Quelques journalistes prétendent qu'il y a antagonisme entre les gouvernants et les gouvernés ; ce serait, s'il existait, le fortifier au lieu de l'affaiblir ; mais je soutiens — et ce devrait être le rôle de tous les écrivains de le soutenir — que cet antagonisme n'existe pas. Tout ce qui profite aux gouvernés profite aux gouvernants. Plus les gouvernés sont libres et moins le gouvernement est responsable ; plus ils sont riches et moins il a de peine à prélever l'impôt ; plus ils travaillent et moins il est tenu de s'occuper d'eux. Leur intérêt est inséparable ; il est identique alors même qu'il paraît opposé. Les gouvernants qui conduisent à la ruine et à l'oppression les gouvernés sont, à leur tour, conduits par ceux-ci à la chute et à la révolution. Voilà ce que la presse, partout où il y a des journaux plus ou moins libres, ne saurait dire trop souvent et démontrer trop clairement.
Je ne sais qu'un moyen de suppléer à l'absence de génie dans l'homme qui gouverne : c'est par l'émulation de la liberté. La liberté, c'est l'esprit de tous. L'esprit de tous est au génie d'un seul ce que la monnaie d'une pièce est à cette pièce indivisée.
L'art de gouverner, c'est l'art de vaincre les difficultés.
Si gouverner c'est prévoir, prévoir c'est voir de loin. Ne serait-ce que pour y regarder ensuite de plus près.
Le véritable et habile homme d'État gouverne avec une main de fer dans un gant de velours et non avec une main de toilette dans un gant de crin.
Il est bien difficile à un mari de ne pas commettre de fautes ; car, pour la plupart d'entre eux, l'art de gouverner une femme est encore moins connu que celui de la bien choisir.
Il n'y a rien de plus estimable que de savoir bien gouverner sa langue.
On gouverne mal l'amour quand il est vieux.
La fortune est tout, c'est elle qui gouverne, change, ou conserve toute chose. La prudence des mortels n'est que chimère.
Le peuple qui ne sent pas la main de celui qui le gouverne lui fait sentir la sienne.
Ceux qui commandent ont besoin de savoir gouverner la volonté des autres.
Pour savoir de quelle manière il faudrait gouverner l'amour, voyez combien un amant est aimé quand il est ingrat, ou combien lui est chère une ingrate dont il se plaint.
Les hommes sont gouvernés par leurs sens avant de connaître leur cœur.
Les peuples se gouvernent par des exemples plutôt que par des lois.
Qui veut gouverner sans idées veut récolter sans semer.
Gouverner, c'est tendre jusqu'à casser, tous les ressorts du pouvoir.
Trop gouverner est le plus grand danger des gouvernements.
Quand les esprits nés pour gouverner deviennent rares, on multiplie les délibérations et les conseils. Le vaisseau qui n'a plus de boussole se dirige par estime.
On peut plutôt gouverner avec des faibles, quand les institutions sont bonnes, qu'avec des forts, quand elles sont mauvaises.
Il faut plutôt avoir de l'ordre et de la suite pour bien gouverner que de grands talents.
L'homme croit gouverner, c'est à peine s'il règne ; il se croit le maître quand il n'est que l'esclave ; partout et toujours l'homme s'agite, et la femme le mène.
Pour les gouvernants, décentraliser consiste à créer des satellites autour de leur soleil.
De tous les hommes, le plus facile à gouverner pour une femme, c'est l'homme violent. La violence est un de ces gros écueils à fleur d'eau dont se rient les pilotes les plus novices. Il suffit de savoir les tourner, c'est à quoi la plus ingénue s'entend à merveille.
On ne gouverne pas les passions, et surtout celle de la liberté.
Entre tous les talents celui de gouverner est le plus difficile et le plus rare.
Peu de femmes ont assez de raison pour sentir le besoin qu'elles ont d'être gouvernées, et ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que ce sont celles qui le sentent qui pourraient le plus s'en passer.
L'art de gouverner, c'est l'art de choisir ses hommes.
Gouverner, c'est voler, tout le monde sait ça.
Gouverner, c'est suivre les nécessités et s'en remettre aux compétences.
L'art de gouverner, c'est celui de penser à tout, et de ne se laisser faire la queue par aucun hasard.
L'âme est une horloge que Dieu nous a donnée à gouverner, mais il ne nous a point dit de quoi le ressort de cette horloge est composé.
Qui gouverne ne doit pas se laisser gouverner.
Une femme peut gouverner toujours à sa fantaisie l'homme du monde le plus impérieux, pourvu qu'elle ait beaucoup d'esprit, assez de beauté et peu d'amour.
Le désintéressement chez les gouvernants est aussi rare que la modestie.
L'unique secret de n'être pas gouverné, c'est de croire peu, et de travailler beaucoup.
La question n'est pas de savoir quel est le meilleur gouvernement, mais quel est le peuple le mieux gouverné.
Qui se gouverne tient les autres en respect.
Avec l'autorité, rien de plus difficile que de gouverner ; avec la liberté, rien de plus facile.
Gouverner les hommes, c'est connaître leurs vrais besoins, et non pas obéir à leurs caprices déréglés.
Gouverner, c'est vouloir ; on ne gouverne pas avec des désirs, mais avec des volontés fermes et constantes.
Il vaut mieux se gouverner soi-même que d'être gouverné par les autres.
Vous qui gouvernez les états, exercez votre générosité envers ceux dont vous n'aurez jamais entendu dire que du bien ; ils sont dignes de vos faveurs, mais ne leur confiez point de places importantes. L'envie signale le mérite supérieur, et n'épargne que la médiocrité.
Il faut, lorsqu'on gouverne les Français, ne pas oublier qu'ils sont individualistes.
Qui désire exceller dans la sagesse ne doit pas se laisser gouverner par les femmes.
Gouverner c'est mettre vos sujets hors d'état de vous nuire et même d'y penser.
Gouverner, ce n'est plus dominer les peuples par la force et la violence ; c'est les conduire vers un meilleur avenir, en faisant appel à leur raison et à leur cœur.
La fortune et l'humeur gouvernent le monde?