En ce monde, on n'a d'égard ni pour les choses ni pour les gens ; l'on aime à nuire aux uns et à faire pester les autres. Molester le prochain est une sorte de tic universel dans ce pays. C'est peut-être la manière gaminesque de montrer son indépendance et de mesurer sa force.
On ne doit, par intérêt et par devoir, ne donner lieu à aucune idée qui nuise à notre réputation ; par intérêt, parce qu'ayant besoin sans cesse du secours de nos semblables, il nous importe de nous en faire estimer ; par devoir, parce qu'en effet tout être raisonnable doit contribuer à la perfection générale par une conduite qui fasse naître l'amour du bien.
L'homme, qu'on a appelé l'animal raisonnable, est parfois le plus déraisonnable, et en même temps le plus à plaindre ; il a à se méfier des autres animaux, et encore plus de ses semblables : c'est à celui qui pourra nuire à l'autre. Pauvre espèce ! qui ne saurait avoir un moment de repos, dévorée de besoins et ayant tout à craindre !
La malignité est si naturelle à l'homme que le méchant trouve toujours des gens disposés à écouter et croire les faux rapports qu'il fait pour nuire à la réputation d'autrui.
Tu regardes d'un œil d'envie les richesses d'autrui, mais ces vains désirs ne t'enrichiront pas : ne vaudrait-il pas mieux fermer ton cœur à cette folle cupidité ? Tu nourris la volonté de nuire à ton ennemi, mais cette volonté ne lui nuit pas : ne vaudrait-il pas mieux lui pardonner de bonne foi ?
Citation chinoise - Les sentences et pensées morales chinoises (1832)
L'homme méchant ne fait le mal que pour satisfaire son intérêt ou ses passions, l'homme pervers le fait par goût ou pour nuire à ses semblables. L'un se repent souvent de n'être écarté de la voie du bien ; l'autre n'est susceptible que d'un genre de repentir, celui de ne pas avoir fait tout le mal qu'il pouvait faire.
Lorsque nous faisons du mal à notre ennemi, nous allumons encore plus sa haine, nous excitons sa fureur, et nous en devenons quelquefois les victimes. Le plus petit ennemi peut nuire beaucoup : aigri et ulcéré, il cherche les moyens de se venger à son tour, et il ne les trouve que trop souvent. Mais lui faisons-nous du bien., nous jetons le repentir dans son âme, nous répandons la confusion sur son visage, et nous changeons souvent sa haine en estime et en amour.
La gloire des hommes serait-elle de se déchirer mutuellement comme les bêtes les plus féroces ? Leur grandeur consisterait-elle à faire des malheureux ? Doivent-ils beaucoup s'applaudir de leur puissance, quand, par le honteux motif de se venger, ils ont versé le sang de leurs frères ; quand ils ont défiguré en eux l'ouvrage de la nature ; quand ils ont procuré leur ruine, leur déshonneur ; quand ils les ont réduits à pleurer éternellement les pertes que leur a causées une vengeance portée à l'excès ? Ne serait-il pas bien plus glorieux d'épargner des coupables, qui ne peuvent ou ne veulent plus nuire ; de songer qu'on a pu les perdre et qu'on les a sauvés ; de les forcer à reconnaître qu'ils doivent la conservation de leur vie, de leur honneur, à ceux qu'ils avaient le plus sensiblement offensés ?
Observe bien ce qui me reste à te prescrire ; que personne par ses actions, par ses discours, ne puisse t'engager à rien dire, à rien faire qui doive te nuire un jour.