Dans l'éducation actuelle des femmes, on suppose pour l'avenir beaucoup plus de reines, de duchesses et de banquières qu'il ne peut y en avoir et beaucoup plus de courtisanes qu'il n'en faut.
Les actes de nos courtisanes contribuent, plus que ceux des notaires, à la division de la propriété. Ces charmantes niveleuses pompent au fond d'un tas d'imbéciles une rosée métallique qu'elles éparpillent sur la foule.
Il y a des courtisanes même chez les sauvages. Ils les appellent : filles peintes.
Nulle courtisane ne peut humilier une honnête femme. L'honnête femme n'a qu'à paraître, et la courtisane, sentant son infériorité, pâlira, ou, si elle est impertinente, l'autre n'a qu'à lui opposer le silence du mépris. Entre deux femmes, il suffit d'un geste pour annoncer la vertu et le vice, le paradis et l'enfer.
Aucune courtisane ne se sacrifie pour l'idéal de l'amour. Ce qu'elle cherche, c'est un mari pour la réhabiliter, et si elle meurt, c'est de honte. Plaignons-la, mais ne laissons pas profaner le saint mot d'amour.
L'épouse la plus malheureuse, fidèle à un ingrat, est encore plus heureuse que la femme adultère ou la courtisane, qui dans les bras d'un amant, lui jure un amour éternel, car elle ment !
On ne doit pas plus compter sur la probité d'un joueur que sur la continence d'une courtisane.
La fortune, qui souvent se prostitue, a aussi le sort d'une courtisane ; on feint de la mépriser lorsqu'elle n'accorde point ses faveurs, et certaines dupes prennent cette affectation pour de la vertu.
Il n'y a point de courtisane qui mente tant et si bien que l'espérance.
Il y a parmi les courtisanes des natures basses et des cœurs avilis dans lesquels jamais n'est descendu ni ne descendra un seul rayon d'amour ou d'espérance.
La passion de la courtisane amoureuse a parfois la violence désolée d'un suicide.
Les fortunes détruites sont les chevrons des courtisanes.
L'humilité de la courtisane amoureuse comporte des magnificences qui en remontrent aux anges.
L'amour d'une courtisane cache, entre mille attraits, un hameçon lancéolé, qui pique surtout l'âme des artistes. Ces passions, inexplicables pour la foule, sont parfaitement expliquées par cette soif du beau idéal qui distingue les êtres créateurs. N'est-ce pas ressembler un peu aux anges chargés de ramener les coupables à des sentiments meilleurs ? N'est-ce pas créer que de purifier un pareil être ? Quel allèchement que de mettre d'accord 'la beauté morale et la beauté physique ! Quelle jouissance d'orgueil si l'on réussit !
Les courtisanes, pour embrasser tout le sexe féminin qu'on baptise, qu'on débaptise et rebaptise à chaque quart de siècle, conservent toutes au fond de leur cœur un florissant désir de recouvrer leur liberté, d'aimer purement, saintement et noblement un être auquel elles sacrifient tout. Elles éprouvent ce besoin antithétique avec tant de violence qu'il est rare de rencontrer une de ces femmes qui n'ait pas aspiré plusieurs fois à la vertu par l'amour.
Chez toute femme, je ne dirai pas galante, mais simplement coquette, le sens moral est, sinon tout à fait éteint, du moins fortement altéré. Il y a déjà en elle comme une ébauche de courtisane.
Qu'il y ait des courtisanes ayant tout l'instinct de la mère de famille et des mères de famille tout l'instinct de la courtisane : Voilà ce qui montre la cruelle imbécillité du destin !
Il est doux d'être courtisé, dur d'être courtisan, et tantôt l'un, tantôt l'autre, d'être courtisane.
N'attendez rien d'honnête d'une courtisane, accoutumée à tirer profit de sa perversité.
La coquetterie est un mensonge continuel, qui rend une femme honnête plus dangereuse, et presque aussi insupportable que la courtisane qui ne ment jamais.
Une courtisane n'est qu'une bijoutière en faux de l'amour chez laquelle on achète du strass.
L'humilité de la courtisane amoureuse comporte des magnificences morales qui en remontrent aux anges.
La femme ne sait plus même être courtisane !
La politique agit sur les hommes comme les courtisanes sur leurs clients ; elle les ruine et les étourdit par ses impures caresses, et leur fait tout subordonner à la volupté.
Le but d'une courtisane est de plaire, celui d'une honnête femme est de se faire estimer.
La noblesse courtisane est un poison qui carie la liberté des peuples.
Une courtisane est comme une épine qui est entrée dans le pied, on ne peut s'en délivrer sans douleur.
Il n'est point de lotus sans tige, de marchand qui ne soit fripon, d'ivrogne qui ne batte sa femme, de courtisane sans avidité : ces choses-là vont toutes ensemble.
Une courtisane est comme la plante qui croît le long de la grande route.
Une courtisane est pareil à la mer : tout ce qu'on lui donne elle le dévore sans qu'il y ait accroissement pour elle.
Une courtisane ressemble à un buisson d'épines, on ne peut s'y frotter sans mal ou sans perte.
Une courtisane fait le malheur de celui qui l'entretient, il ne peut se féliciter que d'avoir un grand ennemi chez lui.
Comme la rougeur peut quelquefois faire prendre une courtisane pour une honnête femme, la modestie peut faire passer pour un homme d'esprit, celui qui ne l'est pas.