Il faut reconnaître à la jeunesse le droit d'avoir tort quelquefois. C'est un de ses privilèges.
Il ne faut pas s'attendrir sur soi-même, cela revient aux autres.
On a souvent les défauts de ses qualités. Soyons indulgents aux uns, par reconnaissance pour les autres.
Le meilleur plaisir qu'offre le monde est celui de la conversation.
Il est plus facile de supporter ce qui afflige que ce qui déplaît.
Croire quelque chose, même une erreur. Croire avec sincérité, avec dévouement, avec enthousiasme, c'est déjà un grand bonheur, mais tâchons de croire la vérité. Alors à cette chose vraie, croire, nous ajouterons la croyance éclairée, véritable, éternelle ; celle qu'il faut chercher à genoux et qui s'appelle la foi.
Nous ne demandons pas à Dieu sa justice, mais sa miséricorde.
Il n'y a pas de temps plus mal employé que celui que nous donnons au repentir.
Autant dépense chiche que large, c'est mon adage favori.
Les petites folies multipliées sauvent des grandes ; quand on n'en fait qu'une, elle est presque toujours énorme et le plus souvent irréparable.
Ne nous étonnons de rien sous peine de nous étonner de tout.
L'homme qui est né brute, brute il mourra.
Quand on sait s'y prendre, il est aisé de donner à une prison un faux air de palais ; l'essentiel est qu'une fois dedans, personne n'en puisse plus sortir.
L'exilé n'est rien moins qu'un mort sans sépulture.
Si malheureux qu'on soit, on est presque heureux en pensant aux maux dont on est exempt.
Quand l'amour est réellement mort, on ne le ressuscite pas.
L'architecture, c'est le monde reconstruit par l'homme, adapté à sa taille et rendant visible à son âme l'ordre invisible dont il rêve.
L'homme qui n'a pas reçu quelque grâce d'en haut n'est qu'une machine.
Le paysage, au bord d'une rivière, est un hymne à l'amour. Partout, une verdure tendre, si douce aux yeux que partout on veut s'arrêter ; il semble que chaque pas vous initie à des tons plus délicats et plus nuancés dans la gamme des verts.
Le plus admirable médecin est la nature, parce qu'elle guérit les trois quarts des maladies et qu'elle ne dit jamais de mal de ses confrères.
L'esclavage ne cessera dans certains pays que le jour où vous inventerez le moyen de retirer d'une feuille de papier brouillard toute l'encre qu'elle a bue.
Une bonne petite dispute est le meilleur des apéritifs, le plus efficace des stimulants.
Bien des gens font à leur Dieu le sacrifice de leur raison à laquelle ils tiennent peu, et n'ont garde de lui sacrifier la moindre de leurs passions auxquelles ils tiennent beaucoup.
La crainte du châtiment est le commencement de la sagesse.
Le plus grand fléau de notre pauvre espèce, ce sont les idées confuses. Folles ambitions, sottes vanités, tout vient de là. Quiconque voit clair découvre que le bonheur est de vivre au fond d'une retraite avec sa bien-aimée.
Il y a des esprits pénétrants à qui leur pénétration ne sert de rien.
Il est plus doux de donner des leçons que d'en recevoir.
Ceux qui sont passionnément épris de leurs maladies veulent mal de mort aux médecins qui tentent de les guérir.
L'âme a ses maladies aussi inévitables que celles du corps.
Les folies des sages sont la meilleure école pour les fous.
Il y a quelque part en ce monde une retraite écartée où le bonheur nous attend.
La justice est la vertu humble, ingrate et amère, la vertu sans gloire comme sans volupté, et cependant, qu'elle vienne à manquer, tout manque.
Nul n'est parfait, la perfection n'est pas de ce monde.
Il faut toujours s'arranger pour faire d'une pierre deux coups.
On s'égratigne quelquefois en voulant égratigner autrui.
Les jeunes filles avec les garçons commencent presque toutes par le roman de l'amitié, qui prépare celui de l'amour, et qui n'est pas toujours le moins romanesque des deux.
Quand on s'aime comme on s'aime, on est sûr d'être heureux, et je t'aime, je t'adore mon amour !
Je t'aime, je t'aime, je t'aime à tort et à travers, je t'aimerai toujours mon amour.
Dans tout homme il y a plus d'un homme.
Une vieille querelle est toujours prête à se rallumer.
Je meurs de soif auprès de la fontaine !
Le mariage est une institution, et l'amour un reste de la vie sauvage.
Le fond des choses dans le mariage, c'est la crémaillère, qu'à le bien prendre c'est même à cela que se réduit cette admirable institution.
La discipline ! la discipline ! Quand elle s'en va d'un pays, tout s'en va !
Les pipes dont on est le plus fier sont celles qu'on ne fume pas.
On a toujours les défauts de ses qualités.
Les voyages sont le meilleur moyen d'oublier nos tracas de la vie.
Les sœurs aînées servent de tutrices à leurs cadettes.
Ce qui est plus insupportable que le despotisme des souverains, c'est la tyrannie des subalternes.
Défiez-vous de vos scrupules ; les scrupules énervent la volonté.
Quand on a une idée en tête, on y rapporte tout.
La pitié marche quelquefois sur les talons de la colère.
La mort est une halte dans la vie, un temps de jachères, auquel succèdent de nouvelles moissons !
Les âges de l'ignorance inspirée sont à jamais passés ; celui même qui est né de nos jours avec le don de poésie est obligé de mériter son inspiration par l'assiduité de son labeur, et de la conquérir à la sueur de son intelligence.
Les erreurs sont très coûteuses pour les gens d'esprit.
Il y a deux espèces d'hommes : ceux qui pensent et ceux qui veulent.
Il у a des génies qui, méconnus de leur vivant, ont besoin de quelques années de cercueil pour se faire rendre par un monde ingrat une tardive justice.
Le plus sceptique des hommes est sceptique en femmes, sceptique en affaires, sceptique en religion.
Un scepticisme précoce démêle trop tôt l'envers de toute chose.
Les peines de cœur, c'est une affaire de trois semaines, comme les rhumes.
Les embarras du style trahissent parfois les embarras de la conscience.
Il n'est point de bonheur ici-bas où il n'entre une part d'obéissance.
La vie est si charmante quand on s'aime ! Les dimanches, les jours de fête, quelles parties de campagne ! quels repas sur l'herbe ! On part à l'aube, et le soir on rentre chez soi les jambes lasses, mais l'âme contente, le cœur léger, et heureux de vivre.
À force de voir des sapins, on finit par trouver de l'esprit aux platanes.
Le serpent ne devient dragon qu'après avoir mangé un serpent.
Tout observateur doit être un penseur; observer en pensant et penser en observant.
Il faut toujours se défier des esprits pointus.
On peut être à la fois très cultivé et très inculte.
Aujourd'hui les hommes de caractère sont facilement suspects.
Il ne suffit pas d'aimer son prochain comme soi-même, il faut l'aimer comme il désire qu'on l'aime.
La vie est une marâtre ; combien de sourires avez-vous vu passer sur ses lèvres d’airain !
L'imprévu est un maître aux fantaisies changeantes ; on ne peut l'aimer sans le redouter un peu.
Les aigles a qui on interdit de regarder le soleil se dévorent et prennent la vie en dégoût.
Les poltrons sont toujours bien aise qu'on leur accorde un sursis ; ils se flattent que le lendemain le courage leur viendra.
Certaines peurs ont leurs délices.
La justice de certaines personnes est souverainement inique. Quand il faut une victime à leur colère, elles la prennent où elles la trouvent, et si le coupable est hors d'atteinte, elles se vengent sur l'innocent, qu'elles frappent sans miséricorde.
La plus dure des servitudes, c'est de se sentir l'esclave de sa liberté.
L'homme irrésolu qui veut sortir d'un mauvais pas où l'a engagé son imprudence hésite toujours entre deux issues. Faut-il avancer ? Faut-il reculer ?
Quand on avance des énormités, on les prouve. Où sont vos preuves ?
Il est beau de tolérer ; il y a tant d'intolérants, tant de sots, tant de niais, qui trouvent leur tête si bien taillée qu'ils voudraient que toutes les autres têtes fussent faites sur ce patron !
On peut avoir l'esprit fin, mais nulle finesse dans la conduite.
Si tu veux que le ciel t'aide, aide-toi.
C'est une race très dangereuse que celle des artistes sans talent.
La discipline de la volonté est le secret des conquêtes durables et des longs bonheurs.
Ce n'est pas assez d'attendre l'occasion, il faut la flairer et la guetter.
On prend son parti de la solitude, mais on ne se fait guère à l'isolement.
Ce que nous avons de meilleur est souvent la source de nos plus grands embarras.
La diplomatie est un art qui en comprend quatre : l'art de s'informer, lequel demande des yeux et des oreilles ; l'art de renseigner, dont la première condition est de savoir se mettre à la place des autres ; l'art de conseiller, le plus délicat de tous, et enfin l'art de négocier, où le caractère doit venir en aide à l'esprit.
Un grain de foi transporte les montagnes.
On a beau ne pas s'aimer, on se rencontre quelquefois dans la même pensée.
Le monde ne convient pas aux cœurs sérieusement occupés, car il est lui-même une occupation et une affaire, et c'est ainsi qu'il faut le prendre quand on veut véritablement s'y plaire. Ceux qui ne lui demandent que d'amuser leur ennui et de les distraire d'eux-mêmes ne tardent pas à s'en lasser ; ses plaisirs sont monotones, ses fêtes se ressemblent toutes : elles tournent toujours dans le même cercle que leur tracent les conventions et la tyrannie de la mode. Une imagination vive trouve plus de ressources dans les circonstances les plus ordinaires de la vie domestique : libre de toute gêne, elle s'en empare pour les varier à l'infini, et se livre au bonheur de faire de rien quelque chose.
Il y a des gens qui n'ont que des vertus négatives, mais il y en a qui ne les ont même pas.
Une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine.
Comme l'avarice, la jalousie endurcit le cœur.
Bien des gens continuent de tourner leur meule, mais il ne faut pas leur demander de l'aimer.
L'orgueil est, selon les cas, un grand stimulant ou un grand empêchement.
Un paresseux qui a beaucoup d'amour-propre en devient encore plus paresseux.
Quand on a tâté de la mort, on s'aperçoit que vivre est une fatigue.
Les maris oisifs font le malheur de leur femme et de leurs enfants.
Les solitaires manquent de souplesse, c'est une qualité ou un défaut qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'acquérir.
Eh oui ! les chats plaisantent en étranglant leur souris ; elle est déjà à demi-morte qu'ils lui proposent encore de jouer, et si elle refuse, ils se plaignent de son humeur maussade.
Il y a des gens à qui la science vient en boulevardant.
Un ajournement équivaut presque toujours à une renonciation.
Il y a des lendemains qui n'arrivent jamais.
Quand on est très heureux, on ne se fâche pas facilement.
La nature déteste les alignements.
Les femmes les plus compatissantes ont leur férocité.
Les philosophes enjoués sont une espèce rare.
Quand il y a de l'à-peu-près, il n'y a plus de certitude.
Ayant commencé par railler les autres, on finit par se railler soi-même.
Il existe une bonhomie fourrée de malice qui ne prend le change sur rien.
Les grandes douleurs sont les serres chaudes de l'âme.
Il en est qui parlent de Dieu en hommes d'affaires, et des affaires avec une sorte de religieuse onction.
Les faiseurs de phrases sont souvent des faiseurs d'affaires.
On tient parfois davantage à ses intérêts qu'à ses colères.
Quand ils s'y mettent, les écus font des petits.
Si les millions donnent quelquefois le spleen à ceux qui les ont, ils procurent des griseries d'imagination à ceux qui ne les ont pas.
L'espérance doit savoir patienter.
Le secret de l'art d'écrire est de ne pas tout dire.
Une seule chose est bien à nous dans ce monde, c'est notre passé.
On veut toujours du bien à ce qu'on comprend bien.
Quoi qu'en dise l'arithmétique, des riens additionnés finissent quelquefois par être quelque chose.
La soumission volontaire est peut-être la vraie liberté.
Il faut en prendre son parti : il y a des reines qui ressemblent à des bourgeoises, et des bourgeoises qui ressemblent à des reines, moins la couronne et le roi.
Si les hommes demandent aux femmes d'être très femmes, celles-ci aiment qu'un homme soit très homme.
Pour être mères, les femmes n'attendent pas d'avoir des enfants.
Les miséricordieux touchent aux blessures sans les faire crier.
On doit de l'argent aux gens qu'on achète ; on ne leur doit ni estime, ni égards.
En matière d'héritage, les grosses rivières n'ont jamais méprisé les petits ruisseaux, et ce qui est plus curieux, les petits ruisseaux trouvent une sorte de gloire à s'aller perdre dans les rivières.
En politique, on ne se fait aimer et respecter qu'à la condition d'être craint.
Il est difficile de faire entrer en propos deux hommes qui ne s'aiment pas, c'est plus tôt fait de les séparer.
Se connaître un peu trop est parfois pire que de ne pas se connaître du tout.
L'amitié d'un homme imminent est un bienfait des dieux.
Quand je vois une femme qu'elle est lasse, mon cœur il s'émeut.
L'an dernier j'ai trouvé un bijou de prix ; j'ai fait mettre à ce sujet une annonce dans les journaux, personne n'a jamais réclamé le bijou, et il m'est resté. Cette fois, je viens de trouver une femme, et quelle femme ! Personne ne la réclame, j'ai bien envie aussi de la garder !
Si ce n'est lui, que ce soit un autre, pourvu que ce soit quelqu'un !
Ce que fait ta main droite, ta main gauche n'en saura jamais rien.
On ne peut demander à un homme d'avoir tous les genres de courage.
Une jolie fille n'a pas à craindre qu'on la laisse sécher dans la solitude.
Il faut plus d'un jour pour faire le tour d'un homme.
Un souverain qui se respecte ne parlemente pas avec la révolution, il n'est permis de causer avec elle qu'à coups de canon.
Un homme méchant quand il fait patte de velours, la griffe est toujours là, prête à sortir.
Un honnête homme n'affecte jamais des opinions qu'il n'a pas, mais il sait se servir de celles qu'il a.
Lorsqu'on ne possède pas un grand génie, les petits talents en peuvent tenir lieu.
Pour un homme d'État vraiment moderne, dans ce siècle, l'autorité ne suffit pas. Le ministre le plus habile et le plus fortement épaulé est condamné à l'impuissance, s'il n'a pas pour lui le concours de l'opinion publique.
De toutes les sciences, la plus nécessaire pour faire un vrai grand homme est la science du malheur.
La victoire est une ensorceleuse.
Il n'y a que les sots qui ne soient jamais tentés de mentir.
Dis-moi ce que tu manges, et je te dirai qui tu es.
Quand on est curieux, on n'est pas méchant, car on a le goût des distractions, et la haine ne se distrait jamais.
Après une guerre il ne doit rester au peuple que les yeux pour pleurer.
Le scandale ne m'a jamais déplu, et, si le diable ne peut faire lui-même certains ouvrages, il peut toujours les commander.
Il faut savoir patienter avec la vie ; il est vrai qu'elle nous demande toujours du temps et qu'elle en a si peu à nous donner. La vie, dans sa rapidité et sa brusquerie, ne nous laisse pas toujours le temps de débrouiller nos impressions confuses.
L'indifférence, c'est la mort ; la passion, c'est le désordre. La sympathie me met en société avec la passion des autres sans m'associer à ses désordres. J'éprouve ce qu'ils éprouvent, et le plaisir ou la peine que j'en ressens ne va jamais jusqu'à l'excès.
Il est dur d'être convaincu et de ne pas convaincre.
Dans toute querelle, il y a les raisons qu'on dit et celles qu'on ne dit pas.
Je nage comme un poisson, je ne te ferai jamais le plaisir de me noyer.
L'âpre breuvage de la vérité peut seul fortifier le cœur.
Comme la philosophie et la religion, les passions farouches ont leur ascétisme.
Avant de vouloir convaincre les autres, il fait se convaincre soi-même.
La poésie est la maladie des gens qui n'ont pas vécu.
Il faut beaucoup de temps pour faire le tour d'un fait.
La mort est de toutes les choses qui ne se comprennent pas celle que la jeunesse comprend le moins.
Soit timidité, soit préoccupation de faire leur cour, beaucoup de diplomates ne disent à leur gouvernement que ce qui lui peut être agréable ; ils aiment mieux tromper que déplaire.
Quand on a le bonheur de parler plusieurs langues et celui d'être aimé, deux ans d'exil passent comme un jour.