Les femmes sont nos mères, elles savent tout pour nous dès que le feu sacré de la charité les embrase.
Les femmes sont plus inconstantes, les hommes sont plus infidèles.
La femme la plus niaise, si elle n'est pas amoureuse, a toujours plus d'esprit que l'homme qui l'aime.
Il n'est pas impossible de trouver un cœur constant dans un corps infidèle.
Il n'est pas une femme fidèle qui ne soit fière de ne pas tromper son mari. La fidélité est donc un effort.
Être fidèle est, pour ainsi dire, même chose qu'être jaloux : par la jalousie, l'on demande la fidélité à autrui ; par la fidélité, l'on exerce la jalousie sur soi-même.
Les chutes des femmes n'étonnent personne, il y a toujours quelqu'un qui les ramasse, ne fût-ce que pour les amener à l'hôpital !
On a grand tort de s'étonner que les maris aiment presque toujours les amants de leurs femmes. Quoi de plus complaisant, de plus officieux, de plus servile, de plus plat, d'ordinaire, que l'amant d'une femme dans ses rapports avec le mari qu'il trompe ? Ce dont il faut s'étonner, ce n'est donc pas du rôle que joue le mari, mais de celui que joue l'amant !
Pour moi, si j'étais un susceptible, et si j'avais le bon sens de me rendre compte de mon état et de mon défaut, j'irais chez un menuisier pour me faire raboter, chez un serrurier pour me faire limer, chez un chirurgien pour me faire amputer.
Le susceptible, c'est l'enfant gâté devenu homme et resté gâté. La gâterie d'un enfant a son excuse dans le trop grand amour des mères, mais la gâterie d'un homme n'a pas d'excuses ! Le susceptible qui n'a pas le courage de mettre le feu dans son mal est une incommodité, et probablement un danger public. On ne devrait pas laisser sortir son amour-propre sans muselière ; la circulation devrait lui être interdite, car il est tel cas, dont personne n'est coupable, où il peut devenir enragé.
La susceptibilité se loge rarement dans les grandes âmes, elle loge dans les petites.
L'amour est un feu qui vivifie, et non une flamme qui dévore.
Entre hommes et femmes, les amitiés désintéressées ne se font guère que des débris, que des restes de l'amour.
Le mariage est le meilleur des maux.
Celui qui est habituellement content a l'esprit bien fait.
Si les amants ne soupirent plus, c'est la faute des femmes qui ne leur en laissent pas le temps.
Un très mauvais mari eût été quelquefois un amant parfait.
Le diable, fils du serpent, est le premier amant de toutes les femmes, depuis notre mère Eve.
La connaissance des hommes rend misanthrope ou indulgent.
Une femme vraiment orgueilleuse ne permet pas qu'on l'aime, elle supporte qu'on l'admire.
L'homme naît deux fois : c'est à la femme seule qu'il peut devoir sa seconde naissance, aussi bien que la première. La vie de l'âme après celle du corps. Malheur à qui ne rencontre pas sur sa route, à son entrée dans le monde, la sœur ou l'amie qui, en dehors même de l'amour, doit lui faire comprendre combien est grave et beau, ce rôle de second et de témoin qui appartient à la femme, dans ce combat de tous les jours que l'homme doit livrer à la vie. Faute de cette lumière, la meilleure part de son cœur restera dans les ténèbres, car celui-là n'est que la moitié de lui-même qui ne voit dans la femme qu'un instrument plus ou moins perfectible de distraction ou de plaisir.
Ah ! toutes les femmes sont nos mères. Elles savent tout, pour nous, dès que le feu sacré de la charité les embrase.
Quand on pense que des hommes, auxquels des êtres immaculés donneront toute leur âme, ont fait leur apprentissage d'aimer avec des femmes qui se vendent sans pudeur, ou se donnent sans mérite, c'est à désespérer du bonheur en ce monde.
Je comprends qu'une femme aime les militaires, tous les militaires, un régiment, une armée, car enfin, en fait de militaires, plus il y en a, plus c'est beau ; mais j'ai plus de peine à comprendre qu'elle en choisisse un, entre tous, pour le préférer.
Chez les femmes, la folie n'a pas d'âge, non plus que la raison. Elles sont ou folles ou sages dès le berceau.
La femme qu'on ne connaît pas est toujours belle.
La femme qui ne crie pas n'est point morte !
Pour bien juger de son tableau, il faut plus d'une fois lui tourner le dos. Pour bien juger de la commodité de son logis, il faut en sortir. Pour savoir par quels milliers de fils on tient à son pays, il faut, hélas ! qu'on les ait pu croire rompus et pour toujours ! De même, les gens qui ne se sont jamais quittés ne savent vraiment pas s'ils s'aiment. Si vous n'êtes pas de force à vous adorer de Paris à Saint-Pétersbour, qui peut répondre de la sûreté de vos amours ?
Toutes les femmes qui parlent trop haut ne sont pas des femmes d'esprit, mais il est clair qu'elles croient l'être. Si elles savaient qu'elles n'arrivent ainsi qu'à faire connaître leur sottise, elles se tairaient sans doute, et laisseraient l'illusion possible aux inconnus, à la cantonade dont le hasard les entoure et pour qui elles parlent, en réalité, bien plus que pour les personnes de leur compagnie.
La sottise, ayant le privilège de s'ignorer et de se complaire toujours, ne se corrige jamais.
Une femme qui a beaucoup d'esprit n'a presque jamais assez de cœur.
En amour, le présent seul existe à l'état de certitude.
Où est l'amour il n'y a point de nuages, point de douleurs.
Dans tout, l'homme suit plus ses fantaisies que la raison.
Bien des grands hommes laissent percer une infinité de petitesses, ce qui choque : on ne veut rien d'homme du commun en eux.
Toujours le mal est compagnon du bien, comme pour nous faire souvenir que nous ne devons ni trop nous réjouir du bien, ni trop nous affliger du mal.
Les souverains ne font pas toujours la grandeur des hommes ; ils ne font souvent que leur donner du lustre et les mettre en évidence.
L'homme est si peu sûr de ce qu'il fait que souvent il prend des mesures pour arriver à une chose, et c'est le contraire qui survient, et s'en contente comme s'il l'eût souhaité.
Quand on voit défiler des troupes et marcher avec régularité et empressement au combat, on ne peut s'empêcher de dire : Il faut que celui qui fait mouvoir tout ce monde ait bien du génie, ou que cette masse qui ne saurait faire un pas sans un ordre ait un instinct bien servile.
S'il est malaisé de faire de bons systèmes politiques, il est encore plus difficile de les mettre en pratique, car c'est alors que les passions humaines se soulèvent et se maintiennent dans un état d'insurrection.
Il est des époques où les passions s'abattent dans l'imprimerie du journalisme, s'y assemblent, s'y choquent et s'y alignent ; formées en corps, elles répandent un venin qui, pénétrant partout, agite tous les esprits.
Où s'enferme l'étude, on en voit sortir le savoir.
Quand le trompeur est lui-même pris dans ses propres fourberies, il n'attrape que ce qu'il mérite.
Nos passions font notre bonheur ou notre malheur, selon la direction que nous savons leur donner.
La petitesse d'esprit et l'insouciance rendent parfois philosophe, mais cette philosophie diffère bien de celle qui provient de la vertu.
Tout le monde court après le bonheur, mais peu de gens en suivent le vrai chemin ; la foule s'égare dans des sentiers qui l'en éloignent.
La loi la plus libérale ne fait guère que prendre la liberté sur un point, pour la distribuer sur un autre.
Le grand nombre agit plutôt par une folle ostentation que par une prudente raison.
On voit tant de gens parler de ce qu'ils ignorent, qu'il paraît plus facile d'en parler que de n'en rien dire.
L'homme le plus spirituel vit plus d'emprunt que de son propre fonds.
La fortune est partout bien accueillie, se trouve partout et se mêle de tout, tandis que la vertu trouve à peine l'âme d'un sage où elle puisse se réfugier.
On aime les écrivains qui, pleins de confiance en leurs lecteurs, leur laissent le plaisir de la pénétration.
C'est en savoir beaucoup que de ne pas avoir honte d'ignorer bien des choses.
On aime l'image de la belle nature : aussi celui qui excelle dans l'art de la peindre, attire-t-il l'admiration de tout le monde.
On loue jusqu'aux plus petites choses dans les grands hommes, et dans les petits les grandes choses passent inaperçues.
On parle souvent de choses qui ne dénotent point qu'elles sont intéressantes, mais montrent le désœuvrement des parleurs.
Le temps ne coûte rien, mais bien employé, il peut rapporter beaucoup.
La raison a presque toujours tort de vouloir commander à la force.
Le grand parleur est mû plutôt par la vanité que par tout autre sentiment.
Celui qui ne se détermine à agir que sur ce qu'en pourra dire le public est un homme méprisable, sans règle de conduite.