Il ne faut pas mépriser les petits défauts. Il n'est si petit ennemi qui ne puisse nuire à la longue.
Il est de l'essence du bien d'être indestructible, et alors même qu'il est invisible, de croître et de se répandre toujours.
Hier était quelque chose, aujourd'hui est la veille de demain ; mais demain est si beau !
Il faut que celui qui reçoit sente que c'est un cœur fraternel qui lui donne.
Une femme sage doit avoir un appartement qui ait deux entrées et deux sorties. Il ne faut jamais mettre deux hommes en présence.
Il est des gens allant dire partout qu'ils savent beaucoup et se l'imaginent d'autant plus que les sots qui les écoutent les croient sur parole et les louent.
Tout doit se faire pour le plaisir qu'on y trouve.
S'il y a quelque chose qui ne soit rien pour une femme, c'est ce qui n'est plus.
Les femmes sont nos mères, elles savent tout pour nous dès que le feu sacré de la charité les embrase.
Les femmes sont plus inconstantes, les hommes sont plus infidèles.
Il n'est pas impossible de trouver un cœur constant dans un corps infidèle.
Il n'est pas une femme fidèle qui ne soit fière de ne pas tromper son mari. La fidélité est donc un effort.
Être fidèle est, pour ainsi dire, même chose qu'être jaloux : par la jalousie, l'on demande la fidélité à autrui ; par la fidélité, l'on exerce la jalousie sur soi-même.
Les chutes des femmes n'étonnent personne, il y a toujours quelqu'un qui les ramasse, ne fût-ce que pour les amener à l'hôpital !
La susceptibilité se loge rarement dans les grandes âmes, elle loge dans les petites.
L'amour est un feu qui vivifie, et non une flamme qui dévore.
Entre hommes et femmes, les amitiés désintéressées ne se font guère que des débris, que des restes de l'amour.
Il n'y a qu'une femme qui puisse guérir les blessures qu'une femme a faites à un homme, d'où il suit que le remède est souvent pire que le mal.
Bien des grands hommes laissent percer une infinité de petitesses, ce qui choque : on ne veut rien d'homme du commun en eux.
Toujours le mal est compagnon du bien, comme pour nous faire souvenir que nous ne devons ni trop nous réjouir du bien, ni trop nous affliger du mal.
Les souverains ne font pas toujours la grandeur des hommes ; ils ne font souvent que leur donner du lustre et les mettre en évidence.
L'homme est si peu sûr de ce qu'il fait que souvent il prend des mesures pour arriver à une chose, et c'est le contraire qui survient, et s'en contente comme s'il l'eût souhaité.
Où s'enferme l'étude, on en voit sortir le savoir.
Quand le trompeur est lui-même pris dans ses propres fourberies, il n'attrape que ce qu'il mérite.
La vanité est une orgueilleuse voulant briller à tout prix ; qui, presque toujours, réussit à décourager la vertu et à l'éloigner.
Nos passions font notre bonheur ou notre malheur, selon la direction que nous savons leur donner.
La petitesse d'esprit et l'insouciance rendent parfois philosophe, mais cette philosophie diffère bien de celle qui provient de la vertu.
Tout le monde court après le bonheur, mais peu de gens en suivent le vrai chemin ; la foule s'égare dans des sentiers qui l'en éloignent.
La raison va lentement, mais toujours son droit chemin ; l'esprit va vite, mais souvent de travers.
La loi la plus libérale ne fait guère que prendre la liberté sur un point, pour la distribuer sur un autre.
Le grand nombre agit plutôt par une folle ostentation que par une prudente raison.
On voit tant de gens parler de ce qu'ils ignorent, qu'il paraît plus facile d'en parler que de n'en rien dire.
L'homme le plus spirituel vit plus d'emprunt que de son propre fonds.
La fortune est partout bien accueillie, se trouve partout et se mêle de tout, tandis que la vertu trouve à peine l'âme d'un sage où elle puisse se réfugier.
On aime les écrivains qui, pleins de confiance en leurs lecteurs, leur laissent le plaisir de la pénétration.
C'est en savoir beaucoup que de ne pas avoir honte d'ignorer bien des choses.
On aime l'image de la belle nature : aussi celui qui excelle dans l'art de la peindre, attire-t-il l'admiration de tout le monde.
On loue jusqu'aux plus petites choses dans les grands hommes, et dans les petits les grandes choses passent inaperçues.
Il faut mettre beaucoup d'esprit dans l'amour si on ne veut pas qu'il vous rende bête.
La pitié n'est souvent qu'un remords de la dureté.
Il n'y a rien au monde qui vaille mieux qu'un bon somme.
L'habitude d'être seul rend maussade.
En amour on finit toujours par y voir trop clair.
Ô mon premier amour ! combien il m'en coûta !
Avant de donner son cœur, on ne ferait pas mal d'y regarder à deux fois.
L'habitude du malheur finit par rendre ingénieux à s'en consoler.
Mieux vaut la dure vérité que le plus doux des mensonges.
Il en est des plaies du cœur comme de celles du corps : Quand elles ont été profondes, elles se ferment quelquefois, mais elles se rouvrent toujours.
Ce qui fait le succès des diseurs de bonne aventure, c'est qu'il y a beaucoup de malheureux.
On ne saurait être bien où l'on est quand on pourrait être mieux ailleurs.
La jalousie rend féroce quand elle est impuissante.
Le plus grand bonheur de l'amour, c'est d'aimer.
S'il est triste d'être pauvre, il l'est encore plus de le paraître.
Où l'homme n'est plus, la nature reprend ses droits.
Quand on a une fois goûté de la louange, on en vient à l'aimer, si peu qu'on la mérite, ou si peu qu'elle vaille et qu'on l'estime.
Vie errante est chose enivrante.
Il faut vivre quand on peut être bon à quelque chose sur la terre.
On ne fait pas ce qu'on veut, on fait ce qu'on peut.
S'agiter n'est pas avancer.
On parle souvent de choses qui ne dénotent point qu'elles sont intéressantes, mais montrent le désœuvrement des parleurs.
Le temps ne coûte rien, mais bien employé, il peut rapporter beaucoup.
La raison a presque toujours tort de vouloir commander à la force.
Le grand parleur est mû plutôt par la vanité que par tout autre sentiment.
Celui qui ne se détermine à agir que sur ce qu'en pourra dire le public est un homme méprisable, sans règle de conduite.
On est très embarrassé d'être obligé à un malhonnête homme.
La sagesse ne consiste pas à passer pour sage, mais à l'être sans paraître tel aux yeux du public.
Le présent appartient à l'âge mûr, l'avenir à la jeunesse, et le passé à tous les âges.
L'amour-propre accompagne l'ignorance ; le vrai savoir marche de pair avec la modestie.
Le patrimoine des sots est le revenu des intrigants.
L'ostentation louche et se précipite par vanité dans toutes sortes d'exagérations.
Si les hommes pouvaient se corriger de leur trop d'amour-propre, ils y gagneraient sous tous les rapports.
La vertu se dissipe à l'approche de l'amour, comme les brouillards devant le soleil.
Il est des hommes qui sont comme les porcs, il suffit de les gratter pour les faire se vautrer dans la fange.
L'enthousiasme patriotique est l'apanage de la jeunesse ; on ne trouve guère qu'égoïsme chez l'homme qui approche de la vieillesse.
L'amour est une passion qui souvent s'encanaille.
Si jamais le droit prend entièrement la place de la force, on verra commencer le siècle d'or.
Le pouvoir et le vouloir se disputent la souveraineté.
Les hommes font plus par imitation que par raison.
Celui qui agit avec trop de légèreté manque de jugement.
Il est des caractères qui ne marchent que par boutades de mauvaise humeur.
On aime à être dupe de son cœur, et non d'un tiers.
L'hypocrisie n'est en honneur que parce que les hommes veulent être trompés.
Qui a touché le fond ne peut descendre plus bas.
La civilisation chasse l'ignorance pour faire place à la raison, comme l'industrie détruit les ronces pour les remplacer par des moissons.
Plus l'esprit s'éclaire, plus il tient à s'instruire en toutes choses.
L'empressement que chacun met à faire adopter ses idées montre assez qu'il les croit préférables à celles des autres.
Il est des gens nés pour commander et d'autres pour obéir : la plupart de ces derniers se croyant faits pour diriger les autres, occasionnent des révolutions.
On voit souvent des boutades irréfléchies en barbe grise et de la prudence dans une jeunesse imberbe.
La bouche des femmes ment avant leurs yeux. Mais, quand les yeux s'en mêlent, ils vont bien. Comme la patte des chats, ils sont moitié velours et moitié griffes, et peuvent caresser et égratigner à la fois.
Ne confie jamais à une femme le secret d'une autre femme.
Une femme a toujours tort d'irriter la colère d'un homme. Le plus faible, à force de secouer sa chaîne, finit par la rompre.
Un jeune menteur deviendra un vieil imposteur, et un jeune fripon un vieux coquin.
L'ignorance de la foule laisse le plus vaste champ possible aux faiseurs de nouveaux systèmes.
La pensée est en opposition avec la force qui est presque toujours brutale.
Chacun veut paraître désintéressé, mais s'y prend de manière à montrer de l'avarice plutôt que du désintéressement.
L'empressement que chacun met à vouloir parler montre assez qu'il pense que ce qu'il va dire vaut mieux que ce que peuvent dire les autres.
Quand une femme qui peut encore être compromise vous donne son portrait, cela veut dire qu'elle vous le prête. Soyez assuré qu'elle vous le redemandera le jour où elle vous reprendra l'original.
On s'attache aux biens de ce monde comme si on ne devait jamais les abandonner, et l'on meurt avant d'avoir été désabusé et convaincu que les richesses ne valent pas la peine qu'elles coûtent.
Le fourbe ne laisse échapper aucune occasion de nuire, et pour cela il a à sa disposition un caractère de caméléon.
L'homme qui, dans un poste élevé, a une volonté trop prononcée, s'expose souvent à commander des injustices et à se faire des ennemis.