Il y a deux règles à observer pour prêter avec prudence autant qu'avec charité. La première est de ne prêter que de votre superflu, de votre abondance, ou, si dans quelques cas particuliers vous prenez sur votre médiocrité, que ce ne soit que de petites sommes, afin que vous ne vous mettiez pas dans la nécessité d'emprunter vous-même, et que la perte qui pourrait vous en arriver ne puisse occasionner votre ruine. La seconde règle que prescrit la prudence, est de prendre vos sûretés par des billets, des contrats, des gages, des cautions. Quelque convaincu qu'on soit de la probité d'une personne, ou cette probité peut se démentir dans la suite, ou la mort peut changer l'état des choses et nous mettra dans le cas d'avoir affaire à des héritiers difficultueux : et il est toujours désagréable de s'exposer, en obligeant, à des peines qu'on aurait pu éviter par de sages précautions.