En amour, il n'y a de bon, de distrayant, voire de grisant, que les commencements. Après une semaine, la plus bouleversante des liaisons tourne au mariage, ce qui veut dire deux choses : qu'il n'y a plus rien de nouveau à découvrir et que l'on commence à avoir recours à la conversation pour remplacer le désir.
Si tu ne te maries pas, mon ami, tu vivras heureux, car le mariage est une prison qui n'a de beau que la porte par laquelle on y entre, et de consolant que celle par laquelle on voit la mort en faire sortir les autres.
Peu sont capables d'un mariage véritable, et peu peuvent supporter la solitude.
La faveur d'un écrit laisse aux mains d'une amante des témoins trop constants de notre attachement. Messieurs les maris, suivaient ce judicieux conseil : n'écrivez jamais ! Et cela vaut d'autant mieux que vous ne savez pas, pour la plupart, si la maîtresse de la veille sera encore celle du lendemain.
Un mariage ne peut être heureux qu'à cette condition, où chaque époux suit cette résolution : Je veux aimer et honorer pour jamais ton cœur, toi à qui j'ai donné l'empire du mien pour la vie.
Si le penchant de ton cœur te détermine pour le mariage, marche jusqu'à l'autel avec de saintes pensées, avec une véritable résolution de faire le bonheur de ta future épouse qui te confie le soin de ses jours, de celle qui quitte le nom de ses pères pour prendre le tien, de cette femme qui te préfère à tout ce qu'elle a chéri jusqu'à présent, et qui demain sera la tendre mère de tes enfants.
Pourquoi vouloir épouser la personne que l'on aime ? Cela ne tient pas debout. On aime aujourd'hui, mais aimera-t-on encore dans six mois, un an ? Comme il est dit dans Carmen : « L'amour est enfant de Bohême et n'a jamais connu de loi. » Les mariages de convenance, les mariages d'argent sont plus heureux et plus durables que les mariages d'amour.
Il faudrait apprendre aux gens que le mariage est une chose, que l'amour en est une autre, et qu'il est généralement dangereux de les mêler. Le mariage exige de la tolérance, de l'indulgence, bref de l'amitié. L'amour est jaloux, possessif, adorant ou haineux, totalement antinomique de l'amitié, sentiment agréable et raisonnable. Il est bien plus facile de rendre heureux un mari qu'on n'aime pas en ayant un amant qu'on aime, qu'en restant fidèle à un homme qu'on a cessé d'aimer depuis dix ans.
Souvent des gens qui croient s'aimer, ou du moins ne s'interrogent pas là-dessus, ont cessé de le faire depuis plusieurs années. Les amours conjugales sont comme des tasses fêlées, qui peuvent rester longtemps entières, mais qui se cassent si on les trempe dans l'eau chaude.
Le meilleur mariage expose à des hasards, et comme une eau pure et calme commence à se troubler aux approches de l'orage.
Aujourd'hui, le mariage est, avant tout, une sympathie de fortunes, une communion entre deux corps ; les âmes sympathisent et communient ensuite si elles peuvent. Or, comme on s'est uni par le côté matériel essentiellement divisible et diviseur, et non par le côté spirituel, qui seul unifie, on ne peut tarder longtemps à se séparer publiquement ou secrètement, et c'est ce qui a lieu dans quatre-vingt-dix ménages sur cent.
Un herboriste, nommé Gaston, rentrant chez lui surprit sa femme dans les bras de son voisin. N'écoutant que sa colère, notre homme armée d'une épée allait se jeter sur son indigne rival, lorsque l'épouse coupable, pour protéger les jours de celui qu'elle aimait, vint héroïquement se placer entre son mari et son amant : — Que vas-tu faire, Gaston ? lui cria-t-elle en arrêtant violemment le bras de son mari, malheureux ! tu ne vas pas tout de même tuer le père de tes enfants !
Avec les femmes, on ne peut compter sur rien : leur cœur, de cire le matin, est d'airain le soir, et telle qui vous a permis hier les familiarités les plus compromettantes, se révoltera demain si le jeu ne lui convient plus.
Pour les heureux époux, un peu de séparation est bonne, quand cela ne serait que la moitié d'une semaine ou du moins la moitié de chaque jour. La sagesse consiste à prévenir les dégoûts. Rien n'est plus maladroit à une femme que de confisquer celui qu'elle aime, et de monopoliser ses attentions ; elle énerve son lion, elle déplume son aigle et se prépare à elle-même un châtiment douloureux.
Avant le mariage, tout a été dit ; après, on ne trouve qu'à redire.
Quand le premier mois du mariage n'est que la lune de miel, le second est la lune d'absinthe.
Celui qui s'aperçoit, dès le second jour de son mariage, que la femme qu'il vient d'épouser est une méchante femme, ne doit pas attendre au lendemain pour la rendre meilleure : On plie à son gré le bois vert, dit le poète persan Saadi, mais quand il est sec, on ne peut le redresser qu'avec le feu.
Un philosophe cherchait à marier son fils. — Il est encore bien jeune, lui dit un de ses amis ; attendez au moins qu'il soit devenu sage votre fils. — Avez-vous donc perdu la tête, mon cher ? répliqua vivement le philosophe, mais si mon fils devenait sage, il ne voudrait jamais se marier.
L'âme de la femme est par nature douce, reconnaissante, disposée à aimer au plus haut degré l'homme constant dans son amour pour elle, et constant à mériter son estime. Mais, une épouse s'irrite aisément du manque d'amour de son mari, et de tous les torts qui peuvent le dégrader. Veille à lui témoigner, chaque jour, les mêmes attentions que tu lui témoignais avant de la conduire jusqu'à l'autel.
Soyez prudent avant de vous unir, apprenez à bien vous connaître au préalable, et faites le bon choix. Assurez-vous des bonnes qualités et des bonnes intentions de l'autre, ou vous êtes perdus.
Si tu n'as pas su dompter tes penchants à la colère, à la jalousie, au soupçon, à l'impatience, pour pouvoir présumer être aimable avec une compagne, aie la force de renoncer aux douceurs du mariage. En prenant une femme, tu la rendrais malheureuse, et tu te rendrais toi-même malheureux.
On a dit que dans les pays chauds la polygamie existait parce qu'il y naissait plus de femmes que d'hommes ; mais ne serait-on pas fondé à croire qu'il y naît plus de femmes que d'hommes à cause de la polygamie ?
Si les femmes parlaient devant les hommes comme elles parlent entre elles, il se ferait moins de mariages mal assortis.
Le mariage n'est qu'une association de convenances ; c'est une fraternité d'intérêts et non de sentiments ; c'est une imposture spirituelle pour donner des garanties à la société. Le mariage est une fiction ingénieuse ; les maris eux-mêmes, qui l'entretiennent encore, n'y croient pas ; ils savent bien que la fidélité est impossible ; et il faut leur rendre justice, ils n'y prétendent pas.
Vous avez beau l'épouser, lui donner votre nom, elle n'entre dans votre famille que du jour où elle vous donne un enfant - car elle le donne à votre père, à votre mère, à vos aïeules ce jour-là.
N'est nasse qui poisson encage plus que ne fait mariage.
En se mariant à l'aveuglette, comme ils le font presque tous, les époux ressemblent à un enfant à qui l'on donne pour étrennes une boîte à surprise : Séduit par la nouveauté de ce joujou, l'enfant l'accepte avec plaisir ; mais ce n'est jamais qu'après s'en être amusé qu'il sait s'il possède un diable ou un chérubin.
Un mariage solide est une entreprise bien friable.
En fait de mariage, il faut laisser le libre arbitre à qui le veut.
Ceux qui sont unis par les liens du mariage doivent le traiter avec le plus grand respect, et n'en jamais souiller la pureté par des unions illégitimes.