Qui refuse sa tendresse n'est pas digne de recevoir la tendresse des autres.
La piété qui paraît touchée de nos maux nous console presque autant que la libéralité qui les soulage.
La fierté prend sa source dans la médiocrité.
Le monde endort les chagrins, mais il ne les guérit pas.
La joie de faire le bien est plus douce et plus touchante que la joie de le recevoir.
S'il nous revenait de nos bonnes actions que le seul plaisir de les avoir faites, elles seraient assez payées pour un bon cœur.
Il y en a qui accompagnent la miséricorde de tant de dureté envers les malheureux, qu'un simple refus eût été moins accablant qu'une charité si sèche et si farouche.
La source de nos chagrins est d'ordinaire dans nos erreurs.
Quoique nous sentions nos faiblesses nous sommes assez injustes pour exiger que les autres ne les voient pas, et qu'ils nous fassent honneur de certaines qualités que nous nous reprochons comme des vices.
Le mal n'est pas si grand quand on se trouve encore sensible après avoir commis une faute, c'est une preuve qu'il reste encore quelque chose de sain dans le cœur.
L'homme hâte ses peines et ses soucis, il va chercher dans l'avenir de quoi se rendre malheureux.
Les inquiétudes sur l'avenir forment le poison le plus amer sur l'instant présent de la vie.
L'homme ne se ressemble jamais d'un moment à l'autre, sa course ressemble à celle d'un insensé.
Le monde est trop triste et trop dégoûtant pour nous plaire et pour nous séduire.
L'âge et les réflexions guérissent d'ordinaire les autres passions, au lieu que l'avarice semble se ranimer et prendre de nouvelles forces dans la vieillesse.
L'aumône est la prière par excellence.
Plus on se livre à ses penchants, et plus on en devient le jouet et l'esclave.
Les seules louanges que le cœur donne sont celles que la bonté s'attire.
La calomnie est un feu dévorant qui flétrit tout ce qu'il touche, et noircit ce qu'il ne peut consumer.
Nos désirs et nos espérances sont nos dieux auxquels nous sacrifions tout.
Il suffit d'avoir été au moins heureux une fois pour se persuader que la vie est belle.
L'ambitieux est toujours prêt, selon que le vent tourne, à soutenir l'équité ou l'injustice.
Trop d'ambition nous rend faux, lâche et hypocrite, toujours prêt à marcher sur les autres.
On est capable de tout dès qu'on peut être l'ennemi du mérite et de l'innocence.
La jalousie est la passion des âmes lâches, c'est un aveu secret de sa propre médiocrité.
Les voies que prend la jalousie sont toujours secrètes, parce qu'elles sont basses et rampantes.
La vertu ne trouve plus personne qui ose se faire un honneur de se déclarer tout haut pour elle.
Si vous promettez une chose, faites en sorte que vos dons surpassent toujours vos promesses.
La vertu ne se conserve que par des sacrifices perpétuels.
Le monde promet beaucoup, et ne donne rien.
Toute lumière qui ouvre les yeux aux hommes à la vérité les blesse, et les révolte.
L'orgueil a été de tout temps la plaie la plus dangereuse de l'homme.
La vie humaine n'est qu'une mer agitée et furieuse où nous sommes sans cesse à la merci des flots.
L'indécision et l'incertitude conduisent souvent au préjugé, c'est le dernier écueil de la piété.
Nous sommes chers bien souvent aux yeux des hommes qu'autant que nous leur sommes utiles.
La félicité n'est jamais que dans l'idée de qui se la promet.
Nous devons, en nous conduisant avec les hommes, songer que Dieu nous voit.
Peu contents de nos malheurs, nous nous faisons encore une infortune du bonheur de nos frères.
L'ambition nous rend faux, lâches, timides, quand il faut soutenir les intérêts de la vérité.
La complaisance nous rend coupables de tous les vices des autres.
L'affabilité est comme le caractère inséparable et la plus sûre marque de la grandeur.
Le caractère du médisant est odieux devant les hommes comme il est abominable aux yeux de Dieu.
Les médisants sont partout ; le monde en est plein ; les asiles saints n'en sont pas exempts.