De quoi êtes-vous avare ? — Des larmes des autres.
Quand on songe aux joies dont l'avare est privé : les satisfactions de l'amour-propre, les ivresses du plaisir, le luxe des arts, le goût des belles choses, l'émotion des bonheurs partagés, les douceurs de la bienfaisance et de la charité, on se dit que l'amour de l'or doit à lui seul remplacer toutes les jouissances, et qu'il est certainement le plus envahissant des amours.
L'avare estime quelquefois la vertu comme un moyen d'économie, mais il préfère le vice qui enrichit.
Aux yeux de la plupart des hommes un héritier n'est qu'un héritier ; mais aux yeux d'un avare, un héritier est un voleur.
Quand on maudit un avare, pourquoi lui souhaiter la pauvreté ? Les avares ne sont jamais riches.
L'avare fait pour la pauvreté ce qu'on faisait autrefois pour la petite vérole ; il se l'inocule, afin de s'en préserver.
L'avare a toutes les souffrances du pauvre sans avoir une seule de ses joies.
Par des motifs différents, l'avare n'avoue pas plus le chiffre de ses richesses que la coquette n'avoue le nombre de ses années.
Au lieu de s'enrichir pour vivre, l'avare vit pour s'enrichir.
Avares fastueux de tous les rangs, avares sordides de toutes les classes, cessez d'enfouir cet or qui est encore moins périssable que vous ! ouvrez vos portes à l'indigence ! l'homme bienfaisant est le vrai sage ; il se fait aimer pendant sa vie, et se fait pleurer après sa mort.
Les avares fameux sont rares, mais il est une infinité de fameux avares.
Frapper à la porte de l'avare est pour l'homme de cœur une opération aussi douloureuse que l'extraction d'une dent.
L'avare, si l'on regarde sa sacoche, devient malade ; si on l'aborde pour implorer son assistance, il tombe en épilepsie.
La cupidité de l'avare ne connaît pas de bornes ; plus il a, plus il veut avoir.
L'avare se condamne lui-même à ne pas faire le moindre usage de ses richesses, et il consent à laisser de grands biens à des héritiers qui n'ont pas de désir plus ardent que celui de le voir dans le tombeau.
L'avare est châtié par son propre vice, puisqu'il ne jouit pas de ce qu'il possède.
Pour corriger l'avare, il conviendrait peut-être de lui présenter tous les jours le tableau des probabilités de la vie humaine ; je ne connais rien qui aille plus directement à la guérison de cette folie incompréhensible.
Un avare s'applique rarement ce qu'il entend dire contre l'avarice.
La seule vue d'un homme qui demande de l'argent donne des convulsions à un avare.
Le cœur d'un avare est un abîme.
Le prodigue n'a jamais autant de plaisir à dépenser que l'avare à thésauriser.
Vivre pauvre pour mourir riche, tel est le sort de la plupart des riches avares !
L'avare ne raisonne point et ne forme aucun projet d'avenir. Il n'est en proie qu'à une unique pensée, celle d'entasser argent sur argent. Il n'a communément d'autre vice que sa manie ; mais aussi il est complétement dépourvu de vertus, même de l'amour de la famille.
Le temps a, comme l'argent, ses avares et ses prodigues ; mais les premiers sont plus rares que les seconds.
Le plus beau triomphe d'une belle est d'avoir rendu amoureux un avare.
Le but de l'avare n'est pas d'amasser de l'or : c'est de mettre en réserve de la puissance. Il se sent plus fort que toutes les tentations, parce qu'il se dit : Si je voulais !
L'avare se prive de tout, de peur d'être un jour privé de quelque chose.
L'avare, il ramasse tout et ne jette rien.
II n'y a rien qui ressemble mieux à une éponge qu'un homme avare.
L'avare qui se retire du monde meurt d'un opulent ennui.
L'avare est un pauvre homme, seul et isolé de tous, au milieu de l'opulence.
L'avare est un fou qui se rend pauvre de crainte de le devenir.
L'avare arrive toujours au terme du voyage avant d'avoir complété ses provisions.
L'homme ne hait celui qu'il appelle avare que parce qu'il n'y a rien à gagner avec lui.
Les ingrats enseignent à devenir avare.
L'avare est aussi pauvre de ce qu'il a que de ce qu'il n'a pas.
Un vieillard avare qui se plaint pense qu'on en veut toujours aux pauvres riches.
L'argent des avares à leur mort fait rire les héritiers.
Il est rare qu'un avare d'amitié ne le soit pas d'autre chose.
Ma grand-mère, qui était un peu avare, m'a donné de bonnes leçons là-dessus quand j'étais enfant. Lorsque je lui demandais des cadeaux ou de l'argent, elle se gardait bien de me céder, ce qui m'enrageait, naturellement. Tu seras bien content d'avoir tout cela quand je n'y serai plus, me disait-elle. J'avais trouvé un joli sophisme à lui rétorquer : Mais je serai si malheureux de ta mort que cela ne me fera plus aucun plaisir !
Un avare est un rat couché sur des pièces d'or?