sentir ; excepté chez les esprits très élevés, et qui voient au loin.
Le travail de l'homme a pour bornes ses facultés et sa volonté.
Quel plus affreux métier que celui de la guerre ! et qui fait tout dépendre de la force !
Toute la morale est dans ce vieux proverbe : Qui mal veut, mal lui arrive.
Les bonnes institutions d'éducation sont des semences pour l'avenir.
Le bonheur est de posséder des facultés, et de les exercer avec succès.
Il y a des personnes que le Ciel a douées d'une affection vive, sincère et dévouée.
L'estime est contagieuse, ainsi que toutes les autres affections de l'âme.
Quand on sait aimer et plaire, qu'il est doux d'aimer nuit et jour.
La jeunesse aime qu'on l'amuse.
Le vulgaire, c'est-à-dire presque tout le monde, reçoit ses opinions toutes faites.
Aime pour qu'on t'aime.
Les âmes élevées se mettent à genoux devant le mérite ; les âmes communes, devant le succès.
Les mauvais gouvernements sont enduits d'une espèce de glu à laquelle viennent s'attacher l'avidité, la délation, le mauvais sens, tous les vices.
L'ambition, comme la colère, conseille presque toujours mal.
Le temps éclaircit bien des questions, mais que d'opinions deviennent problématiques avec l'âge !
La vieillesse est la mère du doute.
La bonne compagnie a un mérite incontestable : c'est qu'elle vaut mieux que la mauvaise.
Il est bon de songer à soi : il est odieux de ne songer qu'à soi.
Aux yeux des courtisans une grande fortune compense la bassesse de l'extraction, l'absence de toute éducation et de toute délicatesse.
Pourquoi les arrêts de la postérité sont-ils presque toujours justes ? Les hommes à venir auront-ils un meilleur jugement que les hommes de ce temps ? Probablement non. Mais ils seront désintéressés dans nos affaires ; ils auront notre instruction et nos idées, et les leurs par-dessus. Ils seront plus âgés et plus expérimentés que nous qui le sommes plus que nos ancêtres ; car ce ne sont pas les Grecs et les Romains qui sont à présent les anciens, les vieillards : c'est nous autres. Enfin la postérité a l'immense avantage de juger après l'événement qui ne se trompe jamais. Aussi l'homme qui prévoit le mieux l'issue de chaque affaire, juge-t-il comme la postérité.
Peu de gens sont en état de donner de bons conseils, et moins de gens encore sont en état d'en recevoir.
L'amour et l'objet aimé sont tout pour une femme qui aime.