2 — Les 42 pensées et citations sur la malveillance :
La malveillance aura beau tremper à loisir ses traits dans le fiel, elle ne me détournera pas du mieux ; ce venin qu'elle distille sur les autres, et qui les tue, ne m'empêchera pas d'applaudir sans relâche à des principes que je ne suis pas sans doute, mais que je sais qu'il faudrait suivre, la malveillance ne m'empêchera pas d'adorer la vertu.
On aime à étouffer la verve des autres ! Cette malveillance jalouse qui ne peut souffrir de donner un éloge, et que le succès d'un égal aigrit et offense est un vilain trait de mœurs.
Il m'est positivement agréable d'être indéchiffré, c'est-à-dire de n'être pas à la merci des curieux, des malveillants, des profanes. Que l'on se moque de moi, j'y consens, mais que l'on crochette ma pensée intérieure, mon être véritable, ce que j'ai de meilleur, halte-là. Vous vous raillerez de celui que vous me croyez être, mais de moi, non !
Je suis ami de la paix ; la lutte contre la malveillance sournoise m'est insupportable ; j'ai toujours envie de lâcher tout ce qu'on me dispute, parce qu'aucun enjeu ne vaut pour moi le mauvais sang qu'on se donne à le défendre.
C'est l'homme affaibli qui aperçoit le mieux tout ce qui lui manque, les duretés du sort, la malveillance des hommes, les tristesses de l'avenir, les contrariétés du présent.
Il y a une sorte de grâce dans la malveillance, qui participe de la grâce de la jeunesse, qui est l'équivalent de la « beauté du diable » chez les demoiselles.
Il y a des gens pleins d'illusions qui, ne voulant jamais savoir ce qu'on dit d'eux, s'imaginent que la malveillance publique les épargne ; il y en a d'autres qui, connaissant mieux le monde, préfèrent savoir ce qu'on critique en eux, afin de pouvoir se corriger ou se défendre.
Les âmes mauvaises ont toujours une dureté cachée dans leur sourire, une secrète malveillance dans leur regard, une griffe sous leur politesse, et un scalpel au fond de leurs yeux.
Les malveillants me resserrent en moi-même, et mon premier mouvement est de me retrancher dans une froide réserve et dans mon insouciance naturelle à l'égard de l'opinion.
Pourquoi le monde est-il hostile et malveillant ? Pourquoi l'homme fait-il du prochain une proie ? L'Eden serait partout s'il était dans le cœur. Dès qu'on nous laisse aimer, nous retrouvons la joie.
Le monde est un nid de guêpes, où les dards de la méfiance, de la malveillance, du soupçon, de l'envie, de l'aversion et de l'hostilité vous piquent de mille côtés.
L'œil des autres est par nature le mauvais œil sauf exceptions particulières. Pourquoi ? Parce qu'il nous surveille avec malveillance, et qu'il soupçonne le mal aussi fréquemment qu'il le peut parce qu'il l'imagine au besoin dès qu'il n'y a pas absurdité à le supposer et danger à le dire.
Lorsqu'on va chez les autres, et que l'on voit leur entourage, les nécessités qui les enchaînent, les obstacles qui les retiennent, les devoirs qu'ils accomplissent et les contrariétés qu'ils supportent, il faudrait être déraisonnable ou malveillant pour s'apercevoir de ce qu'il peut y avoir de mal ou de ridicule chez des personnes respectables sous tant de rapports.
J'ai faim et soif de simple bonté, parce que la moquerie, le soupçon, la malveillance, la jalousie, l'amertume, les jugements téméraires, la malice corrosive usurpent aujourd'hui une place grandissante et font dans la société la guerre de tous contre presque tous, et dans la vie privée l'aridité du désert.
La véritable modestie n'est pas tant celle que l'on conserve au milieu des éloges que celle qui demeure impassible devant les attaques de la malveillance.
Comme je ne crois à rien, excepté en religion, je me défie de tout : la malveillance et le dénigrement sont les deux caractères de l'esprit humain ; la moquerie et la calomnie, le résultat certain d'une confidence.
La vie est courte, mais la gloire est longue : méprisez donc les vaines clameurs de la malveillance, car l'ingratitude meurt, et la postérité est juste.