La poésie française sur la tristesse.

1 - La tristesse en poèmes :

La poésie française Du poète français Henri Second à Marceline Desbordes-Valmore en passant par les poètes d'expression française dont le poète belge Gérard Galopin, ce recueil de poésies vous propose 11 poèmes sur le thème de la tristesse. En 1839, dans son recueil Les Rayons et les Ombres publié en 1840, l'un des plus grands poètes et écrivains français de tous les temps, Victor Hugo, écrivait : Je souffre dans ce monde, tout m'attriste, avenir que je vois à faux jour, aigreur de la raison qui querelle l'amour, et le sort qui nous frappe et qui n'est jamais las. Hélas !
Autres recueils : La tristesse » La déception » La peine » La mort » La solitude » L'espoir »

2 - Les poèmes, quatrains et sonnets sur la tristesse :

Poème : Pessimisme.

Recueil : Le sylphe (1895)
La douleur, ici-bas, est le fond de la vie :
C'est le plaisir laissant au coeur un goût amer,
C'est un peu de liqueur cachant mal trop de lie,
C'est le sel imprégnant toute l'eau de la mer.

C'est le sanglot couvrant souvent la mélodie,
C'est l'amour que l'oubli nous fait payer bien cher,
C'est l'âme dans un corps usé de maladie,
Ou bien l'esprit absent de quelque belle chair.

Tristesses et soucis sont dans notre nature,
Notre fausse gaieté n'est qu'une fioriture,
Oeuvre d'art s'efforçant en vain de nous leurrer.

Nous naissons pour souffrir, l'optimiste a beau dire :
— Alors qu'il vient au monde, un enfant sait pleurer,
Et comme il met longtemps pour apprendre à sourire !

Henri Second (1851-1914)

Poème : Triste et solitaire.

Recueil : Poésies (1879)
Hélas ! c'en est fait ! notre amour
Est bien mort, il vécut quelques jours,
Et maintenant je suis sur terre
Comme avant, triste et solitaire.

Comme un bel astre radieux
Illumine la nuit des cieux,
Ton amour éclaira mon âme
Des rayons de sa vive flamme.

Pendant un instant, j'ai pensé,
Comme un enfant, un insensé,
Oui, j'ai cru que nos destinées
A jamais étaient enchaînées !

O cruel destin, sois maudit !
La nuit bientôt redescendit
En moi, recouvrant de son aile
Ma blessure à jamais mortelle.

Ah ! pourquoi donc les jours heureux
Sont-ils si courts, si peu nombreux ?
Et pourquoi donc faut-il qu'un rêve
De bonheur vrai, sitôt s'achève ?

Ernest Meininger (1852-1925)

Poème : Tristesses de la lune.

Recueil : Les fleurs du mal (1857)
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmemoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâmele,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire (1821-1867)

Poème : Tristesse.

Recueil : Les poésies nouvelles (1850)
J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté ;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.

Alfred de Musset (1810-1857)

Poème : Un nuage.

Recueil : Poésies (1879)
Le printemps rayonnait parmi jasmins et roses ;
Des oiseaux amoureux égrenaient leur chanson
Dans les bosquets épais et dans les fleurs écloses :
L'amour naissant alors promet belle moisson !

Un soleil bienfaisant versait à toutes choses
Et l'ivresse et l'oubli, comme cet échanson
Qui sait dans un banquet verser aux coeurs moroses
La joie et le plaisir unis à la boisson !

Un ciel tout bleu charmait l'âme triste et pâlie,
Comme un beau rêve d'or planant sur l'Italie,
Comme un blond idéal qui dort au fond des coeurs !

Et puis, plus de chanson ! tout est sombre aux bocages.
Dans ce ciel si serein se glissent des nuages :
Après l'azur la pluie, après l'amour les pleurs !

Gérard Galopin (1849-1921)

Poème : Si les larmes servaient de remède au malheur.

Recueil : Les regrets (1558)
Si les larmes servaient de remède au malheur,
Et le pleurer pouvait la tristesse arrêter,
On devrait, Seigneur mien, les larmes acheter,
Et ne se trouverait rien si cher que le pleur.

Mais les pleurs en effet sont de nulle valeur :
Car soit qu'on ne se veuille en pleurant tourmenter,
Ou soit que nuit et jour on veuille lamenter,
On ne peut divertir le cours de la douleur.

Le coeur fait au cerveau cette humeur exhaler,
Et le cerveau la fait par les yeux dévaler,
Mais le mal par les yeux ne s'alambique pas.

De quoi donques nous sert ce fâmecheux larmoyer ?
De jeter, comme on dit, l'huile sur le foyer,
Et perdre sans profit le repos et repas.

Joachim Du Bellay (1522-1560)

Poème : J'ai dit à mon coeur.

Recueil : Les poésies nouvelles (1850)
J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur :
N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est perdre en désirs le temps du bonheur ?

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les plaisirs passés ?

J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur :
N'est-ce point assez de tant de tristesse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est à chaque pas trouver la douleur ?

Il m'a répondu : Ce n'est point assez
Ce n'est point assez de tant de tristesse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les chagrins passés ?

Alfred de Musset (1810-1857)

Poème : Chanson d'automne.

Recueil : Les poèmes saturniens (1866)
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine (1786-1859)

Poème : Les malentendus.

Recueil : Il penseroso (1858)
Tristes malentendus, chagrinants sortilèges,
Vous faites de la vie un labyrinthe affreux :
Les coeurs qui s'appelaient, abusés par vos pièges,
Cessent de se comprendre et s'évitent entre eux.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)

Poème : Quand triste est le présent.

Recueil : Jour à jour, les poésies intimes (1880)
Quand sur chaque sentier l'impossible se dresse,
Quand le sort a dit non, quand projets et travaux
N'amusent plus un coeur que tout agite ou blesse,
Et que pour tout bonheur on a le choix des maux ;

De tout riant espoir lorsque notre âme est veuve,
Quand triste est le présent, lugubre l'avenir ;
Quand l'existence est morne et s'allonge en épreuve,
Et que l'on ne fait plus qu'un souhait, en finir ;

Alors, pour éviter et le dégoût suprême
Et la sombre apathie et la soif de la mort,
Quel moyen reste ? Ami, songer à qui nous aime
Et pour nous veille et prie et nous voudrait plus fort.

Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)

Poème : Tristesse.

Recueil : Les poésies inédites (1860)
Si je pouvais trouver un éternel sourire,
Voile innocent d'un coeur qui s'ouvre et se déchire,
Je l'étendrais toujours sur mes pleurs mal cachés
Et qui tombent souvent par leur poids épanchés.

Renfermée à jamais dans mon âme abattue,
Je dirais : « Ce n'est rien » à tout ce qui me tue ;
Et mon front orageux, sans nuage et sans pli,
Du calme enfant qui dort peindrait l'heureux oubli.

Dieu n'a pas fait pour nous ce mensonge adorable,
Le sourire défaille à la plaie incurable :
Cette grâce mêlée à la coupe de fiel,
Dieu mourant l'épuisa pour l'emporter au ciel.

Adieu, sourire ! Adieu jusque dans l'autre vie,
Si l'âme, du passé n'y peut être suivie !
Mais si de la mémoire on ne doit pas guérir,
À quoi sert, ô mon âme, à quoi sert de mourir ?

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

3 - Autres recueils de poésies :

Les poèmes à thèmes » L'amour » Le mariage » La vie » L'amitié » Le bonheur »
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