La véritable poésie se reconnaît à ce signe que, sorte d'évangile mondain, par la sérénité et le bien-être intérieur qu'elle procure, elle sait nous soulager des fardeaux terrestres qui nous accablent. Elle nous emporte comme en ballon, avec le lest qui s'attache à nous, dans des régions plus hautes, et elle nous fait voir à vol d'oiseau, déroulés sous nos yeux, les dédales confus de la terre.
La poésie est la volupté des anges.
La poésie n'admet pas de réplique et n'admet pas de commentaire.
Il ne me reste aujourd'hui ni temps ni force pour la poésie, mais elle couve au fond de mon âme.
La poésie est l'art de l'intelligence, la plastique est l'art des yeux, et la musique est l'art de l'oreille. La poésie relève par le rythme les formes de la parole ; la plastique embellit par le jeu des lignes ou des couleurs les formes du corps humain et de la nature, et la musique ennoblit par l'harmonie les charmes de la voix.
La poésie pour ceux qui la comprennent bien, est une consolation morale ; c'est pour l'âme, en quelque sorte, une musique mystérieuse qui la pénètre des plus délicieuses émotions ; la poésie telle qu'elle doit être, c'est-à-dire, pure, chaste, et nourrie de nobles sentiments, est le premier des arts.
Religion ? Opium. Poésie ? Haschisch. Deux poisons. Deux complices.
Des vers, de la poésie ! Qui lit des vers aujourd'hui ? En province, dans d'heureux petits coins de terre où la vie est plus lente, plus recueillie, plus intime, il y a sans doute encore des gens pour bercer doucement à la cadence des rimes leur rêverie tendre ou mélancolique. Mais, à Paris, dans le fracas des grandes villes, dans le tumulte des affaires et de la bataille politique, qui donc a le loisir de prêter une oreille attentive au chant du poète ? On fait pourtant des vers ; on en fait même beaucoup, de bons, de médiocres et de pires. Honneur aux braves, aux obstinés servants de l'idéal, aux fidèles de la poésie !
Quand la poésie se met à la queue d'un parti politique, elle se dégrade. De souveraine, elle descend au rôle de servante. La princesse éblouissante devient Peau d'Ane. Et pourtant notre cour devrait être un abime d'indulgence pour les poètes, ne fût-ce que par gratitude pour les saintes joies qu'ils nous ont données dans leurs jours de lumière.
Les soucis de notre temps ne font que rendre la poésie plus nécessaire. Elle est, avec la religion bien comprise, le baume qui adoucit et console, la voix qui dit en nous : Élevez vos cœurs !
La plupart des gens font banqueroute parce qu'ils ont trop lourdement investi dans la prose de la vie. Finir ruiné par la poésie est un honneur.
La poésie est une, qu'elle se traduise par un chant, un poème ou un tableau ; seulement le génie complet parle ces trois langues.
La poésie n'est pas telle que la fleuraison d'un champ. Celle-ci se développe sans soin et il ne lui faut que la lumière et la chaleur du soleil pour étaler toute sa beauté. – La nature, à ceux-là mêmes qu'elle a le plus enrichis de ses dons, ne donne que la possibilité de devenir artistes ; mais un sérieux et long travail et une ferme persévérance sont nécessaires pour qu'ils le deviennent effectivement ; et de ceux dont le front est ceint de lauriers toujours verts et dont tout le monde civilisé reconnaît les mérites, il n'y en a pas un qui ne doive sa couronne seulement à sa bonne fortune et non à son propre travail.
Une généreuse critique épure le feu de la poésie, et enseigne à admirer avec connaissance.
Le but de toute haute poésie est la représentation de la nature humaine, la douleur sans nom, les tourments des hommes, le triomphe de la méchanceté, la domination ironique du hasard l'irrémédiable chute du juste et de l'innocent, c'est là un signe remarquable de la constitution du monde et de l'existence.
Saisir l'inspiration au vol et lui donner un corps dans les vers, telle est l'œuvre de la poésie.
La Poésie n'est pas de tout repos, elle peut s'accommoder du luxe, mais elle refuse le confort.
La poésie, c'est la communication absolue d'une personne à une autre : Un partage sans reste, un échange sans perte.
La vie n'est jamais belle, il n'y a que les tableaux de la vie qui soient beaux, lorsque le miroir de la poésie les éclaire et les réfléchit, surtout dans la jeunesse quand nous ne savons pas encore ce que c'est que de vivre.
Un livre de poésie entre les mains de la plupart des hommes, fort éclairés d'ailleurs, est comme une partition de musique devant ceux qui ne savent pas solfier.
La poésie doit ressembler à l'or pur : la pensée, c'est le poids ; le titre, c'est la correction ; le son, c'est l'harmonie.
La voix claire d'aucun ennui : la poésie c'est suivre son cœur en allant à la fête.
La mélodie est à la musique ce que l'image et le sentiment sont à la poésie, une fleur qui peut s'épanouir spontanément.
La poésie est comme le soleil, qui fait pousser les forêts éternelles et qui engendre les cousins, les moucherons, les moustiques.
La poésie est un délire inspiré par les muses à une âme simple et vierge.
Les raisonneurs font fuir la poésie, mais elle sait aimer la raison.
La poésie n'est pas dans les coquelicots et les bluets, elle est dans les épis de blé.
La plus belle des proses est celle à laquelle se mêle le plus de poésie.
La poésie du mouvement pour en savourer la volupté, il faut s'être trouvé seul, sur une hauteur, au milieu du calme de la nuit, et avoir contemplé la marche des étoiles ! Après cette incursion dans le domaine des constellations célestes, l'esprit, élevé au-dessus des préoccupations terrestres, des pensées et des visions ordinaires, comprend mieux l'éternité.
La poésie, fille de l'enthousiasme, est le langage des dieux.
La poésie doit passer par la bouche d'une femme comme la rosée doit couler d'un calice ; la voix pure et tendre de la femme en est la vraie musique.
La poésie c'est suivre son cœur en allant à la fête.
Les charmes de la poésie font oublier aux âmes sensibles les plus rudes fatigues.
La poésie est l'héroïne de la philosophie. La philosophie élève la poésie au rang de principe. Elle nous apprend à connaître la valeur de la poésie. La philosophie est la théorie de la poésie. Elle nous montre ce qu'est la poésie, qu'elle est un et tout.
J'aime la poésie avec entêtement, et surtout quand les vers sont tournés galamment.
La poésie est une religion sans espoir. Le poète s'y épuise en sachant que le chef-d'œuvre n'est, après tout, qu'un numéro de chien savant sur une terre peu solide.
La poésie est des dons de l'esprit plutôt que des fruits de l'étude.
Les belles images poétiques vont aux Louvres des Anthologies.
La poésie, c'est cela qui importe. La poésie des mots, mais aussi et surtout celle des choses, celle des sens, du sens et du non-sens, celle des sensations que l'on éprouve durant ce court rêve éveillé qu'est la vie.
La poésie est la conscience d'un monde passé et d'un monde à venir.
La poésie, c'est le langage qui est libre à l'égard de soi-même.
Un amour naissant inonde le monde de poésie.
La poésie, contrairement à la musique, n'a pas une âme voyageuse, elle est capable d'un seul paysage : la langue de son pays.
Il y a dans la musique, la poésie et les beaux-arts quelque chose de surhumain qui ne peut venir que des cieux.
De la poésie naissent les belles pensées, les généreux élans du cœur.
La jeunesse est l'âge de la poésie, celui où elle amasse ses trésors, mais non, comme quelques-uns le croient, celui où elle peut en faire usage. De cet or pur entassé autour d'elle, elle ne sait rien tirer. Vienne le temps qui le lui arrache pièce à pièce, alors, en lui disputant sa proie, elle commence à connaître ce qu'elle avait ; par ses pertes, elle apprend ses richesses ; par ses regrets, ses joies taries. Alors le cœur se gonfle, alors l'imagination s'allume, alors la pensée se détache et s'élève vers la nue… alors Virgile chante !
La poésie est la langue de tous les âges de l'humanité, naïve et simple au berceau des nations, conteuse et merveilleuse comme la nourrice au chevet de l'enfant.
La poésie, cette langue quand elle est bien parlée, foudroie l'homme comme la foudre, et l'anéantit de conviction intérieure et d'évidence irréfléchie, ou l'enchante comme un philtre et le berce immobile et charmé, comme un enfant dans son berceau aux refrains sympathiques de la voix d'une mère !
La poésie c'est ce que l'homme a de plus divin dans la pensée ; de ce que la nature visible a de plus magnifique dans les images et de plus mélodieux dans les sons ! C'est à la fois sentiment et sensation, esprit et matière, et voilà pourquoi c'est la langue complète, la langue par excellence qui saisit l'homme par son humanité tout entière, idée pour l'esprit, sentiment pour l'âme, image pour l'imagination, et musique pour l'oreille !
La peinture est la poésie des yeux.