Jadis l'homme vivait au travail occupé ; et, ne trompant jamais n'était jamais trompé.
Mon coeur, exempt de soins, libre de passion, sait donner une borne à son ambition.
Sans cesse on prend le masque, et quittant la nature, on craint de se montrer sous sa propre figure.
Avant qu'à nos erreurs le ciel nous abandonne, profitons de l'instant que de grâce il nous donne.
Un dévot aux yeux creux, et d'abstinence blême, s'il n'a point le cœur juste, est affreux devant Dieu.
Le monde, à mon avis, est comme un grand théâtre où chacun en public, l'un par l'autre abusé, souvent à ce qu'il est joue un rôle opposé.
Un poème insipide et sottement flatteur déshonore à la fois le héros et l'auteur.
L'animal le plus fier qu'enfante la nature dans un autre animal respecte sa figure ; l'homme seul, en sa fureur extrême, met un plaisir brutal à s'égorger soi-même.
L'ambition, l'amour, l'avarice, la haine, tiennent, comme un forçat, notre esprit à la chaîne.
Jamais, quoi qu'il fasse, un mortel ici-bas ne peut aux yeux du monde être ce qu'il n'est pas.
Dans le monde il n'est rien de beau que l'équité ; sans elle la valeur, la force, la bonté, et toutes les vertus dont s'éblouit la terre, ne sont que faux brillants.
Un sot, en écrivant, fait tout avec plaisir, il n'a point en ses vers l'embarras de choisir.
Quelques vains lauriers que promette la guerre, un peut être héros sans ravager la terre.
L'homme a, comme la mer, ses flots et ses caprices ; mais ses moindres vertus balancent tous ses vices.
Dans ses prétentions une femme est sans borne.
Qu'est-ce que la sagesse ? Une égalité d'âme que rien ne peut troubler.
Il vaut mieux souffrir son secret que de le dévoiler.
Dans le crime, il suffit qu'une fois on débute ; une chute toujours attire une autre chute.
L'esprit lasse aisément si le cœur n'est sincère.
La parfaite alliance de l'art et de la nature fait la souveraine perfection du sublime.
Gardez-vous de cet esprit critique ; on ne sait bien souvent quelle mouche le pique.
La mollesse amène la fausse vanité.
L'homme, sans arrêt dans sa course insensée, voltige incessamment de pensée en pensée ; son coeur, flottant entre mille embarras, ne sait ni ce qu'il veut ni ce qu'il ne veut pas.
Un pédant, enivré de sa vaine science, n'a souvent fait qu'un sot.
La soif de commander enfanta les tyrans.
Le seul bonheur solide est de prendre toujours la vérité pour guide.
Une femme en doux amusements sait du temps qui s'envole employer les moments.
Hâtons-nous de vivre pleinement, le temps fuit, et nous entraîne avec lui.
L'équivoque est la mère de la plupart de nos sottises.
Chacun cherche pour plaire un visage emprunté.
Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant.
La simplicité plaît sans étude et sans art.
Un cœur noble est content de ce qu'il trouve en lui, et ne s'applaudit point des qualités d'autrui.
Tout flatteur endort au son de ses paroles.
Tout éloge imposteur blesse une âme sincère.
La pédante est celle qui parle, et jamais ne dit rien.
Qui toujours parle, et ne dis jamais rien ; il en est des milliers, dont ma bouche se lasse.
En des fureurs que les plaintes aigrissent, des femmes battent leurs enfants en l'époux qu'elles haïssent.
Qui veut, vingt ans après le sacrement, exiger d'un mari le respect d'un amant ?
Qui t'aime le matin, te hait le soir.
On ne peut toujours travailler, prier, lire ; mais mieux vaut s'occuper à jouer qu'à médire.
Tous les vers sont bons, pourvu qu'ils soient nouveaux.
Combien n'a-t-on point vu de belles aux doux yeux, avant le mariage anges si gracieux, tout à coup se changeant en bourgeoises sauvages, vrais démons apporter l'enfer dans leurs ménages.
Il n'est point de repos, ni de paix, avec une coquette.
Adultère - D'un doux accueil ; l'un est payé d'un mot, l'autre d'un clin d'œil !
Quelle joie de s'entendre appeler petit cœur, ou mon bon ! de voir autour de soi croître dans sa maison, sous les paisibles lois d'une agréable mère, de petits citoyens dont on croît être le père !
L'honneur est comme une île escarpée et sans bords ; on n'y peut plus y rentrer dès qu'on en est dehors.
L'homme en ses passions toujours errant sans guide, a besoin qu'on lui mette et le mors et la bride. Son pouvoir malheureux ne sert qu'à le gêner, et pour le rendre libre, il le faut enchaîner.
Ainsi que ses chagrins l'hymen a ses plaisirs ; quelle joie, quelle douceur extrême, de se voir caressé d'une épouse qu'on aime !
Le plus fou souvent est le plus satisfait.
Souvent de tous nos maux la raison est le pire.
Chacun pour soi-même est toujours trop indulgent.
Tous les hommes sont fous, et malgré tous leurs soins, ne diffèrent entre eux que du plus ou du moins.
L'homme le moins sage croit toujours avoir la sagesse.
Le plus sage est celui qui ne pense point l'être.
Hâtons-nous, le temps fuit, et nous traîne avec soi : le moment où je parle est déjà loin de moi.
La vertu se contente, et vit à peu de frais.
L'argent en honnête homme érige un scélérat ; l'argent seul au palais peut faire un magistrat.
C'est l'erreur que je fuis, c'est la vertu que j'aime.
Qui vit content de peu, possède toute chose. Mais sans cesse ignorants de nos propres besoins, nous demandons au ciel ce qu'il nous faut le moins.
À soi-même incommode, l'homme change à tout moment d'esprit comme de mode.
L'or même à la laideur donne un teint de beauté ; mais tout devient affreux avec la pauvreté.
Quiconque est riche est tout ; sans sagesse, il est sage.
L'homme, il va du blanc au noir, il condamne au matin ses sentiments du soir.
Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme.
Un discours trop sincère aisément nous outrage.
Le mal qu'on dit d'autrui ne produit que du mal.
C'est un méchant métier que celui de médire.
Il faut avec les grands un peu de retenue.
L'ignorance vaut mieux qu'un savoir affecté.
Le mérite en repos s'endort dans la paresse.
Quand un homme est riche, il vaut toujours son prix.
Heureux est le mortel qui, du monde ignoré, vit content de soi-même en un coin retiré.
L'argent, l'argent, dit-on ; sans lui tout est stérile. La vertu, sans l'argent, n'est qu'un meuble inutile.
N'imite point ces fous dont la sotte avarice va de ses revenus engraisser la justice ; qui toujours assignant, et toujours assignés, souvent demeurent gueux, de vingt procès gagnés.
Pour paraître honnête homme, en un mot, il faut l'être.
Mon cœur, toujours conduisant mon esprit, ne dit rien aux lecteurs qu'à soi-même il n'ait dit.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable : il doit régner partout.