La pitié n'est souvent qu'un remords de la dureté.
Il n'y a rien au monde qui vaille mieux qu'un bon somme.
L'habitude d'être seul rend maussade.
En amour on finit toujours par y voir trop clair.
Ô mon premier amour ! combien il m'en coûta !
Avant de donner son cœur, on ne ferait pas mal d'y regarder à deux fois.
L'habitude du malheur finit par rendre ingénieux à s'en consoler.
Mieux vaut la dure vérité que le plus doux des mensonges.
Il en est des plaies du cœur comme de celles du corps : Quand elles ont été profondes, elles se ferment quelquefois, mais elles se rouvrent toujours.
Ce qui fait le succès des diseurs de bonne aventure, c'est qu'il y a beaucoup de malheureux.
On ne saurait être bien où l'on est quand on pourrait être mieux ailleurs.
La jalousie rend féroce quand elle est impuissante.
Le plus grand bonheur de l'amour, c'est d'aimer.
S'il est triste d'être pauvre, il l'est encore plus de le paraître.
Où l'homme n'est plus, la nature reprend ses droits.
Quand on a une fois goûté de la louange, on en vient à l'aimer, si peu qu'on la mérite, ou si peu qu'elle vaille et qu'on l'estime.
Vie errante est chose enivrante.
Il faut vivre quand on peut être bon à quelque chose sur la terre.
On ne fait pas ce qu'on veut, on fait ce qu'on peut.
S'agiter n'est pas avancer.
On parle souvent de choses qui ne dénotent point qu'elles sont intéressantes, mais montrent le désœuvrement des parleurs.
Le temps ne coûte rien, mais bien employé, il peut rapporter beaucoup.
La raison a presque toujours tort de vouloir commander à la force.
Le grand parleur est mû plutôt par la vanité que par tout autre sentiment.
Celui qui ne se détermine à agir que sur ce qu'en pourra dire le public est un homme méprisable, sans règle de conduite.
On est très embarrassé d'être obligé à un malhonnête homme.
La sagesse ne consiste pas à passer pour sage, mais à l'être sans paraître tel aux yeux du public.
Le présent appartient à l'âge mûr, l'avenir à la jeunesse, et le passé à tous les âges.
L'amour-propre accompagne l'ignorance ; le vrai savoir marche de pair avec la modestie.
Le patrimoine des sots est le revenu des intrigants.
L'ostentation louche et se précipite par vanité dans toutes sortes d'exagérations.
Si les hommes pouvaient se corriger de leur trop d'amour-propre, ils y gagneraient sous tous les rapports.
La vertu se dissipe à l'approche de l'amour, comme les brouillards devant le soleil.
Il est des hommes qui sont comme les porcs, il suffit de les gratter pour les faire se vautrer dans la fange.
L'enthousiasme patriotique est l'apanage de la jeunesse ; on ne trouve guère qu'égoïsme chez l'homme qui approche de la vieillesse.
L'amour est une passion qui souvent s'encanaille.
Si jamais le droit prend entièrement la place de la force, on verra commencer le siècle d'or.
Le pouvoir et le vouloir se disputent la souveraineté.
Les hommes font plus par imitation que par raison.
Celui qui agit avec trop de légèreté manque de jugement.
On aime à être dupe de son cœur, et non d'un tiers.
L'hypocrisie n'est en honneur que parce que les hommes veulent être trompés.
Qui a touché le fond ne peut descendre plus bas.
Les hommes se laissent prendre aux apparences : il est petit le nombre de ceux qui veulent pénétrer le fond des choses.
La civilisation chasse l'ignorance pour faire place à la raison, comme l'industrie détruit les ronces pour les remplacer par des moissons.
L'empressement que chacun met à faire adopter ses idées montre assez qu'il les croit préférables à celles des autres.
Il est des gens nés pour commander et d'autres pour obéir : la plupart de ces derniers se croyant faits pour diriger les autres, occasionnent des révolutions.
On voit souvent des boutades irréfléchies en barbe grise et de la prudence dans une jeunesse imberbe.
Un jeune menteur deviendra un vieil imposteur, et un jeune fripon un vieux coquin.
L'ignorance de la foule laisse le plus vaste champ possible aux faiseurs de nouveaux systèmes.
La pensée est en opposition avec la force qui est presque toujours brutale.
Chacun veut paraître désintéressé, mais s'y prend de manière à montrer de l'avarice plutôt que du désintéressement.
L'empressement que chacun met à vouloir parler montre assez qu'il pense que ce qu'il va dire vaut mieux que ce que peuvent dire les autres.
On s'attache aux biens de ce monde comme si on ne devait jamais les abandonner, et l'on meurt avant d'avoir été désabusé et convaincu que les richesses ne valent pas la peine qu'elles coûtent.
Le fourbe ne laisse échapper aucune occasion de nuire, et pour cela il a à sa disposition un caractère de caméléon.
L'homme qui, dans un poste élevé, a une volonté trop prononcée, s'expose souvent à commander des injustices et à se faire des ennemis.
Trop de méfiance finit par donner mauvaise opinion des méfiants.
Le despote est un être à trop courte vue pour voir autre chose que lui dans le monde.
Qui n'aime à avoir toujours quelque chose à désirer ? Le certain est le terme ; l'incertain est l'espérance, que l'imagination peut embellir à son gré. Le mystère a son charme.
Les gens faux croient toujours que personne n'est digne de confiance.
La passion du jeu est, comme toute passion forte, capable de tout.
L'homme à pensées fortes cherche à se détacher des objets extérieurs qui éblouissent la foule.
Il est parfois curieux de voir combien quelques hommes sont habiles à se créer de certains devoirs, dont ils trouvent mauvais de s'éloigner.
La philosophie semble s'éloigner de l'homme à mesure qu'il s'avance dans les grandeurs.
Il y a des esprits si singuliers qu'ils font des mystères des choses les plus indifférentes.
L'homme qui a de la fortune croit posséder des richesses, et ce sont elles qui le possèdent et ne lui laissent aucun repos.
La sottise s'entoure de toutes sortes de colifichets pour se faire remarquer ; le mérite réel, fort de lui-même, est modeste.
Celui qui a été brave une fois en sa vie est fort content de penser qu'on le regardera toujours comme tel.
La nature est toujours la même, il n'y a que les individus qui changent.
Dans la conduite ordinaire des hommes, il y a plus de déterminations irréfléchies que de démarches prudentes.
Tous les jours on demande à vieillir, et tous les jours on se plaint d'être vieux.
Ce qui manque le moins et ce qu'on a le plus, est la paresse.
Il y a des gens qui se croient très habiles, parce qu'ils se retranchent dans leurs faussetés et ne sauraient montrer de la franchise en rien.
Le bonheur des uns est parfois de voir les autres dans l'embarras.
Montrer à la première vue trop facilement et promptement de l'empressement pour toute chose est une marque de légèreté.
Un esprit faux ne trouve rien à son gré ; un esprit juste trouve, il est vrai, à redire à bien des choses : la différence entre l'un et l'autre n'est pas toujours facile à saisir.
L'offensé oublie ; mais le méchant ne pardonne jamais, aux autres, le mal qu'il leur a fait.
Les chefs-d'œuvre de génie font répandre des larmes de plaisir ; la douleur arrache des cris plaintifs.
La sottise est la chose du monde la plus incommode, et pour ceux qui en sont pourvus et pour ceux qui les approchent.
Peu d'hommes sont assez instruits pour n'être pas ombrageux du savoir des autres.
Le peuple juge d'après l'apparence : il ne peut guère faire autrement ; voilà pourquoi il fait plus de cas d'un richard que d'un savant.
Il est rare de voir un personnage éminent jouir constamment de l'estime publique.
L'homme le plus malin finit toujours par être trompé par plus malin que lui.
Il est des gens qui, n'étant pas assez occupés du présent, vont chercher dans le passé de quoi vivre dans l'avenir.
Que les filles sont donc ennuyeuses !
Si l'amour était sur la terre, nous serions tous parfaits.
Pour vous aimer, attendez que vous ayez cessé d'être parjures, perfides, égoïstes.
L'amour est brave, il est glorieux, et il n'est en un mot que là où est la liberté.
Il faut être aussi petit que l'est un homme pour qu'il soit pardonné d'associer la haine à l'amour.
L'amour, c'est la perfection.
Si vous voulez persuader une femme, mettez la raison à la porte, faites entrer la folie, et déraisonnez tant qu'elle voudra.
Homme affamé n'a point d'entrailles.
Une égalité de caractère dénote un esprit bien fait.
L'amour est un enfant, il veut des cœurs jeunes comme lui.
Ôter la pudeur des relations amoureuses, c'est en ôter l'amour même.
Les femmes font trop d'heureux pour ne pas faire des ingrats.
L'amour n'est si bon que parce qu'au fond il est un peu bête, il nous simplifie.
La monotonie, l'immobilité sont mortelles à l'amour ; la variété est nécessaire à cette flamme active.
Hélas ! nous ne sommes pas même de force à nous aimer !
Qu'est-ce que nous sommes, si nous ne sommes pas de même force à nous aimer ?