La grande fatalité de l'idée démocratique, l'idée fausse qui ne peut engendrer que des erreurs, c'est l'immolation de l'intelligence au nombre. Elle précipite contre le petit nombre de gens de haut mérite le flot des médiocrités et des impuissances.
Si les démocraties étaient sages, le vrai principe qui devrait les guider serait celui-ci : Nous ne promettons pas à tous les hommes d'être les premiers ; l'accession ne nous regarde pas ; nous ne garantissons que l'accessibilité. Aujourd'hui, toute doublure veut être étoffe, tout déclassé aspire au premier rang : l'envie est lasse de dissimuler, les convoitises sont lasses de se contraindre, la brutalité est lasse de supporter l'intelligence, l'animalité est lasse de supporter le spiritualisme.
On réclame aujourd'hui l'égalité parfaite entre toutes les parties du corps ; accordez le droit de suffrage aux genoux, ils ne voteront pas pour le cerveau, ils voteront pour les pieds !
Le plus grand ennemi de la démocratie c'est elle-même. Elle n'aboutira jamais si elle ne renonce une fois pour toutes à ses traditions césariennes.
Partout je vois précipitation, dilettantisme, légèreté, et peu de compétence. La démocratie est le règne des ravageurs, des non-qualifiés et des profanes, c'est-à-dire de la présomption. Tandis qu'il faut des études prolongées pour être dentiste, chacun s'estime en naissant capable de gérer les intérêts publics.
Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire et les démocraties qui n'ont pas de sauveurs !
L'inégalité des conditions, dans une démocratie, a pour correctif leur instabilité.
Un effet singulier de l'égalité démocratique est de surexciter la soif des distinctions.
La démocratie, prompte à régler et à restreindre la liberté du travail, se garde de toucher à celle du plaisir et des vices.
Quand la démocratie ne tue pas les grands hommes, les grands hommes la tuent.
L'égalité démocratique exalte le sentiment du droit et déprime celui du devoir.
On dit qu'un grain de sable arrête la mer ; la démocratie montante ne connait pas ce grain de sable-là.
De même qu'il n'y a pas de monarchie sans courtisan, il ne peut y avoir de démocratie sans mensonge. Le monde actuel, qui est à peu près entièrement démocratique, est, par conséquent, devenu une gigantesque entreprise de mensonge. Le mensonge des gens au pouvoir et de leurs auxiliaires touche à la métaphysique.
Lorsqu'on n'élit pas le plus bête, il semble que ce ne soit plus la démocratie.
Élection : Dans les démocraties évoluées, c'est-à-dire décadentes, expression du désenchantement politique de la collectivité, caractérisé par la tendance du peuple à l'aboulie que, par un retournement de sens, on appelle volonté.
Tous les hommes sont en faveur de la démocratie comme tous les vers sont en faveur des pommes.
La démocratie idéale serait celle où le peuple ne donnerait jamais son avis.
L'un des grands bonheurs de la démocratie est que l'on peut à peu près tout payer avec des mots.
La démocratie est un régime fatigant, car on n'y prend de décisions qu'après avoir fait l'expérience des catastrophes, alors qu'on se les épargnerait avec un peu de raisonnement.
La démocratie est à la monarchie ce que le divorce est au mariage.
La vraie démocratie, c'est de gouverner à bon marché ; l'État, qui est tout le monde, doit agir comme tout le monde.
La vraie démocratie, c'est d'économiser l'argent du peuple.
La démocratie a le plus bas des idéals qui est de ne décourager personne.
En démocratie le seul pouvoir que possède le citoyen se réduit à un bulletin de vote.
Rude métier que celui de chef d'État d'une démocratie occidentale qui passe les trois quarts de son temps à défendre les droits de l'homme et le quart restant à donner l'accolade aux dictateurs qui les bafouent.
Imprudente démocratie qui a donné aux citoyens le pouvoir de voter contre elle sans prévoir que les caprices du suffrage universel seraient capables de la menacer davantage qu'une hypothétique dictature.
La démocratie n'exige pas seulement des urnes transparentes. Elle a besoin aussi de tiroirs-caisses où les citoyens puissent voir la monnaie.
La démocratie, c'est la moitié des cons plus un.
La justice habille somptueusement et assoit systématiquement plus haut que les justiciables ses auxiliaires qui ont fait des études au mépris de l'égalité démocratique.
Suffrage universel : Date de 1789. Mais la démocratie a découvert assez récemment les éligibles, c'est-à-dire les candidats susceptibles, selon les sondages – qui voudraient être aux scrutins ce que l'échographie est à la maternité –, d'être élus. Au fait, à quoi servent les autres ?
Syndicats : Organisations protestataires qui, au nom de la démocratie et alors qu'elles ne rallient que 8 % des actifs, parviennent parfois à paralyser 100 % du pays.
Démocratie : La moitié plus un des citoyens ne connaissant rien aux affaires et admis cependant à décider du destin d'un pays.
Pourquoi la démocratie n'installe-t-elle pas à la tête de l'État un citoyen d'intelligence moyenne, plus représentatif du corps électoral que le major d'une grande école ?
Sans népotisme pas de monarchie ; sans favoritisme pas de démocratie ; sans la liberté d'affirmer n'importe quoi pas de journalisme.
La démocratie fiscale a fait de la solidarité un sentiment sans aucune spontanéité mais pouvant aller jusqu'au confiscatoire.
La démocratie participative est un attrape-électeurs insinuant qu'un citoyen qui vote gouverne.
Le désordre, l'anarchie partout. Ce n'est pas la démocratie, c'est la démagogie.
La démocratie devrait assurer au plus faible les mêmes opportunités qu'au plus fort.
Le grand inconvénient de la démocratie c'est de remuer la lie et de la faire monter.
Une démocratie doit être une fraternité. Sinon, c'est une imposture.
La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous.
La démocratie est une bonne fille, mais pour qu'elle soit fidèle, il faut lui faire l'amour tous les jours.
La démocratie est, en profondeur, l'organisation de la diversité.
Les démocraties ne peuvent plus se passer d'être hypocrites.
Une des grandes illusions de la démocratie est de s'imaginer que l'instruction égalise les hommes. Elle ne sert souvent qu'à les différencier davantage.
La première phase d'évolution d'une démocratie triomphante est de détruire les anciennes aristocraties, la seconde d'en créer de nouvelles.