Ayez pitié des pauvres qui se laissent aller à l'impatience et à la rage ! Pensez que c'est une chose bien dure pour le malheureux de souffrir toutes les misères dans un taudis ou dans un chemin, tandis qu'à quelques pas de lui passent des hommes parfaitement vêtus et nourris. Pardonnez-lui, s'il a la faiblesse de vous regarder avec envie, et secourez-le dans ses besoins, parce qu'il est homme.
Si le penchant de ton cœur te détermine pour le mariage, marche jusqu'à l'autel avec de saintes pensées, avec une véritable résolution de faire le bonheur de ta future épouse qui te confie le soin de ses jours, de celle qui quitte le nom de ses pères pour prendre le tien, de cette femme qui te préfère à tout ce qu'elle a chéri jusqu'à présent, et qui demain sera la tendre mère de tes enfants.
Chaque sourire, dans les vieux jours de tes parents, que tu rappelleras sur leurs lèvres vieillies, chaque étincelle de satisfaction que tu réveilleras dans leur cœur, sera pour eux le plus salutaire des plaisirs, et rejaillira sur ta tête par surcroît. Les bénédictions d'un père et d'une mère sur un fils reconnaissant, sont toujours ratifiées par Dieu.
Ne refusez pas votre aide au mendiant, mais que là ne s'arrête pas votre aumône. L'aumône intelligente et haute est celle qui procure aux pauvres de plus honnêtes moyens de vivre que la mendicité, c'est-à-dire celle qui aux diverses professions, libérales ou communes, donne travail et pain.
Sans le calme du cœur, la plupart des jugements de l'homme sont mensongers et malicieux. Il n'y a que le calme du cœur qui puisse te rendre fort pour souffrir, fort pour travailler avec constance, juste, indulgent, aimable avec tout le monde.
Si tu rencontres une femme humble, si toutes ses paroles et toutes ses actions respirent la bonté, un naturel de bon goût, de l'élévation de sentiments, une volonté forte dans ses devoirs, une attention à ne blesser personne et à consoler qui est dans la peine, à se servir des grâces de son esprit pour ennoblir les pensées des autres, alors aime-la d'un grand amour, d'un amour qui soit digne d'elle.
Ne sois ni hautain vis-à-vis d'autrui, ni indifférent, ne prostitue jamais tes affections ; sois ferme à conserver ton cœur libre, ou à en faire hommage à une femme digne qui aura plein droit à ton estime.
Honore la femme, mais crains les séductions de sa beauté, et plus encore les faiblesses de ton cœur.
Il n'y a de vertu qu'à condition de se repentir du mal que l'on a fait, et de s'en corriger.
Chaque sentier de la vie a ses épines, dès que tu as mis le pied dans un, avance ; reculer, c'est faiblesse.
On se rend injuste en appréciant toujours au-dessous de leur valeur ceux dont on est jaloux.
Qui s'apprécie au-dessus de sa véritable valeur se rend orgueilleux et ridicule.
Sans la force d'âme, on n'est maître d'aucune vertu, on ne remplit aucun devoir élevé.
S'il t'arrive d'offenser quelqu'un, aie la noble humilité de lui en demander pardon.
Quand tu auras accordé ton amitié, graves-en les devoirs à jamais en ton cœur.
Aux courtes folies des noces succède l'ennui, exempt de toute liberté.
Avant de renoncer au célibat, réfléchis bien à deux fois.
Dans la société les mérites ne sont pas toujours récompensés à leurs justes mesures.
La véritable amitié est celle qui est fondée sur l'estime, le respect mutuel et une confiance absolue.
Un père et une mère sont nos premiers amis, ils sont les mortels à qui nous devons le plus.
La première école de la vertu est la maison familiale.
Le savoir n'est que nuisible quand s'y joint l'orgueil, pire quand s'y joint le pédantisme.
Aie confiance en toi, et puisque tu le veux, et que tu le peux, c'est pour toi une dette sacrée que de cultiver ton esprit, t'instruire et apprendre : tu te rendras plus propre à honorer les tiens et tes amis.
Sois toi-même, naturel et spontané, et quand tu auras trouvé un ami, honore-le d'une amitié élevée.
Ne déshonore pas le nom sacré d'ami en le donnant à des gens de peu ou de point de vertu.
L'amitié est un souverain accord de deux ou trois âmes, jamais plus, qui ont trouvé l'une dans l'autre la plus grande disposition à se comprendre mutuellement, à s'être utiles, à s'interpréter noblement.
L'amitié, de toutes les liaisons, il n'y en a pas de plus noble, il n'y en a pas de plus sûre que celle des gens unis par une conformité de goûts, par les chaînes de la familiarité.
Ceux qui contractent entre frères et sœurs des habitudes de méchanceté et d'indélicatesse, sont indélicats et méchants avec tout le monde. Que le cercle de famille soit toute beauté, tout amour, toute sainteté ; et quand on sortira de son intérieur, on portera dans ses relations avec le reste de la société cette tendance à l'estime et aux affections douces et cette foi à la vertu, qui sont le fruit d'un exercice continuel de sentiments élevés.
L'identité de sang et la ressemblance de beaucoup d'habitudes entre frères et sœurs engendrent naturellement une forte sympathie, et pour la détruire, il ne faut rien moins qu'un horrible égoïsme.
Pour bien exercer la divine science de la charité avec tous les hommes, il faut en faire l'apprentissage dans la famille.
Il n'y a de méchant que l'homme grossier envers la vieillesse, les femmes et le malheur.
La vieillesse est vénérable pour tout cœur bien né.
La piété filiale est un devoir non seulement de reconnaissance, mais aussi de convenances dont on ne peut s'affranchir. Dans le cas rare où on a des parents peu affectueux, peu en droit d'exiger de l'estime de notre part, leur seule qualité de créateurs de nos jours leur donne un caractère respectable.
Les bonnes manières s'apprennent en commençant par les soins que réclame la famille.
Pour aimer l'humanité, il faut savoir en envisager, sans se scandaliser, les faiblesses et les vices.
La conscience de l'homme n'a de repos qu'en la vérité. Le menteur, même sans être découvert, a sa punition en soi ; il sent qu'il trahit un devoir et se dégrade.
L'amour est l'une des seules forces qui puisse donner de l'énergie à l'âme.
Pour croire, il est besoin de vouloir croire, il est besoin d'aimer fortement le vrai.
La vérité, c'est Dieu : aimer Dieu, aimer la vérité, c'est une seule et même chose.
Courage ! et toujours courage ! Sans cette condition point de vertu. Courage pour vaincre votre paresse et poursuivre toutes les études honorables ; courage pour défendre la patrie et protéger votre semblable en toute rencontre ; courage pour résister aux mauvais exemples et aux injustes dérisions ; courage pour souffrir maladie, peines, angoisses de toute espèce, sans lâche lamentation ; courage pour aspirer à une perfection à laquelle on ne doit pas cesser d'aspirer néanmoins, si l'on ne veut perdre toute noblesse.
L'inconvénient de la peur, ce n'est pas de montrer le danger plus grand qu'il n'est, car elle n'empêcherait pas alors qu'on ne prit de bons moyens pour en sortir, mais de le montrer autre qu'il n'est et ailleurs qu'il n'est.
Que ton épouse te soit comme un ange tutélaire ; qu'elle t'éloigne de tout ce qui est bas pour t'élever à tout ce qui est noble. Dans tout ce que tu entreprendras, cherche à mériter son approbation, afin que sa belle âme jouisse de t'avoir pour époux ; honore-la non pas devant les hommes, ce qui est peu important, mais aux yeux de Dieu qui voit tout.
Si tu choisis le célibat, honore-le des vertus qu'il prescrit, et sache en apprécier les avantages.
Si tu veux que la lecture te laisse de durables empreintes, borne-toi à quelques auteurs d'un esprit sain, et nourris-toi de leur substance. Être partout, revient à n'être nulle part en particulier. Une vie passée dans les voyages fait connaître bien des hôtes et peu d'amis. Il en est de même de ces lecteurs à la course qui, sans prédilection pour un livre, en dévorent sans fin.
Si tu sais beaucoup, sois modeste, et ne méprise pas pour cela l'ignorant. Le savoir est comme la richesse ; il est désirable pour pouvoir mieux se rendre utile à autrui. Mais qui ne l'a point, peut sans le posséder être un très bon citoyen, cet homme dès lors a le droit au respect.
La colère n'a quelque valeur que dans les cas très rares où il semble qu'on puisse par elle humilier un méchant et le retirer des voies de l'iniquité.