Le rêve est le seul Dieu qui ressuscite les morts.
On dit que nos morts nous entourent, qu'ils sont des invisibles, non des absents. Si c'était vrai, quelle nombreuse famille j'aurais autour de moi !
Vis-à-vis du passé, vraiment passé, la discrétion n'est qu'un oubli sans valeur. Il y a aussi l'indiscrétion du silence. Et ne serait-ce pas une lâcheté sans recours que de laisser mourir nos morts ?
Si les morts pouvaient parler, on n'en dirait pas tant de bien.
Tâchez d'aimer les vivants comme vous aimez les morts !
Les vivants ne disent que du bien de leurs morts. Mais si les morts pouvaient parler !
Est-ce que tous les morts ont la même existence posthume que moi ? Tant de gens cessent d'exister bien avant leur dernier soupir.
Les bons vivants font généralement de mauvais morts.
Le souvenir est un cimetière où les morts se tiennent debout.
Les morts seraient moins tristes s'ils savaient qu'ils pourront encore se tenir les côtes en regardant les vivants.
Que d'hommes sont morts sans avoir vécu ! Le drame n'est pas de rendre son dernier souffle, c'est de ne pas savoir à qui on l'a rendu et donc à qui on pourra le réclamer pour faire bonne figure le jour du Jugement dernier.
L'armée des morts se compte comme celle des vivants. Le cimetière Montmartre, combien de divisions ?
On ferme les yeux des morts pour leur éviter le triste spectacle de la ruée des héritiers chez le notaire.
Les morts que l'on n'attendait pas devant le ciel font les cent pas.
On est convenu, voyez-vous, chez les gens du monde, que les morts, quand ils sont bien morts, ont droit à tous nos égards, même après nous avoir donné tous les motifs de chagrins.
Un mort en France est plus émouvant que 10 000 morts à l'étranger. Le premier est une tragédie, les seconds une statistique. La sensibilité suit la loi de la proximité.
Après le combat, un bon général ne compte pas ses morts, il compte les soldats qui lui restent.
La fête des morts, c'est tous les jours.
Il est arrivé qu'on fusille des morts, mais on n'en a jamais guillotiné.
Il y a des têtes de morts dans les cimetières qui doivent rire de leurs vies manquées.
Seuls les vivants respectables font des morts respectables.
Certaines morts ne sont que des absences dont nous aurions tort de s'en affliger.
En ce monde les morts nous protègent encore mieux que les vivants.
La terre n'est que la cendre des morts pétrie des larmes des vivants.
Il faut respecter et accomplir toujours les volontés des morts.
Il y a des chagrins qui persistent et tournent à la mélancolie, à cette douleur rêveuse trouvant des charmes à s'attiser par le souvenir, à se repaitre de spectacles lugubres, et à errer dans des lieux tristes. Tels sont les chagrins nés de grands désastres, de morts à jamais regrettables ; ils laissent après eux des vapeurs noires qu'on se plaît à entretenir, qui minent lentement.
Pourquoi attendre qu'ils soient partis ou morts pour pleurer ceux qu'on aime ?
La vie des morts consiste dans le souvenir des vivants.
Ne pleurez pas vos parents avec une douleur immodérée, ils ne sont pas morts dans votre cœur ; ils n'ont fait que nous précéder dans un voyage que nous ferons tous. L'hospice où ils sont arrivés, doit un jour nous réunir, et alors nous ne nous quitterons plus jamais.
Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret.