La poésie française sur la femme.
1 - Les femmes en poèmes :

De poètes français, dont
Armand de Flaux ou de
Jacques Villebrune, ce recueil de poésies vous propose 10 poèmes sur le thème de la femme.
Pedro Calderón de la Barca (1600-1681), un célèbre poète et dramaturge espagnol, dans
L'Héraclius Espagnol ou La Comédie fameuse, a écrit :
Une femme est un tableau à deux visages : regardez-la d'un sens, rien n'est si agréable ; regardez-la d'un autre sens, rien n'est si terrible. C'est la meilleure amie de notre nature, ou c'est notre plus grande ennemie.
Autrement dit : Ange ou Démon.
2 - Les poèmes, quatrains et sonnets sur la femme :
Poème : La femme.
Recueil : Sonnets et poésies (1864)
Ô compagne de l'homme et sa plus douce amie !
Femme qu'un Dieu d'amour mit sur notre chemin,
Et qui dans ce labeur qu'on appelle la vie,
Quand notre coeur faiblit, nous tendez votre main ;
Rester auprès de nous, car tout à vous nous lie ;
Sans vous notre bonheur est passager et vain ;
Et, lorsque nous souffrons, notre douleur s'oublie,
Si nos pleurs en tombant soulèvent votre sein.
Qu'un stoïque, insensible à mon enthousiasme,
À ses impurs dédains ajoute le sarcasme !
Ses coups n'atteindront pas votre front radieux.
Qui ne sait pas que Dieu vous a faite si belle
Que jadis plus d'un ange, épris d'une mortelle,
Pour mourir dans ses bras, a déserté les cieux ?
Armand de Flaux (1819-1883)
Poème : Tout est contraste.
Recueil : Efflorescences. Recueil de poésies (1870)
Tout est contraste sur la terre :
Après l'hiver, c'est le printemps ;
A la nuit sombre et solitaire,
Succèdent les jours éclatants.
Il en est ainsi de la femme :
L'une possède la beauté ;
L'autre, n'ayant de beau que l'âme,
Ne brille que par sa bonté.
J'ai mal choisi, hélas ! celle que j'aime
Est belle, il est vrai, mais son cœur
Est comme un roc sur qui l'on sème :
Rien n'y germe, ni grain ni fleur.
Eugène Ardillaux (1822-1887)
Poème : La poésie est une femme.
Recueil : Sonnets et poésies (1864)
J'étais enfant, la nuit régnait étincelante,
Je m'étais endormi sur le bord d'un chemin,
Quand, en songe, une vierge à mes yeux se présente,
Belle, fière et portant des palmes à la main.
Elle pencha vers moi sa tête ravissante,
Dit des mots inconnus dans le langage humain ;
Et puis je crus sentir sur ma bouche brûlante
Se poser un instant ses lèvres de carmin.
C'est bien loin, et pourtant les traits de cette femme,
Présents à mes regards, charment encor mon âme.
Souvent, la nuit, j'en rêve, et j'y pense, le jour.
Cette amante au front pur que mon coeur s'est choisie,
Ce bel ange aux ailes d'or, c'était la poésie.
Qu'elle soit, ô mon Dieu ! sensible à tant d'amour !
Armand de Flaux (1819-1883)
Poème : Les jolies femmes.
Recueil : Les quatre vents de l'esprit (1870)
On leur fait des sonnets, passables quelquefois ;
On baise cette main qu'elles daignent vous tendre ;
On les suit à l'église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;
Le bal est leur triomphe, et l'on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :
— La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâmetir plus de prisons et bâmetir moins d'écoles ;
Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. —
Et ces colombes-là vous disent des paroles
À faire remuer d'horreur les os des morts.
Victor Hugo (1802-1885)
Poème : Une femme est l'amour.
Recueil : Poésies diverses (1843)
Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance ;
Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé,
Elle élève le coeur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.
Courbé par le travail ou par la destinée,
L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit ;
Toujours impatient dans sa course bornée,
Un sourire le dompte et son coeur s'adoucit.
Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine :
Bien longtemps à l'attendre il faut se résigner.
Mais qui n'aimerait pas, dans sa grâce sereine,
La beauté qui la donne ou qui la fait gagner ?
Gérard de Nerval (1808-1855)
Poème : Les femmes sont fleurs.
Recueil : Le collier de griffes (1908)
Il y a des moments où les femmes sont fleurs ;
On n'a pas de respect pour ces fraîches corolles...
Je suis un papillon qui fuit des choses folles,
Et c'est dans un baiser suprême que je meurs.
Mais il y a parfois de mauvaises rumeurs ;
Je t'ai baisé le bec, oiseau bleu qui t'envoles,
J'ai bouché mon oreille aux funèbres paroles ;
Mais, Muse, j'ai fléchi sous tes regards charmeurs.
Je paie avec mon sang véritable, je paie
Et ne recevrai pas, je le sais, de monnaie,
Et l'on me laissera mourir au pied du mur.
Ayant traversé tout, inondation, flamme,
Je ne me plaindrai pas, délicieuse femme,
Ni du passé, ni du présent, ni du futur !
Charles Cros (1842-1888)
Poème : La femme, c'est le ciel.
Recueil : Feuilles au vent (1860)
Quand le Très-Haut eut fait l'homme à sa propre image,
Il créa sa compagne, et, lui prenant la main,
Lui dit : « Sois le bonheur, Eve, du genre humain ! »
Ce chef-d'œuvre enchanté couronnait son ouvrage.
Et depuis, prodiguant des fleurs sur son passage,
La femme, pour répondre à l'éternel dessein,
Fait ruisseler l'amour à flots purs de son sein,
Désaltérant les cœurs à ce divin breuvage.
La femme, c'est la foi, l'idéal, c'est le ciel ;
Le nectar ne vaut pas ses longs baisers de miel,
Sa robe en s'agitant exhale l'ambroisie ;
C'est l'aspiration, la sainte poésie ;
C'est l'ange qui de l'homme éclairant les déserts
De son amour profond lui fait un univers.
Alfred de Montvaillant (1826-1906)
Poème : Les baisers de l'amour.
Recueil : Feuilles au vent (1860)
L'abeille en bourdonnant dès l'aurore butine,
Et promène au hasard son vol et ses faveurs,
Elle rase le parc qu'enferme l'aubépine,
Et de ses doux baisers rend jalouses les fleurs.
On la voit voltiger par le pré, la lutine,
S'enivrant de parfums, de brise et de couleurs,
Et vers sa ruche après son aile s'achemine
Où sa trompe du miel dépose les douceurs.
Ainsi la femme, abeille au gracieux corsage.
Dans un air embaumé son existence nage ;
De son cœur, de sa bouche, à flots sort le nectar.
Les baisers de l'amour font la plus grande part
De ses jours plus fleuris qu'une fraîche corbeille,
Et jusqu'à l'aiguillon elle a tout de l'abeille .
Alfred de Montvaillant (1826-1906)
Poème : La femme et sa grâce infinie.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Non, ne retranchez rien de sa fine harmonie :
Le trait serait plus pur, les poignets plus étroits,
Les seins plus accusés, elle y perdrait, je crois,
Et s'évanouirait sa grâce désunie.
Laissez-la comme elle est, vivante symphonie ;
La beauté qui nous touche a ses secrètes lois,
Une humble a je ne sais quel charme bien des fois,
Et tout prend chez la femme une grâce infinie :
Que j'aime son teint pâle ou faiblement rosé,
Et sa sveltesse, et sa féminine nature,
Les promesses sans fin de sa riche ceinture,
Ses mains, son sourire si doux, ce soleil reposé !
Ses défauts ont leur grâce, elle est plus elle-même,
Le vers faible se fond au charme du poème.
Jacques Villebrune
Poème : La belle femme au matin souriant.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Elle est charmante, dans sa blanche mousseline,
La belle jeune femme, au matin souriant ;
Son fin visage clair est un doux Orient ;
L'aurore semble naître au front pur qui s'incline.
Telle une brume, autour de la jeune colline,
Comme un voile attendrit son astre scintillant,
Et la rosée en pleurs, au bel œil s'éveillant,
A prêté, fin éclat, sa perle cristalline.
Ses doux traits alanguis d'indécise couleur,
Ses regards étonnés dans leur fine pâleur,
Ont ce charme troublant d'une aube qui se noie ;
Et, sur sa délicate épaule et son beau sein,
Semble reluire encor la splendeur de la voie
Lactée, épanouie au fond d'un ciel serein.
Jacques Villebrune
3 - Autres recueils de poésies :