Ce que l'honneur exige d'un peuple et de ceux qui le gouvernent, c'est qu'ils aient constamment devant les yeux le rôle qu'ils sont appelés à remplir ; c'est qu'ils ne se laissent pas détourner un seul instant de leur tâche ; c'est qu'ils ne prodiguent aucune des forces, ne gaspillent aucune des ressources dont l'histoire aura à leur demander compte.
Quelques journalistes prétendent qu'il y a antagonisme entre les gouvernants et les gouvernés ; ce serait, s'il existait, le fortifier au lieu de l'affaiblir ; mais je soutiens — et ce devrait être le rôle de tous les écrivains de le soutenir — que cet antagonisme n'existe pas. Tout ce qui profite aux gouvernés profite aux gouvernants. Plus les gouvernés sont libres et moins le gouvernement est responsable ; plus ils sont riches et moins il a de peine à prélever l'impôt ; plus ils travaillent et moins il est tenu de s'occuper d'eux. Leur intérêt est inséparable ; il est identique alors même qu'il paraît opposé. Les gouvernants qui conduisent à la ruine et à l'oppression les gouvernés sont, à leur tour, conduits par ceux-ci à la chute et à la révolution. Voilà ce que la presse, partout où il y a des journaux plus ou moins libres, ne saurait dire trop souvent et démontrer trop clairement.
Je ne sais qu'un moyen de suppléer à l'absence de génie dans l'homme qui gouverne : c'est par l'émulation de la liberté. La liberté, c'est l'esprit de tous. L'esprit de tous est au génie d'un seul ce que la monnaie d'une pièce est à cette pièce indivisée.
Il est bien difficile à un mari de ne pas commettre de fautes ; car, pour la plupart d'entre eux, l'art de gouverner une femme est encore moins connu que celui de la bien choisir.
Les ambitieux qui gouvernent les empires consomment les peuples comme une denrée, et traitent toujours de chimérique tout ce qui tend à rendre les hommes meilleurs ou plus heureux.
Pour savoir de quelle manière il faudrait gouverner l'amour, voyez combien un amant est aimé quand il est ingrat, ou combien lui est chère une ingrate dont il se plaint.
Trop gouverner est le plus grand danger des gouvernements.
Mirabeau - Discours Assemblée nationale, le 25 novembre 1790.
Quand les esprits nés pour gouverner deviennent rares, on multiplie les délibérations et les conseils. Le vaisseau qui n'a plus de boussole se dirige par estime.
L'homme croit gouverner, c'est à peine s'il règne ; il se croit le maître quand il n'est que l'esclave ; partout et toujours l'homme s'agite, et la femme le mène.
Si la vie est un bonheur, un malheur ou un hasard, on la gouverne en conséquence ; on cherche à l'augmenter, à la diminuer, ou l'on joue avec elle : trois systèmes fort différents.
De tous les hommes, le plus facile à gouverner pour une femme, c'est l'homme violent. La violence est un de ces gros écueils à fleur d'eau dont se rient les pilotes les plus novices. Il suffit de savoir les tourner, c'est à quoi la plus ingénue s'entend à merveille.
Peu de femmes ont assez de raison pour sentir le besoin qu'elles ont d'être gouvernées, et ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que ce sont celles qui le sentent qui pourraient le plus s'en passer.
Une femme peut gouverner toujours à sa fantaisie l'homme du monde le plus impérieux, pourvu qu'elle ait beaucoup d'esprit, assez de beauté et peu d'amour.
Vous qui gouvernez les états, exercez votre générosité envers ceux dont vous n'aurez jamais entendu dire que du bien ; ils sont dignes de vos faveurs, mais ne leur confiez point de places importantes. L'envie signale le mérite supérieur, et n'épargne que la médiocrité.
Gouverner, ce n'est plus dominer les peuples par la force et la violence ; c'est les conduire vers un meilleur avenir, en faisant appel à leur raison et à leur cœur.