Les 118 pensées et citations de Pierre-Jules Stahl :
Les chutes des femmes n'étonnent personne, il y a toujours quelqu'un qui les ramasse, ne fût-ce que pour les amener à l'hôpital !
On a grand tort de s'étonner que les maris aiment presque toujours les amants de leurs femmes. Quoi de plus complaisant, de plus officieux, de plus servile, de plus plat, d'ordinaire, que l'amant d'une femme dans ses rapports avec le mari qu'il trompe ? Ce dont il faut s'étonner, ce n'est donc pas du rôle que joue le mari, mais de celui que joue l'amant !
Pour moi, si j'étais un susceptible, et si j'avais le bon sens de me rendre compte de mon état et de mon défaut, j'irais chez un menuisier pour me faire raboter, chez un serrurier pour me faire limer, chez un chirurgien pour me faire amputer.
Le susceptible, c'est l'enfant gâté devenu homme et resté gâté. La gâterie d'un enfant a son excuse dans le trop grand amour des mères, mais la gâterie d'un homme n'a pas d'excuses ! Le susceptible qui n'a pas le courage de mettre le feu dans son mal est une incommodité, et probablement un danger public. On ne devrait pas laisser sortir son amour-propre sans muselière ; la circulation devrait lui être interdite, car il est tel cas, dont personne n'est coupable, où il peut devenir enragé.
La susceptibilité se loge rarement dans les grandes âmes, elle loge dans les petites.
L'amour est un feu qui vivifie, et non une flamme qui dévore.
Entre hommes et femmes, les amitiés désintéressées ne se font guère que des débris, que des restes de l'amour.
Les hommes donnent, prêtent, ou supposent tout à une jolie femme, même l'esprit qu'elle n'a pas. Ils ont raison : rien n'est plus choquant que la bêtise avérée d'une jolie figure.
Le mariage est le meilleur des maux.
Celui qui est habituellement content a l'esprit bien fait.
Si les amants ne soupirent plus, c'est la faute des femmes qui ne leur en laissent pas le temps.
Un très mauvais mari eût été quelquefois un amant parfait.
Le diable, fils du serpent, est le premier amant de toutes les femmes, depuis notre mère Eve.
La connaissance des hommes rend misanthrope ou indulgent.
Une femme vraiment orgueilleuse ne permet pas qu'on l'aime, elle supporte qu'on l'admire.
L'homme naît deux fois : c'est à la femme seule qu'il peut devoir sa seconde naissance, aussi bien que la première. La vie de l'âme après celle du corps. Malheur à qui ne rencontre pas sur sa route, à son entrée dans le monde, la sœur ou l'amie qui, en dehors même de l'amour, doit lui faire comprendre combien est grave et beau, ce rôle de second et de témoin qui appartient à la femme, dans ce combat de tous les jours que l'homme doit livrer à la vie. Faute de cette lumière, la meilleure part de son cœur restera dans les ténèbres, car celui-là n'est que la moitié de lui-même qui ne voit dans la femme qu'un instrument plus ou moins perfectible de distraction ou de plaisir.
Ah ! toutes les femmes sont nos mères. Elles savent tout, pour nous, dès que le feu sacré de la charité les embrase.
Quand on pense que des hommes, auxquels des êtres immaculés donneront toute leur âme, ont fait leur apprentissage d'aimer avec des femmes qui se vendent sans pudeur, ou se donnent sans mérite, c'est à désespérer du bonheur en ce monde.
Chez les femmes, la folie n'a pas d'âge, non plus que la raison. Elles sont ou folles ou sages dès le berceau.
La femme qu'on ne connaît pas est toujours belle.
La femme qui ne crie pas n'est point morte !
Pour bien juger de son tableau, il faut plus d'une fois lui tourner le dos. Pour bien juger de la commodité de son logis, il faut en sortir. Pour savoir par quels milliers de fils on tient à son pays, il faut, hélas ! qu'on les ait pu croire rompus et pour toujours ! De même, les gens qui ne se sont jamais quittés ne savent vraiment pas s'ils s'aiment. Si vous n'êtes pas de force à vous adorer de Paris à Saint-Pétersbour, qui peut répondre de la sûreté de vos amours ?
Toutes les femmes qui parlent trop haut ne sont pas des femmes d'esprit, mais il est clair qu'elles croient l'être. Si elles savaient qu'elles n'arrivent ainsi qu'à faire connaître leur sottise, elles se tairaient sans doute, et laisseraient l'illusion possible aux inconnus, à la cantonade dont le hasard les entoure et pour qui elles parlent, en réalité, bien plus que pour les personnes de leur compagnie.
Une femme qui a beaucoup d'esprit n'a presque jamais assez de cœur.
En amour, le présent seul existe à l'état de certitude.
Où est l'amour il n'y a point de nuages, point de douleurs.
Dans tout, l'homme suit plus ses fantaisies que la raison.
Bien des grands hommes laissent percer une infinité de petitesses, ce qui choque : on ne veut rien d'homme du commun en eux.
La petitesse d'esprit et l'insouciance rendent parfois philosophe, mais cette philosophie diffère bien de celle qui provient de la vertu.
Homme affamé n'a point d'entrailles.