Qui fait gratuitement du mal aux autres est un infirme.
La justice, c'est l'injustice équitablement partagée.
Se corriger, en littérature, c'est presque toujours soustraire ; en morale aussi.
Grande preuve d'amour, qu'après les brûlures de la volupté, on y savoure la chaleur de la tendresse.
La tendresse, c'est le désir qui dort, mais d'un œil.
L'habitude use les amours, renforce l'amour.
Un sage ne se manifeste vraiment que dans la pleine possession de ses forces.
Les idées ne mènent pas le monde : ce sont quelques hommes entre les mains de qui elles sont des armes.
Souffrir par l'abandon d'une femme, mes larmes coulent encore.
L'affreux chagrin qui vous désarme s'il ne trouve à verser qu'un pleur, c'est l'océan dans une larme.
La poussière, qui couvre la tête de chacun des livres de ma bibliothèque, n'est enlevée que par moi, d'un souffle, quand je dérange l'un d'eux, dont j'ai besoin. L'absence de cette poussière, ou les différentes épaisseurs de sa couche, selon les auteurs et les titres, témoignent assez justement de mes goûts, de mon savoir, de mes lacunes, de mes ferveurs et de mon mépris.
Cela m'est égal que d'autres aient écrit avant moi ce que je suis en train d'écrire, car c'est à la vie et non dans les livres que je prends mon bien.
Si le style ne vous a pas été donné sans qu'il y ait eu pour vous de problème, c'est un travail long et difficile que de résoudre le problème du style. Mais la plupart de ceux qui écrivent n'en savent rien.
J'aime à faire des réussites avec les mots.
J'aime assez que le cœur dicte, que l'imagination écrive et que l'esprit corrige.
Ce qui me charme le plus, en rouvrant les Pensées de Goethe, ce sont les feuilles et les petites fleurs des bois desséchées que j'avais mises un jour entre leurs pages.
Bien penser, c'est d'abord bien écrire, et l'acquisition préalable de cet outil, qu'est le style, est le seul moyen de pouvoir défricher ensuite les étendues de notre cerveau.
Je suis, tu es, il est, nous sommes tous des vaniteux, et sans vanité, la vie fade.
Il y a des sots si divertissants que leur compagnie m'enchante. Mais quand la sottise est drôle, pourquoi ne pas la considérer comme une façon tout involontaire d'avoir de l'esprit ?
Le bégueulisme des gens, même cultivés, est increvable.
L'amour-propre ne choisit pas entre l'orgueil et la vanité, il s'habille à sa taille.
D'un certain âge, qui vient vite, la vieillesse c'est l'âge qu'on n'a pas encore.
L'ami, le seul, est celui avec qui l'on pourrait vivre comme avec une femme.
Il y a les femmes avec qui on fait l'amour, et celles avec qui l'on en parle.
Je vous aime : que vous me plaisez ! vous m'avez déplu.
La vie est une lutte, plus ou moins déguisée, où le plus habile est celui qui sait lutter.
Emotionner coïncide avec notre impuissance à nous laisser émouvoir.
Je préfère passer à côté de mon temps que de moi.
L'illusion du vers, bon ou mauvais, est telle, qu'à travers un sonnet la vie est toujours belle.
Religion : Le dernier refuge de l'amour de soi.
Si les anges étaient sexués, je me croirais l'un, tant me plaît faire l'amour sur de célestes musiques.
Quand on est vieux, il faut en faire plus que lorsqu'on était jeune.
Le regard froid me fait horreur : j'aime ce qui brûle.
Qui j'aime ne m'ennuie jamais, ni je ne m'ennuie avec elle.
Un vice unique, père de mes vertus : l'égoïsme.
Les plus grands égoïstes suscitent les plus grands dévouements.
Un pessimisme n'est jamais déçu.
Ne pas vouloir tout aimer et savoir aimer vraiment ce qu'on aime : Cela, qui paraît facile, ne s'obtient de soi que par force.
Ceux qui ne pleurent jamais sont pleins de larmes.
Aimer son prochain comme soi-même est le commandement unique de l'amour.
Les mots sont dociles à qui les aime.
Un moine est l'étalon de la chasteté.
Toutes nos erreurs viennent de nos souvenirs.
Les gens de mon âge me paraissent plus âgés que moi.
L'amour est pour le cœur comme les parfums, les fards et les parures pour le corps.
Espérer c'est jouir.
La famille est un archipel.
La poésie vaut infiniment mieux que la réalité.
Feindre de croire un mensonge est un mensonge exquis.
L'amour qui ne rend pas meilleur est maudit.
L'oubli vaut mieux que le souvenir.
Reluire, en argot, c'est jouir
L'amour et la guerre s'apprennent mieux sur le terrain que dans les livres.
Je t'aime avec passion, je t'aime avec délire.
On pardonne la médiocrité aux livres utiles. Inutiles, ils nous doivent d'être admirables.
— Ah ! je t'aime ! — Moi aussi, je m'aime.
La femme laide s'ingénie à se le faire pardonner après l'extinction des lampes.
Supériorité, pour une femme, que de savoir rougir sans avoir honte et, pour un homme, honte sans rougir.
Une femme vous stimule doublement : on désire réussir pour elle, il faut y parvenir contre elle.
J'aime les prêtres, avec les médecins, ce sont les hommes qui en savent le plus sur l'homme.
Toutes les sottises sur l'homme viennent d'esprits qui n'ont pas su regarder un homme, oubliant que l'unité est la cellule vivante du nombre.
L'individu s'excuse sur la société, la société sur l'homme, l'homme sur sa nature, la nature sur Dieu qui, selon Stendhal, a l'excuse de n'être pas.
La femme n'a d'extase vraie que dans l'amour
L'amour est le piment de l'amour, et rien mieux que le cœur ne corse la volupté.
Les livres présument que la pensée siège dans le cerveau, la vie prouve que l'homme pense avec ses autres viscères.
Les faits imaginaires eux-mêmes sont des faits, peut-être les plus efficaces.
Le bonheur des autres fait toujours pitié quand on est heureux soi-même.
L'évidence est une illusion irréfutable.
Rien n'exprime plus fortement une pensée qu'on n'attendait pas que les mots les plus attendus.