Vous avez vu naguère ce grand chêne, l'ornement de la forêt : plein de vigueur, il croissait encore, et ses branches ombrageaient au loin les arbustes d'alentour. Un coup de vent a suffi pour l'abattre ; tandis que sur le bord du ruisseau, ce vieux saule, réduit depuis longtemps à la moitié de son écorce, subsiste toujours, et pousse des rameaux verdoyants. C'est ainsi que souvent la mort atteint celui qui, dans la force de l'âge, comptait avec confiance sur une longue vie ; la cruelle qu'elle est semble se faire un jeu barbare de frapper la jeunesse et la santé, pendant que, dédaignant une facile victoire, elle épargne longtemps ce vieillard infirme dont la frêle existence diffère peu du néant ! L'incertitude de notre dernière heure, en nivelant tous les âges, permet toujours l'espoir, mais nous oblige sans cesse à la prévoyance.