Je ne suis rien d'autre qu'un observateur, j'essaie de partager mes constatations. J'explore ce monde et ses défauts, et je dois humblement reconnaître que ses imperfections m'amusent plus que ses vertus !
L'homme, cet être de progrès, doit savoir d'où il vient pour savoir où il va, pouvoir additionner ce qu'il a acquis, appris ou pensé hier, avec ses acquisitions, observations et pensées d'aujourd'hui ; en un mot, il doit avoir une mémoire. Sans mémoire, il rentrerait dans la tombe absolument le même qu'il est sorti du sein de sa mère, aux cheveux blancs près.
Le peu de connaissance que l'homme a ordinairement de lui-même, vient, je crois, de l'avidité insatiable qu'il a de connaître les autres. Et que, comme il sort ainsi hors de lui-même, il se trouve si rarement chez lui qu'il n'a aucun temps pour pouvoir observer ce qui s'y passe, ce qu'il y a et ce qu'il est lui-même.
Connais-toi toi-même. Maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque s'observe arrête son développement. La chenille qui chercherait à bien se connaître ne deviendrait jamais papillon.
De toutes choses, l'observation et la connaissance du monde sont le principe, et l'on doit avoir soi-même fort observé, afin de pouvoir utiliser les observations d'autrui comme les siennes propres.
Il n'y a rien de plus sujet à erreur que l'opinion commune. Un bon observateur isolé a en réalité plus de poids sur mon esprit que mille témoignages superficiels ou intéressés de gens qui se répètent les uns les autres.
Observe un hypocrite : il est hypocrite avec tout le monde, même avec les gens qui lui sont inutiles. Il est hypocrite avec lui-même. Bref, il est dupe de ses singeries. Quel haïssable personnage !
Il y a dans ce monde deux races d'hommes aussi distinctes, aussi dissemblables que l'eau et le feu : les honnêtes gens qui observent les dix commandements de la loi, et les malhonnêtes gens qui les transgressent.
Le silence de l'homme d'esprit n'est pas le silence du sot. Sa physionomie est lisible ; observez-la : ses mouvements vous diront si vous faites la pluie ou le beau temps.
Vous cherchez à nommer les hommes, et vous croyez les connaître à leurs noms : qui les observe plus à fond s'avoue franchement qu'il s'y trouve de l'anonyme.
Il y a peu de gens qui aient assez de pénétration pour découvrir, assez d'attention pour observer, ou qui prennent assez d'intérêt pour examiner au-delà des apparences.
La méchanceté a beau s'entourer de formes plus ou moins séduisantes, elle finit toujours par percer ; elle n'est pas longtemps ignorée de l'observateur attentif.
Si nous ne voulons pas mépriser les hommes, n'observons pas trop les chiens : leur cœur ferait honte à notre indifférence, leur cynisme nous révélerait ce que cache notre hypocrisie.
L'esprit d'observation procure un bien plus grand avantage que celui de satisfaire une curiosité raisonnable : en nous apprenant combien en général les hommes sont injustes, il nous prépare à l'injustice. Ainsi, lorsqu'elle nous atteint, nous en sommes moins blessés, et la considérant comme une infirmité de l'espèce plutôt que comme le tort d'un individu, nous sommes moins exposés au malheur de haïr.
Ceux qui sont continuellement occupés à observer les actions des autres ressemblent à ceux qui sont toujours hors de leur maison, et qui vont dans celles d'autrui où ils arrangent tout, tandis que la leur tombe en ruine.
Alexander Pope - Les maximes et réflexions morales (1739)
La moitié de la société passe sa vie à observer l'autre.
L'enfant veut apprendre à vivre, il a besoin de connaître et d'agir ; c'est pour cela qu'il observe et qu'il compare ; ses facultés tendent naturellement à se fortifier et à s'étendre : plus on le laissera s'en servir, plus elles deviendront fortes ; plus on multipliera le nombre et le genre des occasions où il pourra les exercer, plus elles deviendront étendues.
François Guizot - Le dictionnaire universel des synonymes (1809)
S'observer est dangereux ; mais ne pas s'observer est ennuyeux.