L'amour est un feu qui vivifie, et non une flamme qui dévore.
Pierre-Jules Stahl ; Ce que c'est que l'amour (1853)
L'amour est un feu qui vivifie, et non une flamme qui dévore.
Entre hommes et femmes, les amitiés désintéressées ne se font guère que des débris, que des restes de l'amour.
Les hommes donnent, prêtent, ou supposent tout à une jolie femme, même l'esprit qu'elle n'a pas. Ils ont raison : rien n'est plus choquant que la bêtise avérée d'une jolie figure.
Le mariage est le meilleur des maux.
Celui qui est habituellement content a l'esprit bien fait.
Si les amants ne soupirent plus, c'est la faute des femmes qui ne leur en laissent pas le temps.
Un très mauvais mari eût été quelquefois un amant parfait.
Le diable, fils du serpent, est le premier amant de toutes les femmes, depuis notre mère Eve.
La connaissance des hommes rend misanthrope ou indulgent.
Une femme vraiment orgueilleuse ne permet pas qu'on l'aime, elle supporte qu'on l'admire.
L'homme naît deux fois : c'est à la femme seule qu'il peut devoir sa seconde naissance, aussi bien que la première. La vie de l'âme après celle du corps. Malheur à qui ne rencontre pas sur sa route, à son entrée dans le monde, la sœur ou l'amie qui, en dehors même de l'amour, doit lui faire comprendre combien est grave et beau, ce rôle de second et de témoin qui appartient à la femme, dans ce combat de tous les jours que l'homme doit livrer à la vie. Faute de cette lumière, la meilleure part de son cœur restera dans les ténèbres, car celui-là n'est que la moitié de lui-même qui ne voit dans la femme qu'un instrument plus ou moins perfectible de distraction ou de plaisir.
Ah ! toutes les femmes sont nos mères. Elles savent tout, pour nous, dès que le feu sacré de la charité les embrase.
Quand on pense que des hommes, auxquels des êtres immaculés donneront toute leur âme, ont fait leur apprentissage d'aimer avec des femmes qui se vendent sans pudeur, ou se donnent sans mérite, c'est à désespérer du bonheur en ce monde.
Chez les femmes, la folie n'a pas d'âge, non plus que la raison. Elles sont ou folles ou sages dès le berceau.
La femme qu'on ne connaît pas est toujours belle.
La femme qui ne crie pas n'est point morte !
Pour bien juger de son tableau, il faut plus d'une fois lui tourner le dos. Pour bien juger de la commodité de son logis, il faut en sortir. Pour savoir par quels milliers de fils on tient à son pays, il faut, hélas ! qu'on les ait pu croire rompus et pour toujours ! De même, les gens qui ne se sont jamais quittés ne savent vraiment pas s'ils s'aiment. Si vous n'êtes pas de force à vous adorer de Paris à Saint-Pétersbour, qui peut répondre de la sûreté de vos amours ?
Toutes les femmes qui parlent trop haut ne sont pas des femmes d'esprit, mais il est clair qu'elles croient l'être. Si elles savaient qu'elles n'arrivent ainsi qu'à faire connaître leur sottise, elles se tairaient sans doute, et laisseraient l'illusion possible aux inconnus, à la cantonade dont le hasard les entoure et pour qui elles parlent, en réalité, bien plus que pour les personnes de leur compagnie.
Une femme qui a beaucoup d'esprit n'a presque jamais assez de cœur.
En amour, le présent seul existe à l'état de certitude.
Où est l'amour il n'y a point de nuages, point de douleurs.
Dans tout, l'homme suit plus ses fantaisies que la raison.
Homme affamé n'a point d'entrailles.
L'amour est un enfant, il veut des cœurs jeunes comme lui.
Quand une femme qui peut encore être compromise vous donne son portrait, cela veut dire qu'elle vous le prête. Soyez assuré qu'elle vous le redemandera le jour où elle vous reprendra l'original.
La patience se moque du temps.
La naïveté n'est qu'une qualité relative dans les femmes, car elle n'exclut chez elles aucun défaut. Il est telle femme, vicieuse et naïve à la fois, dont sa naïveté même fait un monstre. Elle a le bénéfice de ses vices sans en avoir la conscience et fait ainsi le mal avec enjouement. Une femme naïve et mauvaise n'est donc pas seulement une méchante femme, c'est un être pervers, elle a l'ingénuité du vice, et le vice de l'ingénuité.
La femme jalouse est l'ennemie du talent, de la gloire, de l'honneur et du bonheur de l'homme qu'elle aime ; elle est l'ennemie de sa vie même, car sa mort seule peut la rassurer.
L'indifférence qui succède à l'amour dans le cœur d'une femme, est presque toujours sans appel. L'homme qu'une femme a cessé d'aimer ne devient pas seulement pour elle un étranger, un inconnu, c'est un mort dont elle aurait toujours ignoré l'existence.
Il y a des hommes que fait souffrir la présence d'une femme autrefois aimée ; ils fuient ce souvenir d'un passé disparu, il leur serait douloureux de se retrouver sans nécessité devant un témoin de leur propre fragilité. Peu de femmes ont cette délicatesse. Quand elles sont assurées qu'elles ont eu affaire à un galant homme, à un homme discret, elles ne feraient point un pas pour l'éviter. Il semble que le présent ait toujours le droit de les absorber complètement.