La joie et le désir produisent l'espérance, comme le désir et la tristesse engendrent la crainte.
La crainte, comme l'espérance, se fait des augures de tout.
La crainte du ridicule, ou d'un froissement d'amour-propre, retient plus d'aveux d'amour chez les hommes que le sentiment du devoir ou le respect de l'objet aimé.
La crainte de la mort inspire souvent aux hommes un tel dégoût de la vie, qu'ils tournent contre eux-mêmes des mains désespérées, oubliant que la crainte de la mort était l'unique source de leurs peines.
Je t'aime avec tant de crainte et un tel sentiment d'indignité que mon désir ne s'est jamais manifesté que dans une tendresse timide, une tendresse de malade, une tendresse de désespéré.
La crainte des suites du vice nous tient habituellement lieu de vertu.
Obtenir par la crainte équivaut presque à obtenir par la force.
En consultant l'avenir, regardons-le avec les yeux de la raison, et non avec ceux de la crainte.
Par crainte de se compromettre on arrive à n'être plus dévoué qu'à soi-même.
Une crainte salutaire peut parler à la conscience et lui montrer l'opprobre et le châtiment qui attendent le crime ; alors si elle n'a pas le pouvoir de commander le bien, elle a celui d'empêcher le mal.
Rien ne rétrécit plus l'esprit que la crainte d'être dupe.
Celui à qui il ne reste plus d'espérance ne connaît pas la crainte.
Toute crainte doit être réprouvée quand la crainte n'est pas justifiée par un examen de la raison.
À l'impie en tout temps toute paix est ravie. Il passe tour à tour de la crainte au remords : l'image de la vie aide à troubler sa mort, l'image de la mort aide à troubler sa vie.
La crainte de Dieu nous est aussi nécessaire pour nous maintenir dans le bien, que la crainte de la mort pour nous retenir dans la vie.
La crainte d'un malheur incertain fait souvent une impression plus funeste que la certitude d'un malheur arrivé.
S'il est fâcheux de se tromper, une crainte excessive de se tromper est un mal plus fâcheux encore, attendu qu'il vaut mieux perdre son chemin que de ne pas marcher du tout.
La crainte d'être dupe paralyse les courages.
À la crainte du châtiment l'homme social joint la crainte du reproche, la peur du mépris.
Garder de la crainte juste ce qu'il en faut, que c'est difficile !
L'homme ne connaît la mesure que par crainte, non par goût.
Pour régner, une crainte étrangle une autre crainte.
Le bonheur n'est qu'un état précaire, et la crainte de le perdre en empoisonne toujours la jouissance.
Un ancien pouvoir inspire toujours la crainte, même après qu'il est désarmé.
La crainte d'un danger imaginaire nous précipite dans un danger réel.
Bienheureux celui qui est toujours en crainte et en défiance de sa propre faiblesse, et qui ne s'appuie point sur lui-même, mettant toute sa confiance en Dieu. Nous pouvons tout, quand il nous fortifie ; sans lui, rien.
Un cœur endurci n'a ni aucune crainte de Dieu, ni aucun respect pour les hommes.
Le souvenir du bien qu'on n'a plus, le sentiment du mal que l'on a et la crainte de celui qui peut arriver donnent sans cesse à l'esprit de grandes peines.
La crainte est une preuve de faiblesse.
Si la crainte de mal faire empêche de mettre la main à l'œuvre, on ne fera jamais rien qui vaille.
Celui qui n'agit que dans la crainte d'être méprisé est un être méprisable.
Il y a des craintifs qui souhaiteraient que l'avenir soit remis à une date ultérieure.
On fait souvent sans scrupule ce que l'on peut faire sans crainte.
La crainte aguerrit contre les maux et en évite la surprise.
La crainte est aveugle comme l'espérance : bandeau noir et bandeau rose.
Il y a de l'espérance même dans la crainte : au moment où le malheur s'accomplit, notre cœur se brise, et ce déchirement est précisément la perte de l'espérance.
La crainte ramène à Dieu plus que la douleur, le malheur redouté plus que le malheur accompli.
La crainte de faire souffrir qui nous aime est forte contre notre devoir, impuissante contre notre passion.
La crainte s'attaque aux esprits timides ou superstitieux qui en créent eux-mêmes ou en grossissent les fantômes ; elle est la continuelle et dévorante sollicitude de l'avare pour ses richesses ; elle est l'image de la mort se dressant livide et menaçante devant le lâche.
La crainte gouverne le monde, et l'espérance le console.
L'inquiétude est la crainte tempérée par l'espérance.
Le soupçon est le fruit d'une mauvaise conscience et l'effet de la crainte qu'on a d'être payé de la même monnaie qu'on donne aux autres. Le voleur s'imagine que tout le monde vole. L'envie et le soupçon ont presque un même effet : la première dévore son maître ; l'autre l'inquiète.
La crainte du mépris est comme la sauvegarde de notre honneur : combien de vertus n'a-t-elle pas fait mettre en pratique, qu'on n'aurait peut-être jamais connues sans elle !
La crainte est une passion des plus naturelles au cœur humain, et des plus dangereuses. Empêchez que l'âme n'y soit ouverte ; quand la crainte engourdit les sens et trouble la raison, il n'est plus temps d'y remédier.
Où est la crainte, là est aussi la honte.
Il vaut mieux retenir les enfants par l'honneur et les sentiments que par la crainte.
Le meilleur remède contre la crainte, c'est la clémence.
On ne gagne pas la confiance de ses sujets en fondant un empire sur la crainte.
Dans les affaires du monde, la crainte suit pas à pas l'espérance.
Qui ne connaît ni la honte ni la crainte est parvenu au comble de l'impudence.
La crainte trouble l'esprit et le jugement?