Le premier caractère commun à tous les arts est d'être des sciences destinées uniquement à nous donner des plaisirs. Il n'en est aucun qui ne demande un pénible apprentissage, de longues et difficiles études et beaucoup de pratique ; on passe sa vie à les apprendre, on ne croit jamais les savoir.
Les arts ne brillent pas, comme on le croit, à l'heure de la virilité des peuples. Ne serait-ce pas des fleurs qui croissent sur des tombeaux ?
Tous les arts sont jugés par de prétendus connaisseurs qui ne peuvent les pratiquer. Il en est ainsi souvent de l'art d'écrire ; et nulle part l'abus n'est plus ridicule et plus nuisible. Pour être un excellent critique, il faudrait pouvoir être un bon auteur.
La musique est le couronnement, la suprême fleur des arts.
Dans les arts, le raffinement n'est pas le dernier mot du progrès, c'est le premier de la décadence.
Dans tous les arts, il y a des morts qui continuent de vivre, et des vivants enterrés depuis longtemps.
Les arts sont un besoin de l'esprit et du cœur ; aimer et s'occuper, voilà le vrai bonheur.
Les arts ont besoin de témoignages de considération ; la soif de reconnaissance donne à tous de l'ardeur au travail alors qu'on abandonne vite une activité qui ne rencontre pas l'adhésion.
Le plus fructueux de tous les arts, c'est l'art de bien vivre.
Non, les lois dans les arts ne sont jamais anciennes, elles existent de tout temps. Les grands principes sont constants. Le soleil a ses lois ; le génie a les siennes.
Tous les arts empruntent à la nature les réalités dont ils nous offrent l'image, car la nature, ce n'est pas seulement le ciel, la terre et la mer, les champs et les bois, les rochers, les animaux et les plantes, c'est aussi la nature humaine, notre âme, nos instincts, nos penchants, nos habitudes, la destinée de notre cœur, la société même où nous vivons, ses croyances et ses dieux, ses mœurs et ses usages, qui deviennent pour l'homme une seconde nature.
On peut avoir du génie et ne pas goûter tous les arts.
Les arts ont créé un monde nouveau, mais ils se sont trop multipliés. Il y en a plus de superflus que de nécessaires ; beaucoup trop pour les plaisirs, trop peu pour les besoins de la vie.
Les arts sont le devoir et l'existence même des artistes, tout le temps qu'ils ont leur est dû.
Je suis un pauvre ignorant qui, sans connaître les arts, me prosterne humblement devant leurs merveilles. On ne m'initia point à leurs mystères, mais j'en embrasse dévotieusement le culte extérieur. Je n'expliquerais point d'où vient le charme prestigieux qu'ils répandent, mais je cède avec volupté à leurs séductions.
II n'y a que l'habitude et un long exercice qui puissent mener à la perfection dans tous les arts. Les talents naturels ne se peuvent développer que par-là, ou plutôt, c'est par-là qu'on acquiert des talents.
Dans tous les beaux-arts c'est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots.
Les arts, l'industrie, tout enfin rajeunit sous la main de l'homme, lui seul vieillit et meurt au milieu de la vie qu'il sait répandre sur tout ce qui l'entoure.
Il est tout naturel que l'homme cultive les arts, puisqu'ils contribuent à augmenter son bonheur.
C'est à l'aide des arts et des lettres que le génie vient à briller de tout son éclat.
Si l'homme n'était pas aussi essentiellement copiste, les arts et l'industrie feraient bien plus de progrès.
Je le répète encore, la vérité des arts est un mensonge charmant qui entretient l'espoir du mieux dans le cœur de l'homme, et de ce doux espoir l'homme eut toujours besoin. L'art consiste dans les moyens de présenter agréablement la nature. L'homme de la nature est-il artiste ? Oui ; car on ne peut supposer l'homme vivant dans une profonde solitude, à moins qu'il n'y soit forcé : en courant après sa compagne, il voit bientôt naître sa société. L'homme heureux aime la propreté ; il devient artiste en parant sa cabane ; de même que la jeune amante le devient en parant sa personne. Le jeune amant cherche tous les moyens de plaire à celle qu'il aime, et dont il veut être préféré : il sait que les fruits vermeils ont plus d'éclat lorsqu'ils sont posés sur la feuille verdoyante ; il sait donner une forme élégante au bouquet de fleurs qu'il lui prépare ; il sait en nuancer les couleurs ; et lorsqu'il offre son présent, il sait chanter mélodieusement, en lui disant, Je t'aime.
Ce qu'il y a de pur, de noble, d'élevé dans le plus sublime des beaux-arts, n'est pas fait pour être senti par une âme rampante et avilie ; elle n'entend pas ce langage ; elle trouve dans sa propre bassesse une incrédulité toute prête contre les sentiments généreux.
Tous les arts sont frères, chacun apporte une lumière aux autres.
Les beaux-arts sont essentiellement le miroir des plus brillants faits, des plus grandes pensées d'une époque, et rarement ils demanderont à un avenir douteux des objets d'inspiration. Mais si leur mission n'est point de devancer leur époque en formulant des idées non encore reçues, en illustrant des faits non encore accomplis, elle est de prêter leur éclat aux plus heureux événements, aux plus dignes personnages contemporains, de donner à la religion ses pompes, ses temples, ses ornements, ses harmonies, de faire revivre, pour la politique, les héros anciens et modernes, comme des types qu'ils ont charge d'éterniser aux yeux ; de reproduire, pour la morale, les scènes les plus édifiantes, les actions sublimes et les traits vénérables des hommes bienfaisants ; leur mission, en un mot, est d'éterniser tout ce qu'un siècle a de plus beau, de plus grand et de plus généreux, et s'ils n'anticipent pas sur les siècles à venir par de hardies prévisions, ils leur lèguent du moins les meilleurs modèles du passé.
Les sciences qui honorent l'esprit humain ; les arts qui embellissent la vie et transmettent les grandes actions à la postérité, doivent être spécialement honorés dans les gouvernements libres. Tous les hommes de génie et tous ceux qui ont obtenu un rang dans la république des lettres sont frères, quels que soient les pays qui les aient vus naître.
Il est des émotions tellement délicates et des objets si ravissants qu'on ne saurait les exprimer qu'avec des couleurs ou des sons. On doit regarder les arts comme une sorte de langue à part, comme un moyen unique de communication entre les habitants d'une sphère supérieure et nous.
Les arts sont devenus pour les hommes riches une nouvelle source de plaisirs : leur âme s'épanouit à la contemplation de ces ouvrages que le goût et la frivolité semblent avoir exprès inventés pour eux. Il est du grand ton aujourd'hui de se ruiner pour embellir sa demeure de tous ces riens précieux : on ne connaît plus ce que c'est que d'aller dans les champs contempler de ses propres yeux les différentes productions de la nature, depuis que l'art s'est occupé de les représenter sur la toile et sur le marbre. Que d'hommes à Paris pour qui la campagne est un pays étranger, et qui ne connaissent qu'en peinture ses richesses et ses beautés !
Les beaux-arts ne sont pas destinés à nous offrir une copie servile de la nature, mais une imitation libre ; l'essence du génie est d'être créateur, et pour l'artiste, créer le beau, c'est le choisir.
Les beaux-arts sont le langage des passions, les sciences celui de la vérité.
L'étude des sciences positives développe la passion du vrai, comme l'étude des beaux-arts développe l'enthousiasme du beau.
Sagacité, esprit vif et justesse, tels sont les éléments du bon goût dans les arts.
Dans la culture des arts que l'imitation soit pour nous comme un ami qui nous guide ; ne souffrons pas que jamais il nous porte sur ses épaules.
Quiconque aime véritablement les arts, donner des préférences et non pas des exclusions.
L'esprit sert à peu dans les arts, à empêcher l'enthousiasme et nier le génie, voilà tout.
Le doute est dans tous les arts l'ennemi le plus cruel qu'on ait à combattre.
En France, il semble qu'on aime les arts pour en juger bien plus que pour en jouir.
Le mouvement est le caractère essentiel de la société moderne. C'est par les arts du mouvement qu'elle trouvera son expression. La musique et l'art oratoire sont appelés, par la force des choses, à la prééminence sur les arts plastiques jusqu'au jour où les conditions nouvelles de l'état nouveau étant acceptées par la conscience publique, un ordre véritable rendra aux esprits le sentiment de la permanence et l'amour de la stabilité.
Sur les arts, les esprits et les goûts, le jugement d'un seul n'est point la loi de tous.
Il ne faut pas l'oublier que les arts ne sont pas tous pareils : c'est par une porte différente que chacun d'eux accède au monde. Parmi ces portes, l'une d'elles est réservée en exclusivité au roman.
La variété dans l'identité, c'est l'un des secrets de tous les arts.
Si quelqu'un se croyait en droit de mépriser les arts parce qu'ils imitent la nature, on pourrait lui répondre que la nature elle-même à des modèles qu'elle imite. En outre, les arts n'imitent pas précisément les objets tels que nous les avons sous les yeux ; ils remontent à ces idées de la raison qui sont les lois de la nature et auxquelles elle se conforme dans ses œuvres. Il y a plus, l'art tire beaucoup de lui-même, et d'un autre côté ajoute beaucoup à la nature ; il lui donne ce qui lui manque en perfection, parce que c'est lui qui possède la vraie beauté. Phidias a pu représenter Jupiter, quoiqu’il n'en trouvât pas le modèle autour de lui ; mais il concevait par la pensée le Dieu tel qu'il devait se manifester aux regards des hommes.
La danse mimique devrait, à proprement parler, servir de base à tous les arts figuratifs. Si le charme qu'elle exerce sur les sens est très vif, il est momentané et fugitif. Aussi cet art, pour produire ce charme, doit-il pousser ses moyens à l'extrême. C'est là ce qui effraie heureusement les autres artistes. Cependant, avec de la prudence et de la circonspection, ils trouveraient ici beaucoup à prendre.
Dans les arts, on doit tout ramener au point de vue pratique, et par conséquent faire en sorte que les diverses manifestations de l'idée du beau que l'artiste est appelé à réaliser, conservent, malgré leur affinité, leur indépendance réciproque, et ne se contrarient pas mutuellement. La peinture, la sculpture et la mimique ont entre elles des rapports indestructibles. Cependant, l'artiste attaché à un de ces arts doit bien se garder de recevoir des autres une atteinte funeste. Le sculpteur peut se laisser séduire par le peintre, celui-ci par l'acteur mimique, et tous trois brouiller tellement les genres, qu'aucun d'eux ne conserve son originalité.
Le rapport des arts et des sciences à la vie réelle est très différent, selon leur degré de culture, les temps et mille autres circonstances ; ce qui fait qu’il est très difficile de se former une idée exacte de l’ensemble.
J'entends parler d'arts qu'on ne pourrait dépasser ni rajeunir. Mais où donc finit la perfection ?
Ce qui nuit le plus à l'avancement des arts et des sciences, c'est ce qu'on appelle ces gens de bon sens qui se donnent le titre de voir net, parce qu'ils ne voient pas loin.
La peinture est le moins exigeant, le plus commode de tous les arts : le moins exigeant, parce qu'en raison des moyens qu'elle emploie et de l'objet qu'elle représente, lors même qu'elle n'est qu'une œuvre manuelle, et à peine un art, elle se fait encore bien venir et nous plaît ; ensuite, parce qu'une exécution technique, bien que dépourvue de talent, excite l'admiration des hommes d'un esprit cultivé comme des ignorants, de sorte qu'il suffit d'approcher jusqu'à un certain point de l'art pour être bien accueilli dans une sphère supérieure. La vérité dans les couleurs, dans le dessin, dans la perspective, nous fait déjà plaisir ; et comme l'œil d'ailleurs est habitué à tout voir, il n'est pas blessé par une forme laide ou même par une image hideuse, comme l'oreille est choquée par un son faux. On tolère les plus mauvaises peintures parce qu'on est accoutumé à voir des objets plus difformes encore. Il suffit donc au peintre d'être artiste seulement jusqu'à un certain degré, pour trouver un public plus nombreux que le musicien qui a un talent égal. Au moins, le peintre médiocre peut toujours travailler seul, au lieu que le musicien faible est obligé de s'associer à d'autres musiciens pour produire quelque effet par l'ensemble.
Le goût est aux arts ce que la culture est à la terre.
Le secret des arts est de corriger la nature.
L'abondance est la mère des arts et des heureux travaux.
Le temps est le maître de tous les arts?