Les soins d'une mère pour son enfant sont le fruit de l'expérience de toute sa vie.
La religion tire ses raisons de la sensibilité de l'âme, des plus doux attachements de la vie, de la piété filiale, de l'amour conjugal, de la tendresse maternelle : L'athéisme réduit tout à l'instinct de la bête ; et pour premier argument de son système, il vous étale un cœur que rien ne peut toucher.
La religion ne parle que de la beauté de l'homme : L'athéisme a toujours la lèpre et la peste à vous offrir.
La femme a naturellement l'instinct du mystère, elle prend plaisir à se voiler, elle ne découvre jamais qu'une moitié de ses grâces et de sa pensée, elle est pleine de secrets, elle séduit surtout par son ignorance.
L'amour tend toujours en haut, et il ne souffre point d'être retenu par les choses basses.
Il est bon de se prosterner dans la poussière quand on a commis une faute, mais il n'est pas bon d'y rester.
Les sentiments les plus merveilleux sont ceux qui nous agitent un peu confusément.
Il est difficile d'aimer avec toutes les conditions de bonheur, jeunesse, beauté, temps opportun, harmonie de cœur, de goût, de caractère, de grâces et d'années. Il ne manque à l'amour que la durée pour être à la fois l'Eden avant la chute et l'hosanna sans fin. Faites que la beauté, que la jeunesse demeure, que le cœur ne se puisse lasser et vous reproduirez le ciel.
Il faut avoir le cœur placé haut pour verser certaines larmes : La source des grands fleuves se trouve sur le sommet des monts.
Mon chagrin est devenu une occupation qui remplit tous mes moments, tant mon cœur est naturellement pétri d'ennui et de misère !
Souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes : un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues, que ton cœur demande.
Les sons que rendent les passions dans le vague d'un cœur solitaire, ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre.
Oh ! argent que j'ai tant méprisé, tu as pourtant ton mérite : source de la liberté tu arranges mille choses dans notre existence où tout est difficile sans toi... Quand on n'a point d'argent on est dans la dépendance de toutes choses et de tout le monde.
La nation française n'aime pas au fond la liberté, mais elle adore l'égalité ; sa vanité lui commande de n'obéir qu'à ce qu'elle s'impose.
L'incapacité est une franc-maçonnerie dont les loges sont en tout pays.
De tout pouvoir éventré et exposé à la lumière sort la vermine que l'on avait adorée.
Le désir est le père de la puissance ; quiconque désire fortement, obtient.
Les événements font plus de traîtres que les opinions.
L'amour est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l'on est aimé comme l'on aime.
Aimer, c'est chercher la félicité dans ce qu'on aime.
La passion dominante de l'homme sera toujours la vérité ; quand il aime l'erreur, c'est que cette erreur, au moment qu'il y croit, est pour lui comme une chose vraie. Nous ne chérissons pas le mensonge, bien que nous y tombions sans cesse.
Chaque homme a au milieu du cœur un tribunal où il commence à se juger soi-même en attendant que l'arbitre souverain confirme la sentence.
Je ne suis changé que de visage ; toujours chimérique dévoré d'un feu sans cause et sans aliment... songe sans fin, éternel orage.
La mémoire est souvent la qualité de la sottise.
Après tout qu'importent la mort et les revers, si notre nom prononcé dans la postérité va faire battre un cœur généreux deux mille ans après notre vie ?
La postérité n'est pas aussi équitable dans ses arrêts qu'on le dit. Il y a des passions, des engouements de proximité. Quand la postérité admire sans restriction elle est scandalisée que les contemporains de l'homme admiré n'eussent pas de cet homme l'idée qu'elle en a ; cela s'explique pourtant : les choses qui plaisaient dans ce personnage sont passées, ses infirmités sont mortes avec lui ; il n'est resté de ce qu'il fut que sa vie impérissable ; mais le mal qu'il causa n'en est pas moins réel, mal en soi-même et dans son essence, mal surtout pour ceux qui l'ont supporté.
Les cœurs qui s'aiment s'entendent à demi-mot.
L'amitié que la présence attiédit, que l'absence efface.
La lampe qui s'éteint ne souffre pas.
Comme l'ambition ne suppose pas toujours le talent, pour un homme de génie qui s'élève vous avez vingt tyrans médiocres qui fatiguent le monde.
Une passion dominante éteint les autres dans notre âme, comme le soleil fait disparaître les astres dans l'éclat de ses rayons.
Il y a des hommes qui profitent de tout, même du mépris.
Aimer, c'est bien, savoir aimer, c'est tout.
Le vrai bonheur coûte peu ; s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce.
La simplicité vient du cœur, la naïveté de l'esprit. Un homme simple est presque toujours un bon homme, un homme naïf peut être un fripon ; et pourtant la naïveté est toujours naturelle, tandis que la simplicité peut être l'effet de l'art.
Il en est des crimes comme des boissons amères que l'habitude seule rend supportables.
La colère, comme la faim, est mère des mauvais conseils.
La religion et la liberté, les deux seules grandes choses de l'homme.
Il y a plus de liberté dans le froc d'un capucin qui bénit les Alpes que dans la friperie entière des législateurs de la République, de l'Empire, de la Restauration et de l'usurpation de juillet.
En France on ne sait rien attendre ; on a horreur de tout ce qui a l'apparence du pouvoir, jusqu'à ce qu'on le possède.
Jamais notre vanité française ne reconnaîtra à un homme, même de génie, deux aptitudes et la faculté de faire aussi bien qu'un esprit commun des choses communes.
Mon dédain de la société me vient de mon incrédulité politique.
Le génie n'a point de famille, son héritage tombe par droit d'aubaine à la plèbe, qui le grignote et plante un chou où croissait un cèdre.
J'ai peur d'avoir eu une âme de l'espèce de celle qu'un philosophe ancien appelait une maladie sacrée.
Regardez à la fin d'un fait accompli et vous verrez qu'il a toujours produit le contraire de ce qu'on en attendait, quand il n'a point été établi d'abord sur la morale et sur la justice.
Tout arrive par les idées ; elles produisent les faits, qui ne leur servent que d'enveloppe.
La plus dure des afflictions, le survivre.
Le goût est le bon sens du génie.
Il n'y a rien de plus poétique dans la fraîcheur de ses passions qu'un cœur de seize années.
On compte ses aïeux quand on ne compte plus.
La morale va au-devant de l'action ; la loi l'attend.
Ô illusions de l'enfance et de la patrie, ne perdez-vous jamais vos douceurs !
Il n'est rien de beau, de doux, de grand dans la vie, que les choses mystérieuses.
Le vice et la vertu sont frère et sœur ; ils ont été engendrés par l'homme.
L'amitié disparaît quand celui qui est aimé tombe dans le malheur.
Il est des malheurs qui nous séparent pour toujours des hommes.
Il n'est d'affreux que le commencement du malheur ; au comble de l'adversité on trouve, en s'éloignant de la terre, des régions tranquilles et sereines.
La cendre d'un mort, quel que fût de son vivant le décédé, est sacrée.
La mort est une grande femme fort belle, à laquelle il ne manque que le cœur.
Quand on parle des vices d'un homme, si on vous dit : " Tout le monde le dit " ne le croyez pas.
Soyons hommes, c'est à dire libres ; apprenons à mépriser les préjugés de la naissance et des richesses, à honorer l'indigence et la vertu ; donnons de l'énergie à notre âme, de l'élévation à notre pensée ; portons partout la dignité de notre caractère, dans le bonheur et dans l'esprit qui anime l'univers ne fut donnée aux hommes que par le christianisme.
Les plaisirs de notre jeunesse reproduits par notre mémoire ressemblent à des ruines vues au flambeau.
Il est rare que la fausseté de l'esprit ne fasse pas gauchir la droiture du cœur, et qu'une erreur n'engendre pas un vice.
On ne triomphe du temps qu'en créant des choses immortelles ; par des travaux sans avenir, par des distractions frivoles, on ne le tue pas : on le dépense.
La faiblesse n'est pas la fausseté, mais elle en tient lieu.
Les ennemis n'aiment aucune espèce de succès, même les plus misérables, et c'est les punir que de réussir dans un genre où ils se croient eux-mêmes sans égal.
Le ciel fait rarement naître ensemble l'homme qui veut et l'homme qui peut.
Pourquoi mourir, je le sais. Pourquoi naître ? je l'ignore.
Les vraies larmes sont celles que fait couler une belle poésie et dans lesquelles se mêle autant d'admiration que de douleur.
Au bout de la vie est un âge amer : rien ne plaît parce qu'on n'est digne de rien.
Tous les hommes à grande vie sont toujours un composé de deux natures, car il les faut capables d'inspiration et d'action : l'une enfante le projet, l'autre l'accomplit.
Une passion vraie et malheureuse est un levain empoisonné qui reste au fond de l'âme et qui gâterait le pain des anges.