Titre : La berceuse d'une jeune mère.
Recueil : Les brises du soir, poésies (1870)
La douce nuit t'invite,
Ton blanc berceau t'attend !
Sur mon sein qui palpite,
Endors-toi, mon enfant !
Dors ! et bientôt, ouvrant ses ailes roses,
L'ange gardien qui te suit tout le jour,
De son beau ciel va descendre, et de roses
Parsèmera ton frais nid, mon amour !
Sa chaste lèvre à ta bouche ingénue
Sous un baiser fera naître un souris ;
Puis dans ses mains prenant ton âme émue,
Va la bercer aux chants du paradis !
La douce nuit t'invite,
Ton blanc berceau t'attend !
Sur mon sein qui palpite,
Endors-toi, mon enfant !
Dors ! ô mon ange ! Hélas ! sur cette terre,
Dieu l'a voulu bien des petits enfants
N'ont ni berceau, ni fleurs, ni tendre mère
Pour les presser dans ses bras caressants !
Cette pensée à mon âme est amère !
Dis, mon enfant, l'on est si bien tous deux !
Plus tendrement j'ai baisé ta paupière ...
Ah ! dors bien vite et je prierai pour eux !
La douce nuit t'invite,
Ton blanc berceau t'attend !
Sur mon sein qui palpite,
Endors-toi, mon enfant !
Mais plus léger que la brise embaumée,
Ton souffle pur s'exhale de ton sein ;
L'ange a touché la paupière fermée ;
Dors, mon enfant, ah ! dors ! jusqu'à demain !
En t'éveillant, tu reverras ta mère,
Là, près de toi, baisant tes blonds cheveux ;
Dieu recevra ta naïve prière,
Tu souriras et nous serons heureux !
La douce nuit t'invite,
Ton blanc berceau t'attend !
Sur mon sein qui palpite,
Endors-toi, mon enfant !
Louis Oppepin