La faim donne au pauvre le droit sacré d'importuner le riche.
Toutes les femmes ne savent pas combien la douceur leur donnerait d'empire.
La candeur est le plus bel ornement des femmes.
Le gourmand qui a toujours le nez sur son assiette ne voit rien au-delà.
La réputation est une fleur qui ne rapporte pas toujours du fruit.
Bienfaiteurs des humains, qui vous plaignez de leur ingratitude, vous oubliez le sort de Jésus-Christ.
La fortune est un enfant peu difficile en jouets, elle ballote aussi bien un pauvre hère qu'un potentat.
On peut se glorifier d'avoir pris un bon billet à la loterie avec autant de raison que de sa naissance.
L'impartialité consiste à avoir même poids et même mesure pour chacun.
Souffrir ! Terrible expression des destinées de l'homme et comment tous ne s'entendent-ils pas pour en affaiblir le sens ?
Le souris est une marque de bienveillance, d'applaudissement et de satisfaction intérieure.
Comme les martyrs, les auteurs sont livrés aux bêtes.
Le meilleur livre est celui qui renferme le plus de vérités.
Je ne l'ai que trop éprouvé, le bonheur est une balle après laquelle nous courons tant qu'elle roule, et que nous poussons du pied quand elle s'arrête.
Le cimetière est pour nous le champ de l'égalité.
Qu'un aigle crie ou qu'un lion rugisse, il suffit de les entendre pour juger de leur force.
La calomnie creuse sous nos pas comme la taupe, et nous fait trébucher.
La morale est dans la tête, et la moralité dans le cœur.
Il n'y a rien de plus choquant ni de plus incivil que l'indiscrétion des gens.
En France le droit de chasse estime plus la vie d'un lièvre que la liberté d'un homme.
Les serments ne font rien qu'avilir en effet celui qui les demande, et celui qui les fait.
L'âme la plus vile est celle qui s'avilit pour plaire.
La plus douloureuse lassitude est celle des plaisirs.
Les personnes aimantes ont plus de jouissances que les autres.
De l'abus d'une chose ne concluez pas contre son usage.
La probité s'arrête aux devoirs de la justice, l'honnêteté s'étend à tous les services.
Des niaiseries bien imprimées et bien reliées n'en paraissent que plus plates.
La méthode est aux ouvrages d'esprit ce que la régularité des traits est à la beauté.
Le respect, l'estime, l'attachement s'acquièrent et ne se commandent pas.
L'honneur est comme la neige dont la blancheur est ternie par les pas qui la foulent.
La routine fait les trois quarts de la besogne dans le travail de la vie, demain comme hier.
Il n'est rien de plus insupportable qu'un pauvre gueux arrogant.
La présomption est compagne de l'inexpérience.
Il est peu de choses et de personnes qui ne puissent se remplacer, si ce n'est la vertu et ceux qui la suivent.
Nos goûts s'émoussent par la satiété, la privation les réveille.
On n'acquiert le superflu qu'aux dépens du nécessaire.
Mettez-vous à la place de celui à qui vous voulez faire une injure, et vous ne l'offenserez jamais.
Il faut examiner longtemps ce sur quoi on ne peut statuer qu'une fois.
Quiconque viole un engagement dégage celui qui l'a souscrit.
Parmi les bêtes sauvages, la plus à craindre est le tyran.
Un sage appelait son corps sa bête ; il la nourrissait, la vêtissait, la promenait, la soignait avec attention ; mais il ne l'écoutait jamais.
La hauteur n'a jamais les grâces et la majesté de la vraie grandeur.
Le divertissement le plus facile est celui que donne le changement d'occupations.
La dureté de l'esprit se communique au cœur.
L'encre de la médisance est indélébile.
Il faut laisser une certaine latitude à l'esprit, trop de liens l'énervent.
Quand on s'accoutume à parler des vices d'autrui, on ne fait plus attention à leurs vertus.
Le courtisan peut être un homme honnête, l'homme courtisan est nécessairement un malhonnête homme.
Ne faites pas votre joie du malheur d'autrui.
Un despote est préférable à un corps despotique.
Entre deux vrais amis, celui qui oblige est le plus heureux.
Le despote aime mieux accorder des grâces que de rendre justice.
Le pardon ôte à un ennemi le pouvoir d'altérer votre caractère ou votre repos.
La bienfaisance change l'or en panacée universelle.
Les traits de la médisance, acérés par les deux bouts, blessent aussi celui qui les enfonce.
La plus sotte des occupations est de s'adorer dans un miroir.
L'être le plus féroce de la création, c'est une âme humaine sans pitié.
L'homme se fait plus de maux à lui-même que ne lui en fait la nature.
Le malheur allonge la vie, le plaisir l'abrège.
Le travail sauve de l'ennui.
Les mécontents sont souvent moins malheureux qu'ils ne voudraient.
Les lois d'exception, toujours odieuses, ne sont qu'un despotisme légal.
L'imprévoyance nous perd, la vigilance nous garde.
L'homme insensé est un clavecin sans cordes.
Les plus hautes dignités sont des piédestaux qui rapetissent les hommes sans mérite.
Le mariage entre deux amants éperdus est un contrat passé dans le transport de la fièvre.
La négative est le refuge de l'imbécile ignorance.
Il existe une musique de style, et celui qui ne la possède pas, ne saura jamais écrire.
Il est une fermeté douce qui ressemble à une barre de fer entourée de velours.
On ne peut s'empêcher de sourire en voyant les médisants et les calomniateurs se tuer à qui mieux mieux.
Si l'on n'est pas toujours maître de tenir sa promesse, on l'est presque toujours de n'en pas faire.
Si les hommes avaient une juste idée de Dieu, ils n'auraient plus besoin de ses représentants.
La philosophie n'applique ses mépris qu'aux choses ; le philosophisme l'applique aux hommes.
Le menteur a besoin d'une mémoire exquise.
La plupart des hommes ne sont ni à aimer, ni à haïr, mais juste à supporter.
Qui a deux cordes à son arc se tire d'une mauvaise affaire.
Le bien vivre n'a d'autre mobile que le bien mourir.
Le plus malheureux des hommes est celui qui fait le plus de malheureux.
Le pouvoir absolu sous des formes populaires est le grand œuvre du machiavélisme.
Il n'y a de louanges désirables que celles des hommes louables.
Le mariage est une loterie, chacun doit y prendre lui-même son billet.
Il y a des espérances qui ne valent pas mieux qu'un billet perdant de loterie déjà tirée.
Les désirs de l'homme sont sans limite, ils ont l'univers pour perspective.
Le jeune homme doit s'attacher au vieillard, comme le lierre à l'orme.
Le beau parleur aime mieux avoir les mains et les pieds liés que la langue.
Une jeunesse licencieuse ne transmet à la vieillesse qu'un corps usé.
L'esprit, comme le corps, a sa lassitude ; il fonctionnera mal si vous ne lui accordez aucun repos.
On se lasse de plaindre ceux qui se plaignent toujours.
L'homme se connaît par sa langue, de même qu'une mauvaise noix à sa légèreté.
Dans l'amour, si l'inconstance donne des plaisirs, la constance seule donne le bonheur.
Le malheur est aux lieux qu'on habite, et le bonheur où l'on n'est jamais.
Celui qu'on aime n'a point de défauts, et si l'on vient à le haïr, il n'a plus de vertus.
Les insultes sont toujours les raisons de ceux qui ont tort.
Qui ne plaint personne ne mérite pas qu'on le plaigne.
Ne jugeons promptement de personne ni en bien ni en mal.
Le despotisme aime l'ignorance qui n'a d'opinion que celle qu'il lui donne.
Ne séparez jamais l'homme que vous jugez des circonstances où il se trouvait.
Nous n'avons pas de plus dangereux flatteurs que nous-mêmes.
Les courtisans voient de trop près, le peuple voit de trop loin, les citoyens éclairés se placent au vrai point de vue.
Tout livre est l'art d'un homme, mais la nature est l'art de Dieu.
Ceux qui croient que l'argent fait tout sont sujets à tout faire pour de l'argent.
On n'aime pas longtemps ceux qu'on n'estime pas.
Laissez parler les médisants, ils se montrent et se font connaître tout seuls.
La vraie connaissance de Dieu est une parfaite ignorance de lui.
Ni le trône, ni le sceptre ne préservent du malheur.
Toute femme qui cède à son amant est une idole renversée.
Toute puissance appuyée sur l'opinion doit suivre ses mouvements ou renverser.
Il est plus facile de renverser que d'élever.
Le sage raisonne sur et non pas contre les faits.
Le cœur d'une femme est la plus grande des contradictions ; rien n'est plus indéchiffrable que ses sentiments, et la pénétration la plus vive s'égare dans le labyrinthe de ses passions.
Les extrêmes se touchent : l'homme réellement supérieur et l'homme vil ne se peuvent offenser.
Le médisant, le calomniateur et le traître se proscrivent eux-mêmes, ils sont comme exilés au sein même de leur patrie.
La crainte d'un malheur imaginaire nous précipite quelquefois à la rencontre d'un réel, dont nous pouvons au moins mesurer toute l'étendue, comme on aime mieux voir un danger en face que le sentir derrière soi.
L'orgueil vient de Satan, et le pédantisme vient de l'ignorance.
Sans la grandeur d'âme, on ne peut trouver les nuances entre le ton de l'arrogance et celui de la dignité.
Le pédantisme, enivré de sa vaine science, est tout bouffi d'arrogance.
Rien de beau que le vrai, mais tout ce qui est vrai n'est pas beau.
La source de la véritable science est dans les faits.
La raillerie n'est presque jamais qu'une méchanceté timide et déguisées.
La cupidité est la ruine de la charité ; la charité est la destruction de la cupidité.
La vanité fait des prodiges de mémoire en racontant sa vie.
Les drapeaux des partis sont des linceuls dans lesquels on ensevelit la patrie.
Il y a des gens qui, à force de raconter les mêmes fables, finissent par les croire vraies.
Il faut allier, par un sage tempérament, une force qui retienne les enfants sans les rebuter, et une douceur qui les gagne sans les amollir.
Les habits sont des surfaces artificielles, et les hommes s'y arrêtent.
L'amabilité ressemble souvent au duvet doux et brillant de fruits durs et amers.
L'innocence se prend au piège de l'amour.
Les extases d'une admiration feinte sont un piège auquel se prennent la pudeur, et la femme qu'elle embellissait.
Que de choses, que d'heureux hasards, que de complaisances de la fortune et des hommes il faut pour le bonheur d'un capricieux !
De capricieux à capricieux, et de brave à brave malaisément la concorde y règne.
Qui peut dominer les sentiments de son cœur reste maître de ses actions.
Ne vous pressez jamais de publier votre ouvrage : chaque jour amène perfection.
L'obéissance est nécessaire dans toute association, même entre des rebelles.
Nos désirs s'étendent à mesure que la fortune les satisfait.
Le pressentiment est un messager du destin.
Le vice et la vertu, l'égoïsme et la bonté, font mauvais ménage ensemble.
L'humeur annonce plus souvent le secret mécontentement de soi-même que des autres.
La bonne éducation double l'homme ; le bon usage double la fortune.
Tout homme qui veut dominer sort du rang, et ne se fait que des ennemis.