Trop de méfiance finit par donner mauvaise opinion des méfiants.
Le despote est un être à trop courte vue pour voir autre chose que lui dans le monde.
Qui n'aime à avoir toujours quelque chose à désirer ? Le certain est le terme ; l'incertain est l'espérance, que l'imagination peut embellir à son gré. Le mystère a son charme.
Les gens faux croient toujours que personne n'est digne de confiance.
La passion du jeu est, comme toute passion forte, capable de tout.
Quand un grand diseur de riens trouve quelqu'un qui l'écoute, il s'amuse beaucoup à conter ses histoires, parce qu'il s'imagine faire plaisir aux écouteurs, et ne s'aperçoit pas que ce n'est qu'à lui seul qu'il est agréable.
Les hommes qui ne se voient qu'un instant sont généralement portés à avoir bonne opinion les uns des autres ; ils louent les autres pour être loués à leur tour. C'est le beau côté de la société.
L'homme à pensées fortes cherche à se détacher des objets extérieurs qui éblouissent la foule.
Il est parfois curieux de voir combien quelques hommes sont habiles à se créer de certains devoirs, dont ils trouvent mauvais de s'éloigner.
La philosophie semble s'éloigner de l'homme à mesure qu'il s'avance dans les grandeurs.
Le vrai philosophe ne se trouve guère que dans une position médiocre ; quand on est en vue. Dans un poste élevé, on n'est plus chez soi, et adieu la philosophie : elle fuit le train du monde.
L'homme qui a de la fortune croit posséder des richesses, et ce sont elles qui le possèdent et ne lui laissent aucun repos.
La sottise s'entoure de toutes sortes de colifichets pour se faire remarquer ; le mérite réel, fort de lui-même, est modeste.
Celui qui a été brave une fois en sa vie est fort content de penser qu'on le regardera toujours comme tel.
La nature est toujours la même, il n'y a que les individus qui changent.
Dans la conduite ordinaire des hommes, il y a plus de déterminations irréfléchies que de démarches prudentes.
On est plus enclin à la critique malicieuse qu'à l'indulgence.
Tous les jours on demande à vieillir, et tous les jours on se plaint d'être vieux.
Ce qui manque le moins et ce qu'on a le plus, est la paresse.
Il y a des gens qui se croient très habiles, parce qu'ils se retranchent dans leurs faussetés et ne sauraient montrer de la franchise en rien.
Le bonheur des uns est parfois de voir les autres dans l'embarras.
Ce qu'il y a de bon dans l'instruction, c'est qu'elle laisse toujours quelque chose à désirer. S'il y avait un point de savoir tout, et où il ne fût plus permis d'apprendre, on n'en serait pas plus satisfait que de l'ignorance.
Montrer à la première vue trop facilement et promptement de l'empressement pour toute chose est une marque de légèreté.
Un esprit faux ne trouve rien à son gré ; un esprit juste trouve, il est vrai, à redire à bien des choses : la différence entre l'un et l'autre n'est pas toujours facile à saisir.
Il y a des gens qui disent toujours qu'ils savent telles et telles choses ; je les trouve heureux, travaillant depuis longtemps, sans avoir rien pu apprendre de sûr, si ce n'est que je sais que je ne sais rien, comme disait Socrate.
Tout dans la nature périt ; et les corps en décomposition servent de nourriture à d'autres êtres vivants. Il en est à peu près de même de l'intelligence : on vit plus de l'esprit des autres que du sien. L'homme est trop faible ou trop peu sûr de lui-même pour n'avoir pas besoin de l'appui de ses semblables. C'est au physique comme au moral.
On préfère un livre riche en idées à un autre où il n'y a qu'un arrangement harmonieux de mots ; ces deux choses réunies constituent la perfection.
L'offensé oublie ; mais le méchant ne pardonne jamais, aux autres, le mal qu'il leur a fait.
Le monde marche d'après des règles et des usages établis de longue main ; en sorte que les gouvernants qui font tout mouvoir, s'imaginent que c'est leur génie qui met tout en action, et ne songent pas que tout a été réglé sans eux et marchera également sans eux.
Les chefs-d'œuvre de génie font répandre des larmes de plaisir ; la douleur arrache des cris plaintifs.
La sottise est la chose du monde la plus incommode, et pour ceux qui en sont pourvus et pour ceux qui les approchent.
L'instruction est pour tous, mais tous ne peuvent parvenir aux postes auxquels l'éducation donne droit de prétendre. La position sociale de chacun et la faveur font plus que le savoir ; aussi ceux qui ne parviennent à rien, de dépit travaillent-ils à embarrasser les heureux pensionnés. La vertu seule devrait être récompensée.
Tout pour nous et nos sociétaires : voilà l'esprit de toute société particulière. Et on est à se demander comment des gens à vues larges, avec des idées grandes et généreuses, peuvent se fourrer dans de pareils guêpiers. C'est beaucoup gagner sur la vie, que de s'aider de l'expérience des autres.
Si vous voulez persuader une femme, mettez la raison à la porte, faites entrer la folie, et déraisonnez tant qu'elle voudra.
Homme affamé n'a point d'entrailles.
L'amour est un enfant, il veut des cœurs jeunes comme lui.
La bouche des femmes ment avant leurs yeux. Mais, quand les yeux s'en mêlent, ils vont bien. Comme la patte des chats, ils sont moitié velours et moitié griffes, et peuvent caresser et égratigner à la fois.
Une femme a toujours tort d'irriter la colère d'un homme. Le plus faible, à force de secouer sa chaîne, finit par la rompre.
Quand une femme qui peut encore être compromise vous donne son portrait, cela veut dire qu'elle vous le prête. Soyez assuré qu'elle vous le redemandera le jour où elle vous reprendra l'original.
La patience se moque du temps.
La naïveté n'est qu'une qualité relative dans les femmes, car elle n'exclut chez elles aucun défaut. Il est telle femme, vicieuse et naïve à la fois, dont sa naïveté même fait un monstre. Elle a le bénéfice de ses vices sans en avoir la conscience et fait ainsi le mal avec enjouement. Une femme naïve et mauvaise n'est donc pas seulement une méchante femme, c'est un être pervers, elle a l'ingénuité du vice, et le vice de l'ingénuité.
Une femme laide est un être si malheureux, que je n'ai jamais pu considérer les bonnes sans attendrissement et les méchantes sans pitié.
La femme jalouse est l'ennemie du talent, de la gloire, de l'honneur et du bonheur de l'homme qu'elle aime ; elle est l'ennemie de sa vie même, car sa mort seule peut la rassurer.
L'indifférence qui succède à l'amour dans le cœur d'une femme, est presque toujours sans appel. L'homme qu'une femme a cessé d'aimer ne devient pas seulement pour elle un étranger, un inconnu, c'est un mort dont elle aurait toujours ignoré l'existence.
Il y a des hommes que fait souffrir la présence d'une femme autrefois aimée ; ils fuient ce souvenir d'un passé disparu, il leur serait douloureux de se retrouver sans nécessité devant un témoin de leur propre fragilité. Peu de femmes ont cette délicatesse. Quand elles sont assurées qu'elles ont eu affaire à un galant homme, à un homme discret, elles ne feraient point un pas pour l'éviter. Il semble que le présent ait toujours le droit de les absorber complètement.
Les femmes sont superstitieuses ou incrédules.
L'imprévoyance est un des défauts les plus caractérisés des femmes. La cigale de la fable en remontrerait à la plupart d'entre elles en ce qui concerne la prévision de l'avenir. Tout entières aux soins du présent, il est leur seul souci. Les plus avides, celles dont la rencontre est pour leur prochain tout aussi dangereuse que celle d'une bande de voleurs, qui s'abattent sur la fortune d'un homme comme des sauterelles sur un champ, comme l'oiseau de proie sur un cadavre, celles-là mêmes, celles-là surtout n'ont aucune prévoyance du lendemain. Les plus illustres parmi ces détrousseuses de grand chemin, après avoir tenu des fortunes dans leurs mains, meurent sur la paille ou à l'hôpital. La fourmi est à l'état d'infime exception parmi elles. Est-ce une loi de la Providence qui veut que le bien mal acquis ne profite pas ?
Hélas ! Quel est le devoir qu'on n'a pas renié pour une femme ? Quel est le parjure qui n'est pas sorti d'une poitrine humaine pour une femme ? Quel est le crime que la folie de l'homme n'a pas commis pour une femme ? À quoi une femme n'a-t-elle pas été préférée ? Combien en est-il qui ont vu à leurs pieds, sous leurs pieds, les dons de la jeunesse, les richesses de l'âge mûr et la dignité même de la vieillesse, et qui, au lieu de les relever d'une main confuse et attendrie, les y ont ingénument laissés, faisant sans remords litière de tous ces biens perdus !
L'honneur de certaines femmes est, dit-on, un Argus qui s'endort aisément à l'aide d'un peu d'encens, et mieux encore avec une bonne infusion de poudre d'or.
Il n'y a pas de milieu entre l'amour et la haine d'une femme.
Les femmes ont la vie dure. Elles meurent d'amour, elles meurent de chagrin, on les tue, elles se tuent, et elles en guérissent.
Le moine et la femme sont les deux griffes du diable.
Défie-toi de la froideur des femmes, il n'y a rien qui fonde plus vite que la glace.
Il y a des femmes froides, il n'en est pas d'incombustibles.
Le bonheur des trois quarts des hommes se fait de la fausseté des femmes.
Quoi de plus fort qu'une faible femme !
Une campagne suffit pour faire d'une ingénue un général expérimenté.
L'esprit des femmes a toutes sortes de rapports avec le diamant. Il est fin, il est précieux ; il a mille feux, mille étincelles ; il a des facettes qui rayonnent dans toutes les directions ; il éblouit enfin et se trahit même dans l'ombre dès que la plus petite ouverture lui est faite. Il ne peut pas rester dans un tiroir, il faut qu'il se montre, et c'est cette nécessité où il semble être de se faire voir qui explique la plupart des sottises célèbres qu'ont pu faire et dire les femmes d'esprit de tous les temps, depuis Eve et Pandore, qui n'étaient sottes ni l'une ni l'autre assurément.
Le roc est moins dur que la femme sans cœur.
Une femme se donne à vous tout entière, et vous dupe.
Une femme voit tout, même ce qu'elle ne regarde pas. Il n'y a pas de femmes distraites.
Le dédain des femmes ressemble souvent à celui du renard pour les raisins.
Il n'y aurait pas grand mal à aimer un peu trop les femmes en général. Le vrai danger, c'est qu'on en vient toujours à en préférer une.
Ceux qui n'ont d'esprit que pour être méchants ne conçoivent pas qu'on puisse être bon sans être bête.
Le lierre ne s'attache pas plus fortement à l'ormeau qu'une femme à l'amant sur lequel on la contrarie.
Rien de plus curieux à observer que l'attention à la fois inquiète et patiente avec laquelle la femme laide se fait le témoin, le confident, le complice, le complaisant d'abord, et puis bientôt l'inquisiteur impitoyable et le tyran de la jolie femme qui a commis la faute de se mettre dans sa main.
Toutes les femmes sont très charitables, il n'en est pas une qui ne prenne volontiers cent francs à son mari pour donner dix francs aux pauvres.
La femme boudeuse est un cigare qui, au lieu de brûler, se charbonne.
Il pleut dans la maison de la femme boudeuse. Tout est vapeur froide et humidité autour d'elle.
L'humeur d'une femme qui boude est comme l'eau dans les commencements de gelée, quand la glace est assez forte pour arrêter la navigation d'un fleuve, et pas assez pour porter.
Je crois fermement que, si l'on aimait une bossue, on ne verrait pas sa bosse, cette bosse fût-elle grosse comme une montagne. Et l'on demande pourquoi l'amour a un bandeau !
Les femmes à qui poussent des moustaches commencent par en rire, mais elles finissent par en pleurer.
Une femme qui n'est que coupable, et non corrompue, doit, entre son amant et son mari, éprouver alternativement de l'aversion pour l'un et pour l'autre.
Les femmes, ces femmes si légères en apparence, ont un tel empire sur elles-mêmes, qu'il en est qui sont parvenues à cacher à leur mari pendant toute sa vie l'aversion qu'il leur inspirait. Effort sublime ou perversité profonde, suivant que cette dissimulation avait une bonne ou une mauvaise cause.
L'amour platonique n'est que le commencement, que l'exorde de l'amour. Le platonisme se compose de la peur et du respect qu'inspire d'abord l'objet aimé.
L'amitié d'une femme pour un homme est souvent de l'amour qui ne se montre que de profil.
Les femmes qui ont beaucoup d'amis ont presque toujours eu beaucoup d'amants. Néanmoins, il est des femmes qui ont trouvé le secret, ayant eu beaucoup d'amants, de ne pas garder un ami : condamnez celles-là sans hésiter.
À l'instar de leur sainte patronne, les aimables Vénus de nos jours ont aussi le pigeon pour oiseau favori, seulement elles, les femmes, elles l'aiment à leur manière, elles le plument.
Où commence l'adultère ? Quel est le premier symptôme de l'infidélité ? Est-ce alors qu'une femme cherche à son mari des défauts qu'il n'a pas, ou quand elle découvre dans celui qui va être son rival des qualités qu'il n'aura jamais ?
Il est telle femme qui, dans une heure d'égarement, a oublié ses devoirs sans avoir pour cela cessé de les aimer, et qui trompe son mari en détestant son amant.
Une femme d'esprit peut aimer à être louée, une sotte seule peut supporter qu'on l'adule.
Les femmes ne savent pas tomber. Il en est peu qui restent grandes dans l'abaissement. En revanche, elles s'élèvent à merveille, et les plus humbles sont bientôt égales aux fortunes les plus inattendues.
On peut sans crainte abandonner aux femmes le soin de faire le succès des livres où leur sexe est maltraité. Ce n'est, de leur part, ni générosité, ni dédain. Ces sortes de livres ne sont jamais pour leurs lectrices que des miroirs où chacune ne voit que les défauts des autres.
Il y a plus de femmes sottes que de femmes bêtes.
La femme la plus bête, si elle n'est pas amoureuse, a toujours plus d'esprit que l'homme qui l'aime.
L'immodération de nos désirs nous éloigne autant du bonheur que l'indifférence sur les choses de ce monde peut nous en approcher.
Il y a dans l'affliction que montre la plupart du monde, plutôt un chagrin de convenance et selon l'opinion, qu'un effet naturel d'une peine réelle.
Dans la même journée on a souvent des pensées analogues, mais le lendemain on en a d'autres : la mobilité humaine est toujours en marche.
On peut tout dire à une femme d'esprit quand on sait parler et se taire.
Il faut mettre beaucoup d'esprit dans l'amour si on ne veut pas qu'il vous rende bête.
La pitié n'est souvent qu'un remords de la dureté.
Il n'y a rien au monde qui vaille mieux qu'un bon somme.
L'habitude d'être seul rend maussade.
En amour on finit toujours par y voir trop clair.
Ô mon premier amour ! combien il m'en coûta !
Avant de donner son cœur, on ne ferait pas mal d'y regarder à deux fois.
L'habitude du malheur finit par rendre ingénieux à s'en consoler.
Mieux vaut la dure vérité que le plus doux des mensonges.
Il en est des plaies du cœur comme de celles du corps : Quand elles ont été profondes, elles se ferment quelquefois, mais elles se rouvrent toujours.
Ce qui fait le succès des diseurs de bonne aventure, c'est qu'il y a beaucoup de malheureux.
On ne saurait être bien où l'on est quand on pourrait être mieux ailleurs.
La jalousie rend féroce quand elle est impuissante.
Le plus grand bonheur de l'amour, c'est d'aimer.
S'il est triste d'être pauvre, il l'est encore plus de le paraître.
Où l'homme n'est plus, la nature reprend ses droits.
Quand on a une fois goûté de la louange, on en vient à l'aimer, si peu qu'on la mérite, ou si peu qu'elle vaille et qu'on l'estime.
Vie errante est chose enivrante.
Il faut vivre quand on peut être bon à quelque chose sur la terre.
On ne fait pas ce qu'on veut, on fait ce qu'on peut.
S'agiter n'est pas avancer.
Que les filles sont donc ennuyeuses !
Si l'amour était sur la terre, nous serions tous parfaits.
Pour vous aimer, attendez que vous ayez cessé d'être parjures, perfides, égoïstes.
L'amour est brave, il est glorieux, et il n'est en un mot que là où est la liberté.
Il faut être aussi petit que l'est un homme pour qu'il soit pardonné d'associer la haine à l'amour.
L'amour est fort, l'amour est tout puissant, et ce qui est tout puissant est calme.
L'amour, c'est la perfection.
Une égalité de caractère dénote un esprit bien fait.
Ôter la pudeur des relations amoureuses, c'est en ôter l'amour même.
Les femmes font trop d'heureux pour ne pas faire des ingrats.
L'amour n'est si bon que parce qu'au fond il est un peu bête, il nous simplifie.
La monotonie, l'immobilité sont mortelles à l'amour ; la variété est nécessaire à cette flamme active.
Il est des torts qui tuent l'amour instantanément et irréparablement, devant ces torts, un cœur fier et délicat cesse de battre.
Hélas ! nous ne sommes pas même de force à nous aimer !
Qu'est-ce que nous sommes, si nous ne sommes pas de même force à nous aimer ?
Là où il y a une faute il n'y a pas de véritable amour, l'amour ne peut être que l'innocence.