Inquiet, mélancolique et fervent, j'hésite entre l'action et la contemplation.
La contemplation m'attire et m'intéresse, la lutte me fatigue, la défaite me dégoûte.
Le passé est passé. Le présent a son bon côté ; c'est celui-là qu'il faut regarder. La contemplation de ce qui aurait pu être n'a rien de bienfaisant ; elle est mélancolique, désolante et malsaine. Il faut se contenter de ce qui peut encore être, et dater, pour ainsi dire, d'aujourd'hui, sans amertume inutile, sans présomption dangereuse, et sans pusillanimité exagérée.
L'impersonnalité désintéressée de la contemplation, c'est bien là que je reviens par goût, quand mon cœur veut bien dormir et ma conscience se taire. Je ne tiens à jouer aucun rôle, et le seul désir que je sente en moi c'est de ne pas quereller, de comprendre et d'être aimé. La paix, la tendresse, l'intelligence, voilà tout ce qui me sourit. La lutte, le succès, la richesse, la renommée, le pouvoir me sont indifférents.
Ma carcasse me tracasse. Mais j'éprouve une sorte d'antipathie à lutter contre les ennuis, à réparer, remédier, désirer et combattre. Je suis devenu inerte, patient et passif, préférant la contemplation à l'action et penser à vouloir. Pour mon compte, je n'attends jamais que le pire, et je ne me figure pas même pouvoir l'empêcher.
L'art est la nature débrouillée, et il nous délivre de tout ce qui troublait la netteté de nos contemplations, de tout ce qui pouvait gêner nos sentiments, nos émotions et nos rêves. L'art est la nature concentrée, et il nous délivre des fatigues d'une attention dispersée qui avait peine à saisir le rapport des détails avec l'ensemble, le rapport de l'ensemble avec notre âme.
Quiconque est incapable de se procurer lui-même des plaisirs esthétiques par la contemplation des réalités sera toujours insensible aux plus belles créations du génie.
L'action nous limite, la contemplation nous dilate.
L'état religieux c'est l'enthousiasme recueilli, la contemplation émue, l'extase tranquille.
La trop grande contemplation des obstacles engendre la faiblesse.
L'attente : entre l'absence et la présence, la contemplation du temps.
Il vient toujours un temps où il faut choisir entre la contemplation et l'action. Cela s'appelle devenir un homme.
Je plains les hommes qui parlent sans cesse de l'instabilité des choses de ce monde, et se perdent dans la contemplation de leur néant. Ne sommes-nous pas ici-bas pour rendre impérissable ce qui est de sa nature périssable ? Or cela ne peut arriver si nous ne savons estimer ce qui passe comme ce qui est éternel.
La contemplation de la nature fait les poètes ; la méditation de la destinée fait les penseurs.
Le rêve est un bain débilitant ; la contemplation est un bain fortifiant.
La contemplation du temps est la clef de la vie humaine.
La jeunesse n'a pas assez d'imagination pour comprendre l'enthousiasme que peut inspirer la contemplation journalière de la nature ; elle n'a pas assez de raison pour savourer toutes les jouissances d'une vie calme, paisible, repliée sur elle-même, et où l'on pense beaucoup plus que l'on n'agit.
La contemplation d'une femme nue me fait rêver à son squelette.
La contemplation nous fait oublier la terre, la méditation nous apprend à nous y conduire.
C'est en éveillant l'idée de l'infini que la contemplation des étoiles, l'aspect du désert et la vue de l'océan élèvent l'âme jusqu'à Dieu.
La paresse conduit à la contemplation, la contemplation mène à la béatitude.
Par la contemplation, tu possèdes ; par l'action, tu donnes.
Dans la jeunesse, c'est la contemplation ; dans l'âge mûr, la réflexion qui domine ; l'une est le temps de la poésie, l'autre plutôt celui de la philosophie.
La pensée humaine quitte le visible pour l'invisible, et, se dégageant de la matière, elle va se perdre dans la contemplation de l'infini.
On entre dans le rêve pour fuir la réalité ; on entre dans la contemplation pour atteindre la réalité suprême.
Comment sortir de soi ? Parfois cette chose arrive, qui fait que nous ne sommes plus enfermés : un amour sans mesure. Un silence sans contraire. La contemplation d'un visage infini, fait de ciel et de terre.