La poésie française sur l'amour.
1 - L'amour en poèmes :

De
Gabriel Monavon à
Louis Oppepin en passant par le poète français
Charles Guérin ou l'illustre
Victor Hugo, ce recueil de poésies vous propose 15 poèmes sur le thème des sentiments et de l'amour. En 1691,
Madeleine de Souvré, une femme de lettres française, écrivait dans ses maximes et pensées :
L'amour a un caractère si particulier qu'on ne peut le cacher où il est, ni le feindre où il n'est pas.
Et pour compléter cette rubrique, découvrez notre sélection des
plus beaux poèmes d'amour ainsi qu'un recueil de
petits poèmes sur le même thème.
2 - Les poèmes, quatrains et sonnets sur l'amour :
Poème : Besoin d'aimer
Recueil : Poésies (1879)
Qui dira les douleurs que peut causer l'amour ;
L'amour, fatal délire, aveugle frénésie,
Involontaire ardeur dont notre âme est saisie,
Joug que tous les mortels subissent tour à tour ?
Se consumer en vain sans espoir de retour,
Perdre la douce paix de longs regrets suivie,
Donner à l'être aimé son bonheur et sa vie,
Et voir tous les serments oubliés en un jour ;
Languir dans les soucis et les pleurs de l'absence ;
Sentir la jalousie, à l'aiguillon cruel,
Vous étreindre le cœur et l'abreuver de fiel ;
Entendre de vos maux rire l'indifférence...
Ce sont là des tourments qu'on ne peut exprimer !
Mais le tourment suprême est de ne pas aimer !
Gabriel Monavon (1820-1906)
Poème : Un regard
Recueil : Poésies (1879)
Comme on voit en avril, à travers la fenêtre,
Pénétrer brusquement quelques rayons du jour,
J'ai senti dans mon âme en te voyant paraitre
Monter tout un parfum de jeunesse et d'amour ;
Mes yeux ont rencontré tes grands yeux, et peut-être
As-tu lu dans les miens qu'ils parlaient sans détour ?
— Tu ne me l'as pas dit... Mais j'ai senti renaître
Tout ce que je croyais envolé sans retour.
Mignonne, prends pitié de moi, je t'en supplie !
Laisse mon cœur d'enfant croire au sort qui nous lie
Et tressaillir de joie en te voyant passer...
Puis, ne me gronde pas si quelquefois, dans l'ombre,
Tu surprends mon regard suivre, muet et sombre,
La trace de tes pas que je voudrais baiser !
George Karl (1844-1898)
Poème : Amour
Recueil : Poésies (1879)
Réchauffe avec amour cette pauvre pensée
Que l'âpre vent du nord de son souffle a glacée.
Et ce bouton nacré, belle fleur nuancée,
Te sourira.
Recueille avec amour sur la mousse nouvelle
Ce bouvreuil dont l'autour vient de déchirer l'aile,
Et l'oiseau familier sur ta main fraternelle
Sautillera.
Aborde avec amour celui que chacun blâme ;
Respecte l'homme avant de foudroyer l'infâme,
Et, si déchu qu'il soit, sentant vibrer ton âme
Il te croira.
Gustave Borel-Girard (1845-1934)
Poème : Sonnet à mon ami R...
Recueil : Mes heures perdues (1833)
J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
Comme un port où le cœur, trop longtemps agité,
Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage,
Un dernier jour de calme et de sérénité.
Une femme modeste, à peu près de mon âmege
Et deux petits enfants jouant à son côté ;
Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage,
Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été.
J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente
Je voulais une amie, une âme confidente,
Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ;
Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ;
L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre,
Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.
Félix Arvers (1806-1850)
Poème : À la belle impérieuse.
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865)
L'amour, panique
De la raison,
Se communique
Par le frisson.
Laissez-moi dire,
N'accordez rien.
Si je soupire,
Chantez, c'est bien.
Si je demeure,
Triste, à vos pieds,
Et si je pleure,
C'est bien, riez.
Un homme semble
Souvent trompeur.
Mais si je tremble,
Belle, ayez peur.
Victor Hugo (1802-1885)
Poème : Éloge de l'amour.
Recueil : Les Amours de Psyché (1669)
Tout l'Univers obéit à l'Amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes coeurs c'est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.
Sans cet Amour, tant d'objets ravissants,
Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines,
N'ont point d'appâmets qui ne soient languissants,
Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines.
Des jeunes coeurs c'est le suprême bien
Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.
Jean de La Fontaine (1621-1695)
Poème : A l'âme de la bien-aimée.
Recueil : Le Passe-Temps (1893)
J'aime ton âme, car c'est elle
Qui, sur tes traits purs, à la fois,
En mille reflets se révèle ;
Qui met dans tes yeux l'étincelle,
Qui met la douceur dans ta voix...
C'est elle qui pour moi t'inspire
Tant d'abandon tendre et touchant ;
Elle, qui fleurit ton sourire,
Et qui dans tes accents soupire,
Comme une brise ou comme un chant...
C'est elle à qui je rends les armes,
Quand je découvre tour à tour
Tant d'attirance dans tes charmes,
Tant de volupté dans tes larmes,
Et, dans tes baisers, tant d'amour !
Gabriel Monavon (1820-1906)
Poème : Le chemin de l'amour.
Recueil : Les chemins (1920)
Amour, mon cher Amour, je te sais près de moi
Avec ton beau visage.
Si tu changes de nom, d'accent, de cœur et d'âge,
Ton visage du moins ne me trompera pas.
Les yeux de ton visage, Amour, ont près de moi
La clarté patiente des étoiles.
De la nuit, de la mer, des îles sans escales,
Je ne crains rien si tu m'as reconnue.
Mon Amour, de bien loin, pour toi, je suis venue
Peut-être. Et nous irons Dieu sait où maintenant ?
Depuis quand cherchais-tu mon ombre évanouie ?
Quand t'avais-je perdu ? Dans quelle vie ?
Et qu'oserait le ciel contre nous maintenant ?
Sabine Sicaud (1913-1928)
Poème : Le baiser en l'amour.
Recueil : Poésies (1614)
Le baiser en l'Amour est l'octave en Musique,
Vous en avez pris un, et vous en voulez deux ;
Pourquoi énervez-vous les accords amoureux,
C'est pécher, disiez-vous, contre la Théorique.
Non je ne baise point qu'en pure arithmétique,
Répondis-je soudain, deux baisers savoureux
Font nombre, l'unité est un rien mal heureux
Payez-moi, vous devez une chose physique.
Que vous êtes mauvais, répliquais-je alors,
Qui pourrait résister à arguments si forts,
Qui me font succomber en si juste querelle ?
Moi répondit Amour, et d'un dard furieux,
Qu'il trempa plusieurs fois aux flammes de vos yeux,
Il m'enfonça le cœur d'une plaie immortelle.
Abraham de Vermeil (1555-1620)
Poème : L'amour nous fait trembler.
Recueil : Le cœur solitaire (1896)
L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage,
Car chacun de nous deux a peur du même instant.
Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant...
Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage...
Je te devine proche au feu de ton visage.
Ma tempe en fièvre bat contre ton cœur battant.
Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant
Ta gorge nue et sa fraîcheur de coquillage.
Écoute au gré du vent la glycine frémir.
C'est le soir ; il est doux d'être seuls sur la terre,
L'un à l'autre, muets et faibles de désir.
D'un baiser délicat tu m'ouvres la paupière ;
Je te vois, et, confuse, avec un long soupir,
Tu souris dans l'attente heureuse du mystère.
Charles Guérin (1873-1907)
Poème : A la bien-aimée.
Recueil : Le Passe-Temps (1893)
Si j'étais une fleur, j'ouvrirais mon calice,
Et répandrais pour toi mes parfums les plus chers ;
Abeille, au fond des prés, sur les coteaux déserts,
J'irais chercher la plante au plus doux miel propice ;
Rossignol, je voudrais à l'heure où le soir glisse,
À l'heure du berger, parmi les rameaux verts,
Poète ailé des bois, exhaler dans les airs,
Un chant d'où la tendresse en purs accents jaillisse.
Je ne suis pas l'abeille ou le calice d'or ;
Je ne saurais t'offrir, comme un riant trésor,
Ni frais parfums, ni miel à la saveur exquise...
Mais mon amour ressemble au tendre oiseau chanteur :
Comme le rossignol qui chante dans la brise,
Entends l'oiseau d'amour qui chante dans mon cœur !
Gabriel Monavon (1820-1906)
Poème : L'héroïsme à deux.
Recueil : La part du rêve (1863)
Va, ne crains plus les maux et le poids de la vie ;
Ceux qu'affranchit l'amour peuvent braver le sort ;
Contemplons l'avenir sans peur et sans envie ;
L'amour est fort comme la mort.
Lorsque de faux amis viendront à toi, soupire
De sincère pitié pour eux, et, plein de foi,
Plus haut qu'eux, bien-aimé, viens chercher le sourire ;
Laisse-les tous, regarde-moi.
Sans compter les périls, vole au but, cœur fidèle ;
Qu'importent les écueils, les autans, les frimas ?
Crois que la vie est juste et marche au-devant d'elle,
Front haut, entouré de mes bras.
Et, la main dans la main, dominant tout prestige,
Nous vivrons, nous mourrons, triomphants par l'amour ;
Non plus Toi, non plus Moi, mots que l'amour corrige,
Mais Nous, sans fin et sans retour !
Henri-Frédéric Amiel (1821-1881)
Poème : J'aime un ange aux yeux doux.
Recueil : Les brises du soir (1870)
J'aime un ange aux yeux doux et aux bruns cheveux,
Dont la voix me ravit, dont le regard m'enivre !
Mon âme a deux désirs : l'adorer et la suivre !
Si son cœur m'entendait, Dieu remplirait mes vœux.
De la jeunesse elle a les charmes enchanteurs !
La grâce sur ses traits comme un beau ciel rayonne ;
La vertu lui sourit, la beauté la couronne !
Au matin du printemps c'est la reine des fleurs !
Son sourire est pour moi le rayon d'un beau jour !
Son geste gracieux me trouble et me caresse !
Elle passe ! ... mon cœur frémit de chaste ivresse !
En elle j'ai tout mis : bonheur, espoir, amour !
Louis Oppepin (1831-1915)
Poème : Aime, l'amour est tout.
Recueil : Les Aimées, Poésies (1884)
Aime, l'amour est tout. C'est l'ange de la vie
Qui berce le sommeil des chérubins d'azur ;
L'amour c'est le rayon du soir qui dore la prairie,
C'est l'aube du bonheur dans un ciel toujours pur ;
L'amour c'est l'âme du poète et les chants de sa lyre,
C'est l'espoir de nos jours par le temps consacrés,
C'est dans notre univers le seul bien qu'on désire
Et le but souverain de tous nos instants sacrés !
Alexandre Tanchard (1861-1907)
Poème : L'amour.
Recueil : Les brises du soir (1870)
L'amour, c'est le parfum que le printemps exhale !
La suave fraîcheur qui s'élève des bois ;
Ton souffle harmonieux, ô brise matinale !
Qui des joyeux oiseaux nous apporte la voix !
C'est le ciel embaumé, plein d'azur et de flammes,
Qui fait rêver le front et réchauffe le cœur ;
C'est le sublime élan qui rapproche deux âmes,
Pour les fondre aux rayons d'un immense bonheur !
C'est l'horizon sans borne, éclatant et superbe,
Où l'œil se perd, ravi d'ineffables clartés ;
C'est l'aube secouant sa radieuse gerbe
De feux éblouissants sur les prés veloutés !
C'est l'inspiration au poète qui chante,
Le souffle du génie au cœur de Raphaël,
Le songe le plus doux qui vole et nous enchante,
L'étoile qui sourit à qui regarde au ciel !
L'amour, c'est cette grâce, ô vierges ! qui rayonne
Sur vos fronts radieux, où siège la candeur ;
C'est le charme enivrant que la beauté vous donne,
Qui nous rive à vos pas et fait croire au bonheur !
L'amour, c'est le désir d'une ivresse infinie,
L'amour, c'est l'aspiration à la félicité ;
L'amour, c'est le suave encens qui parfume la vie !
C'est Dieu qui nous convie à son ciel enchanté !
Louis Oppepin (1831-1915)
3 - Autres recueils de poésies :