La poésie française sur la vie.

1 - La vie et vivre en poèmes :

La poésie française De la poétesse Anna de Noailles à Louis Gorlier, ce recueil de poésies contient 12 poèmes de poètes français et d'expression française. En 1859, dans son ouvrage intitulé La science pratique de la vie, un éditeur français, Louis-Julien Larcher (1809-1865), écrivait : Si tu veux sur la terre, où l'Eternel te laisse, couler ta vie heureuse au sein de l'allégresse, pour tes parents dont tu la tiens, fais briller tour à tour, le plus profond respect et le plus tendre amour. La vie n'est pas toujours facile, a dit Maxalexis, il faut avoir le courage d'affronter certaines adversités.
Autres recueils : Poèmes sur la vie » L'amitié » L'amour » Le sourire » La solitude » L'espérance »

2 - Les poèmes, quatrains et sonnets sur la vie :

Poème : La vie profonde.

Recueil : Le coeur innombrable (1901)
Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !

Sentir, dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
— S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...

Anna de Noailles (1876-1933)

Poème : L'amour et l'harmonie.

Recueil : Sentiment et devoir (1880)
Puisqu'il nous faut à tous l'amour et l'harmonie,
Et que le Ciel sourit à ces instincts touchants ;
Puisque rien de plus doux ne peut charmer la vie ;
Et que ton âme rêve en écoutant des chants...
Dis, ne voudrais-tu pas entendre mes accents ?

Puisqu'il faut à l'oiseau l'ombrage et le mystère,
Au proscrit la patrie, au nocher les zéphirs,
A l'abeille les fleurs, au chasseur la bruyère,
A l'aigle la montagne, à l'enfant les plaisirs...
Dis, ne voudrais-tu pas connaître mes désirs ?

Puisqu'il faut à mes pas tes pas et ton image ;
Ta joie à mon sourire, à mes maux ta douleur ;
Tes yeux à mon regard, ta voix à mon langage,
Et ta vie à ma vie, et ton coeur à mon coeur...
Dis, ne voudrais-tu pas me donner le bonheur ?

Françoise Leroy (1826-1898)

Poème : Le foyer familial.

Recueil : Sentiment et devoir (1880)
Qu'il est doux le foyer où l'on rentre le soir
Après l'heure donnée au travail, au devoir !
Où l'on peut, dépouillant et contrainte et prudence,
Redevenir soi-même... et plein de confiance
Laisser son coeur s'ouvrir et ses lèvres parler !...
Là, du monde et du bruit l'on aime à s'isoler ;
Là, se sentant revivre et reprendre courage,
L'âme se raffermit contre les jours d'orage ;
Car, où l'on peut aimer, où l'on trouve l'amour,
On porte en souriant le poids de chaque jour.
O famille, ô foyer !... Si longue que puisse être
L'existence que Dieu départit à notre être,
Qui pourrait t'oublier ?... Le front devient rêveur
Rien qu'à se souvenir de ta calme douceur.
C'est là que faible enfant l'on reçut de sa mère
Les caresses, les soins qu'à tout bien l'on préfère ;
C'est là qu'un père aimé, par de sages récits,
Du travail, de l'honneur fit comprendre le prix ;
Que parlant de science et d'art et d'harmonie
Il montra de ces biens l'influence bénie ;
Et que joignant l'exemple à la leçon du jour
Il se vit entouré de respect et d'amour.

Françoise Leroy (1826-1898)

Poème : La vieillesse commençante.

Recueil : Haillons, Posthume (1921)
C'est en vain aujourd'hui que le songe me leurre.
Me voici face à face inexorablement
Avec l'inévitable et terrible moment :
Affrontant le miroir trop vrai, mon âme pleure.

Tous les remèdes vains exaspèrent mon mal,
Car nul ne me rendra la jeunesse ravie...
J'ai trop porté le poids accablant de la vie
Et sanglote aujourd'hui mon désespoir final.

Hier, que m'importaient la lutte et l'effort rude !
Mais aujourd'hui l'angoisse a fait taire ma voix.
Je sens mourir en moi mon âme d'autrefois,
Et c'est la sombre horreur de la décrépitude !

Renée Vivien (1877-1909)

Poème : Le poids de la vie.

Recueil : Les couleuvres (1869)
J'ai vécu, j'ai vieilli. De l'humaine misère
J'ai porté le fardeau tous les jours. Il est grand !
Sans en excepter un, j'ai refait en pleurant
Tous les chemins heureux que j'avais sur la terre.

Je sais ce qu'ici-bas le ciel donne et reprend :
Deuil d'ami, deuil d'époux, deuil de fils, deuil de père,
Et deuil public encor ! J'ai bu cette heure amère.
J'ai tenu dans mes bras Valdegamas mourant.

J'ai vu l'esprit de l'homme au mal vouer son culte ;
Sur mon drapeau sacré j'ai vu monter l'insulte ;
Chez des amis vivants Je me suis vu mourir.

Et parmi ces douleurs, humiliant mon âme,
Satan m'a fait sentir son ironie infâme ... !
Ô mort ! comme parfois tu tardes à venir !

Louis Veuillot (1813-1883)

Poème : Si ma vie était encore à faire.

Recueil : Bonheur (1891)
Je voudrais, si ma vie était encore à faire,
Qu'une femme très calme habitât avec moi,
Plus jeune de dix ans, qui portâmet sans émoi
La moitié d'une vie au fond plutôt sévère.

Notre coeur à tous deux, dans ce châmeteau de verre,
Notre regard commun, franchise et bonne foi,
Un et double, dirait comme en soi-même : Voi !
Et répondrait comme à soi-même : Persévère !

Elle se tiendrait à sa place, mienne aussi,
Nous serions en ceci le couple réussi
Que l'inégalité, parbleu ! des caractères

Ne saurait empêcher l'équilibre qu'il faut,
Ce point étant compris d'esprits en somme austères
Qu'au fond et qu'en tout cas l'indulgence prévaut.

Paul Verlaine (1786-1859)

Poème : La vie humble.

Recueil : Sagesse (1880)
La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles
Est une oeuvre de choix qui veut beaucoup d'amour.
Rester gai quand le jour, triste, succède au jour,
Etre fort, et s'user en circonstances viles,

N'entendre, n'écouter aux bruits des grandes villes
Que l'appel, ô mon Dieu, des cloches dans la tour,
Et faire un de ces bruits soi-même, cela pour
L'accomplissement vil de tâmeches puériles,

Dormir chez les pêcheurs étant un pénitent,
N'aimer que le silence et converser pourtant,
Le temps si grand dans la patience si grande,

Le scrupule naïf aux repentirs têtus,
Et tous ces soins autour de ces pauvres vertus !
— Fi, dit l'Ange Gardien, de l'orgueil qui marchande !

Paul Verlaine (1786-1859)

Poème : Rêver et vivre.

Recueil : La part du rêve (1863)
Se prêter à la vie, est-ce là vraiment vivre ? —
D'un regard détaché tout voir sans rien saisir ;
Comme un tableau charmant admiré sans désir,
Contempler tous les biens dont le monde s'enivre,
Et ne rien demander, pas même le plaisir,
C'est rêver, - Or, la vie est semblable à la femme.
Pour qu'elle nous sourie il faut la courtiser ;
Il faut l'aimer de coeur pour qu'elle ouvre son âme,
Et pour la bien connaître il la faut épouser.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)

Poème : Qu'est-ce que la vie ?

Recueil : Les poésies intimes (1872)
Qu'est-ce donc que la vie ? — Un sablier qui coule,
Un brouillard que boit le matin,
Un songe séduisant qui pour un rien s'écroule ?
Sa durée ? — Un moment bien vain.

Le bonheur ? — Une bulle éclatant sur la source ;
L'espérance ? — Un souffle souvent,
Qui défeuille la fleur et se meurt dans sa course ;
Un tissu d'araignée au vent.

Qu'est-ce aussi que la mort et sa cause introuvée ? —
Quel est ce sort mystérieux ?,
Un doux sommeil peut-être, où notre âme éprouvée
Ouvre son aile pour les deux !

Et la paix ? En quel lieu la trouver sur la terre ? —
Nulle part ! Elle n'est qu'au ciel,
Et dans la tombe, hélas ! la demeure dernière
Où le repos est éternel !

Donc, qu'est-ce que la vie ? Est-elle désirable
Quand on voit la réalité ?,
Lorsque tout à nos yeux d'un monde misérable
Nous démontre la vanité !

C'est l'épreuve à subir par un divin mystère,
Afin que tous nous sachions mieux,
Qu'il n'est pas de bonheur refusé sur la terre
Que l'on ne trouve dans les deux !

Eugène Goubert (1817-1892)

Poème : Le ballet des heures.

Recueil : Odelettes (1853)
Les heures sont des fleurs l'une après l'autre écloses
Dans l'éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu'à l'amour.

Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,
Qu'au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l'heure qui s'en va.

Vous trouverez toujours, depuis l'heure première
Jusqu’à l'heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l'ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l'autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l'oubli du passé.

Que l'heure de l'amour d'une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c'est la mort ! Être deux, c'est la vie !
L'amour c'est l'immortalité !

Gérard de Nerval (1808-1855)

Poème : L'idéal interdit.

Recueil : Rayons perdus (1869)
La vie est si souvent morne et décolorée,
A l'ennui l'heure lourde est tant de fois livrée
Que le corps s'engourdit,
Et que l'âme, fuyant les épreuves amères,
S'envole et vient saisir à travers les chimères
L'idéal interdit.

On trouve ainsi l'oubli des autres, de soi-même,
On n'est plus de la terre, on plane, on rêve, on aime,
Toute chose est à nous ;
La notion du vrai si bien est renversée

Que, dans nos doigts, les fils, dont la vie est tissée,
Semblent soyeux et doux.

Louisa Siefert (1845-1877)

Poème : La vie.

Recueil : Pensées rimées (1879)
Effleurer de la vie à peine la surface,
C'est presque en éviter les écueils douloureux.
Vouloir la pénétrer, c'est en rompre la glace
Et se précipiter en ses gouffres affreux.

Imitez Epicure en sa philosophie ;
Jouissez de tous biens le plus modérément ;
Narguez, si vous pouvez, les chagrins de la vie,
Et vous arriverez au port plus sûrement !

Le destin vous a-t-il refusé la richesse ?
Tâchez par le travail de réparer son tort.
Le travail anoblit, il console et nous laisse
Le moyen de parer aux injures du sort.

Le destin vous a-t-il au contraire fait naître
Au sein de l'opulence, au faite des grandeurs ?
De rester inactif vous n'êtes point le maître,
Tant qu'il reste à calmer des maux et des douleurs.

Faites le bien toujours, car au coeur il importe
D'accorder à tout prix cet aliment divin ;
L'âme, en se séparant de ce monde, en emporte,
Non point l'or, ni l'argent, mais ce précieux pain.

Le précepte est fort beau ; préférable est l'exemple :
Sans tant prêcher le bien, faites-le plus souvent ;
Et votre souvenir survivra comme un temple.
Précepte sans exemple est moins qu'un peu de vent.

Louis Gorlier (1815-1896)

3 - Autres recueils de poésies :

Les poèmes à thèmes » L'amour » Le mariage » La vie » L'amitié » Le bonheur »
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