Besoin d'écrire, besoin de penser, besoin d'être seule, non pas seule, mais avec toi mon frère et Dieu. Depuis ta mort, je me trouve isolée au milieu de tous. Ô solitude vivante, que tu seras longue !
Eugénie de Guérin ; Journal intime, le 13 août 1839.
Toi au ciel mon frère, et moi sur la terre ! la mort nous sépare ! Mon âme vit dans un cercueil. Oh ! oui, enterrée, ensevelie en toi, mon frère ; de même que je vivais en ta vie, je suis morte en ta mort. Morte à tout bonheur, à toute espérance ici-bas. J'avais tout mis en toi, comme une mère en son fils.
Eugénie de Guérin ; Journal intime, le 17 août 1839.
Tout dort, grand clair de lune à ma fenêtre, le chien recoquillé sur ma peau de loup, gronde en rêvant, le ciel est bleu, la nuit tranquille. Au ciel pas un nuage, mais quelques pensées tristes passent dans mon cœur. Ô sommeil, pose la main sur mon front et emporte mon esprit dans la région des songes ; retrempe mon courage, rends-moi la paix.
Henri-Frédéric Amiel ; Journal intime, le 5 février 1852.
Aime, et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore ; après avoir souffert, il faut souffrir encore.
Alfred de Musset ; Les poésies nouvelles, La nuit d'août (1836)
Si vous saviez tout ce qu'on souffre, hélas ! À n'être plus aimée, alors qu'on aime encore ! N'avoir que le mépris d'un époux qu'on adore ! Tant de secrets ennuis ! de douloureux combats !
Barthélemy Imbert ; Le jaloux sans amour, II, 7 (1781)
Le plus triste, hélas, de toutes les vieillesses, c'est la vieillesse de l'amour.
Jules Barbey d'Aurevilly ; Les pensées détachées (1889)
Dormir toujours, que cela doit être bon, quand on n'a plus rien en soi qui vaut le plaisir de veiller !
Émile Zola ; Pour une nuit d'amour (1898)
Heureuse, si plutôt la mort tranchant mes jours, de mes longues douleurs eût abrégé le cours !
Charles-Georges Fenouillot de Falbaire ; L'honnête criminel (1767)
J'en jure par la mort, dans un monde pareil : non, je ne voudrais pas rajeunir d'un soleil, je ne veux pas d'un monde où tout change, où tout passe, où tout s'use et tout s'efface.
Alphonse de Lamartine ; La foi, Méditation XIX (1820)
J'ai vécu ; j'ai passé ce désert de la vie, où toujours sous mes pas chaque fleur s'est flétrie.
Alphonse de Lamartine ; La foi, Méditation XIX (1820)
Il existe souvent une certaine fleur qui s'en va dans la vie, et s'effeuille du cœur.
Alfred de Musset ; Poésies, À Sainte-Beuve (1837)