Un livre est une lettre écrite à tous les amis inconnus qu'on a dans le monde.
Qui a la prétention d'enseigner ne doit jamais cesser d'apprendre.
Blâmer la vanité d'autrui, sans cesser de le flatter, c'est se plaindre de la chaleur d'un feu qu'on attise.
On ne jouit qu'une fois du plaisir de se venger, on jouit toujours du plaisir de pardonner.
On doit son cœur à peu, on doit son indulgence à tous.
La prudence, simple qualité quand elle n'est utile qu'à nous-mêmes, devient une vertu quand nous l'employons pour les autres.
Quand on croit aimer une personne, c'est sa présence qui bien souvent nous trompe ; quand on l'aime véritablement, c'est son absence qui nous en instruit.
Plus l'homme s'élève au sein des sciences, plus il apprend à s'abaisser devant Dieu.
Il ne sert de rien de taire un secret lorsqu'on le montre.
Un défaut ne nuit qu'à nous ; un vice nuit à nous et aux autres ; une qualité ne sert qu'à nous, une vertu sert à nous et aux autres.
Quand on a le secret d'être heureux, il ne faut pas le garder.
Défions-nous du bonheur : il faut agir avec un pareil ami, comme s'il devait être un jour notre ennemi.
Hommes qui calomniez les femmes ! ah ! sans doute, une mère ne prit point soin de votre enfance.
La flexibilité vient plus de force que de faiblesse, puisqu'elle nous fait ployer quand nous le voulons, et la faiblesse, quand les autres le veulent.
Notre siècle est si éclairé que nous avons cessé de croire aux sibylles et aux oracles ; il n'y a plus que les tireuses de cartes qui fassent fortune.
Voulez-vous être vengés d'un méchant homme ? Prenez patience.
Il est rare qu'il ne manque pas quelque chose aux qualités de ceux qui se plaignent qu'elles leur sont funestes.
On ne jouit qu'une fois du plaisir de se venger, on jouit toujours de l'idée de ne s'être pas vengé.
Il est faux de dire qu'on ne se donne jamais la constance ; et comme il en est une qui vient du tempérament ou de l'habitude, il en est une autre que nous pouvons tirer des lumières de notre raison et de cette connaissance des personnes et des choses, qui fait qu'on s'attache aux meilleures, et qu'on s'y tient.
Ce n'est pas avec des paroles que la confiance doit se demander.
Celui qui, après avoir été homme de bien, a cessé de l'être, est plus dangereux que celui qui ne l'a jamais été.
Nous sommes moins souvent conduits à nous aimer exclusivement par un égoïsme qui nous soit propre, que par celui que nous supposons dans les autres.
L'esprit ne peut être juste, si le cœur n'est droit.
Personne ne se croit plus d'esprit que celui qui n'a rien de mieux.
On n'a pas toujours de la reconnaissance pour les services qu'on a acceptés, mais il est bien rare qu'on en manque pour ceux qu'on a refusés.
Quand les grandes passions dorment, les petites se mettent en mouvement.
Les hommes aiment qu'on leur dise leurs vérités, mais un homme n'aime pas qu'on lui dise les siennes.
Dans l'extrême jeunesse, on vit trop hors de soi ; dans la vieillesse, trop en soi : l'âge mûr allie ces contraires.
La paresse est à l'égard des vertus ce qu'un étang est aux terres qui l'environnent.
La modestie est une qualité d'autant plus précieuse chez les femmes, qu'on fait tout ce qu'on peut pour les en guérir.
Les envieux se plaignent du mérite, mais le mérite ne se plaint jamais d'eux.
Ce n'est pas au tribunal du public que doivent se porter les plaintes de l'amitié.
Le silence est la parure et la sauvegarde de la jeunesse.
Il entre dans la politesse plus d'habitude ou de vanité que de bienveillance.
La politesse est comme l'eau courante, qui rend unis et lisses les plus durs cailloux.
On cherche à compenser par des plaisirs ce qu'on est obligé de retrancher des espérances de son ambition.
La raison naît en nous de l'expérience aidée de la réflexion ; et quand elle est devenue tout ce qu'elle doit être, on s'informe aussi peu de nos folies passées que de la fleur qui a précédé un excellent fruit.
La prudence ne prévient pas tous les malheurs, mais le défaut de prudence ne manque jamais de les attirer.
Les assurances répétées de reconnaissance n'en sont qu'un signe équivoque.
Rien ne devrait plus nous aider à nous réconcilier avec les autres que la facilité arec laquelle nous nous réconcilions avec nous-mêmes.
La plus grande étendue d'esprit ne met pas à l'abri des préventions.
Les âmes faibles sont aveuglées par la passion ; les âmes fortes sont quelquefois éclairées par elle.
Quand une passion forte s'allume en nous, elle en fait quelquefois naître d'autres, comme la chaleur fait éclore plusieurs germes.
Les pédants sont, en un sens, plus ignorants que les ignorants de profession.
Quand l'amour-propre domine dans la jalousie, l'amour a perdu son empire.
La difficulté que nous avons à nous condamner devrait nous guérir de notre facilité à blâmer les autres.
Par ce que disent les gens on juge du prix de leur silence.
Il y a des gens avec qui on n'a à craindre que la malice du silence.
On se tait quelquefois pour avoir trop à dire.
Le scepticisme est un dégoût de l'esprit que rien n'intéresse, il doute de tout.
La sagesse inutile au monde est pire que certaines folies qui servent au moins à l'amuser.
Le sage ne brave ni ne redoute le ridicule.
Un des plus grands ridicules est la frayeur qu'ils inspirent.
La raison, pour obtenir le respect des hommes, a besoin d'être couverte de la rouille de l'antiquité.
La prudence, pour être une vertu, ne doit pas déconseiller le courage.
Le misanthrope est un honnête homme qui n'a pas bien cherché.
L'affectation empêche d'être soi, et ne permet pas d'être un autre.
L'orgueilleux méprise le suffrage public ; l'homme vain en est l'esclave ; le sage est heureux s'il l'obtient, consolé si on le lui refuse.
La vue et le dégoût de tous les abus d'esprit, de toutes les espèces de charlatanisme qu'on rencontre dans le monde, nous attachent quelquefois à la simplicité.