La prudence est le bouclier de la raison.
Tous les plus grands menteurs de ce monde se disent ami de la vérité.
L'hypocrisie et la fausseté se ressemblent beaucoup ; mais la première a des nuances encore plus odieuses et qui lui sont particulières : l'hypocrisie prend le masque de toutes les vertus, la fausseté se contente d'en dissimuler l'absence.
La calomnie est bien plus atroce quand elle sort d'une bouche parasite.
Hélas ! il y a des êtres d'une inconcevable abjection.
On doit aimer, dit-on, son prochain comme soi-même ; mais quand on n'a pas de prochain, ou du moins qu'on ne s'en connaît pas, même en cherchant bien, comment remplir ce précepte évangélique ?
Rien de plus contagieux que la critique, mais rien de plus rare que d'échapper à la contagion.
Il est des perfidies de plus d'un genre, mais tout ce qui en porte l'empreinte, offre l'image la plus repoussante.
L'égoïsme est le chancre du cœur.
La préoccupation, venant de la tension de l'esprit sur un objet quelconque, peut tout aussi bien être le fait d'un sot que d'un homme d'esprit.
Rien de si rare que la vérité, et rien de si commun que le mensonge.
Les fanfarons en tout genre ne sont que des comédiens ambulants.
L'abus des mots est aussi ordinaire que l'abus des choses.
La gangrène du cœur est incurable.
Il n'est rien de si difficile à concevoir que ce qu'on ne veut point entendre.
Rien ne prouve mieux la majorité du vice que le petit nombre de misanthropes.
L'avare qui se refuse tout pour augmenter son trésor, ressemble à une abeille qui ne s'épuise que pour les autres.
La pensée de l'éternité met si peu de différence entre quelques heures et quelques années, que je n'ai jamais vu finir une bougie sans penser à une vie qui s'éteint.
Ce qui fortifie le plus l'hypothèse du hasard dans l'arrangement des choses de cet univers, c'est de voir tant de gens pourvus de facultés dont ils n'ont que faire, puisqu'ils n'en font aucun usage.
Il y a des gens qui semblent mettre autant d'ostentation à montrer la bassesse de leur âme que d'autres apportent de soin à cacher la leur.
Dans le cœur du chien la nature a déposé toutes les vertus qu'elle a oublié de placer chez les hommes.
Les hommes sont d'atroces coquins.
Le goût est inné comme le sentiment, il se développe par degrés, mais ne s'acquiert jamais ; il ne fait pas le mérite des choses, mais il en fait le charme.
Une âme reconnaissante peut ne pas receler toutes les vertus, mais une âme ingrate n'en peut contenir aucune.
L'ingratitude n'est qu'une bassesse quand elle s'en tient à elle-même, c'est-à-dire, au défaut de reconnaissance ; mais elle acquiert un caractère odieux, atroce, épouvantable, inconcevable, indéfinissable, quand de son état passif elle passe à un état hostile.
La franchise doit toujours être sous la tutelle de la prudence : c'est un bel arbre qui, portant autant d'épines que de fleurs, a besoin d'une main sage pour le cultiver.
L'amitié peut être un fort beau sentiment, mais c'est encore de une ces beautés idéales dont l'existence est beaucoup moins connue que le nom.
La sagesse serait sans mérite chez un homme né sans passions : où il n'y a pas de combat, il n'y a pas de victoire ; où il n'y a pas de victoire, il n'y a pas de triomphe ; et où il n'y a pas de triomphe, il n'y a pas de mérite.
L'homme vertueux ne fait pas toujours l'homme de mérite ; la nature peut à elle seule faire le premier, le mérite ne doit son existence qu'à lui-même.
Partout où je ne vois pas de difficultés, je ne vois pas d'efforts, et partout où je ne vois pas d'efforts, je ne vois pas de mérite : on peut exercer une vertu sans être vertueux.
L'amour-propre est la soupape de l'âme, il ouvre le passage à tous les sentiments qu'elle renferme.
La constance proprement dite vient de la stabilité du caractère ; l'inconstance de sa légèreté.
Le malheur est la vie, le bonheur en est l'ombre, l'espérance le soutien, le désir l'activité, la peine la nuit, la jouissance l'éclair.
La bêtise est la pénurie d'idées ; la sottise est l'ignorance de cette pénurie.
La timidité vient plus souvent d'un défaut de confiance dans les dispositions des autres que dans ses moyens.
Un avantage est une qualité reçue ; une qualité est un avantage acquis.
La raison est l'élève de notre jugement.
La suffisance est la confiance du sot.
Les hommes sont forts en paroles mais faibles en actes.
La prévention se fixe sur sa proie avec l'acharnement du vautour ; la mort a seule le pouvoir de l'en arracher.
Le véritable honneur n'a qu'un langage, ce n'est que le faux qui en a plusieurs.
Ce qui différencie la perfidie de l'abus de confiance, c'est la trahison personnelle ; car, sans elle, la perfidie ne serait qu'un abus de confiance.
Tout homme que vous croisez, pariez sur lui, sans hésiter une seule seconde, mille contre un qu'il est menteur : si vous perdez quelquefois, ne vous découragez surtout pas pour cela ; je vous garantis que plus vous en croiserez sur votre chemin, et plus vous serez gagnant à la fin de la journée.
Ôtez l'amour de la vie, il ne reste plus rien ; toute passion se fane, tout se décolore en son absence.
L'amour est la plus naturelle et la plus violente de toutes les passions ; elle peut, selon le caractère de celui qui en éprouve les atteintes, mener aux plus grandes choses comme aux plus horribles ; elle se compose, comme toutes les autres passions, de peines et de jouissances, mais dans un cœur qui sait la régler, les dernières l'emporteront toujours.
L'amour est le baume de la vie, il en est l'intérêt ; par lui la vie se renouvelle, et par lui elle se soutient.
Si les femmes n'ont pas toutes les vertus, elles en ont du moins davantage que les hommes ; elles ont plus de courage qu'eux dans leurs maux et dans la difficulté, plus de résignation dans leurs malheurs, plus de stabilité dans leurs sentiments, plus de profondeur dans leurs affections, plus d'héroïsme dans leur dévouement, plus de douceur et de sensibilité, plus de bonté et de pudeur que bien des hommes.
Les hommes ont tous les vices, et s'étonnent que les femmes n'aient pas toutes les vertus ; ils ne veulent pas seulement être des hommes, ils voudraient aussi que les femmes fussent plus que des femmes.
Ne vivre que pour aimer, n'aimer que pour souffrir, ne souffrir que pour mourir, voilà le sort de l'être sensible.
La vérité est l'éternelle compagne de la justice ; une mère tendre qui jamais ne se sépare de sa fille.
La franchise, ceux qui la possèdent le moins, sont ceux qui l'affectent le plus.
L'honneur, comme l'amitié, rien de plus commun que ce mot, rien de plus rare que la chose.
L'injustice, la calomnie, l'abus de confiance, sont les plus odieux des crimes.
Si les femmes ne faisaient plus partie du monde, il y a longtemps que je n'en ferais plus partie.
La morale consiste à ne jamais faire le mal.
Qui ne peut faire du bien doit du moins empêcher que le mal se fasse.
On est coupable du mal auquel on participe, soit en s'y prêtant, soit en y coopérant.
Toujours on a censuré le trop d'ambition, et il y a encore des ambitieux, tant qu'il y aura des fous.
L'homme qui se complaît dans ses dignités, son orgueil et sa vanité, me fait l'effet d'un paon qui, s'enivrant de la beauté de sa queue, oublie la laideur de ses pieds.
De toutes les énigmes de la nature, l'homme en est la plus grande.
L'équité est produite par l'amour de la justice ; la droiture, par l'amour de la vérité : jamais l'honneur ne marche sans elles.
L'essence de la grandeur est d'aimer tout ce qui est grand.
Tant que l'exemple ne sanctionnera pas la leçon, celle-ci restera toujours sans effet.
La délicatesse consiste à ne rien faire de mal, ni rien souffrir de contraire à l'honneur et à l'amour-propre d'autrui, et à s'abstenir de tout ce qui peut blesser ses sentiments, principalement chez ceux qui nous sont proches.
Quand on ne fait pas le bien pour le bien même, mais pour éviter un malaise, ou satisfaire un besoin, c'est soi qu'on sert et non la vertu.
Les gens qui en font le moins sont ordinairement ceux qui parlent le plus.
Les plus grands menteurs de ce monde occupent bien souvent les plus hautes fonctions d'un État.
Le goût est aux arts ce que la culture est à la terre.
Le goût supplée à beaucoup de choses, et rien ne supplée au goût.
L'orgueil se cache plus souvent que la modestie sous le voile de l'incognito.
Il y a des gens qui ne sont braves que de la lâcheté des autres.
Mille traits de bonté n'effaceraient pas une injustice.
Il faut être d'un esprit bien accommodant pour s'accommoder des hommes.
La solitude nous prépare à la mort, comme le travail nous prépare au repos.
Bien des hommes se croient grands parce qu'ils ne côtoient que des plus petits qu'eux.
Excepté la justice, la vérité, l'honneur et le devoir, une âme noble sacrifiera tout, jusqu'à sa vie, à la reconnaissance.
Tant que le moraliste ne sera pas moral, on ne croira pas plus à sa doctrine qu'à celle de tous les autres charlatans.
Le plus grand mal consiste dans la violation de la justice.