J'aime la vie libre, générale, aux larges horizons, et dans notre existence bourgeoise ordinaire, mille liens lilliputiens rabaissent l'âme. On vit par ses racines inférieures, on s'occupe forcément de petitesses sans nombre. Ce n'est point la vanité qui réclame en moi, mais la dignité. Ce que je reproche à notre vie ordinaire, c'est la trivialité, la banalité ; plongés dans le temps, le détail, la minutie, le calcul, nous oublions notre âme, notre vie immortelle, notre spiritualité infinie ; nous nous rapetissons, nous étiolons, nous avilissons. L'aigle devient volaille, l'oiseau fier, libre, aventureux devient timide et grossier citoyen de basse-cour. — Nous devenons chapons. — La poésie, l'art, l'enthousiasme, le génie, le sacrifice passent à perte de vue par-dessus nos têtes, et nous broutons courbés vers le sol. Notre cœur devient étroit au lieu de s'élargir. La vie bourgeoise nous appauvrit ; la gêne est un esclavage. - Ce que je veux, c'est la liberté spirituelle, la dignité humaine. Je la rencontre dans un cercle, et j'y tends. C'est tout simple.