Les traditions sont plus répandues et plus puissantes que les codes et les histoires écrites. Les premières tiennent aux mœurs, aux habitudes, aux sentiments ; les autres tiennent aux circonstances et aux faits généraux. Il faut se donner la peine d'apprendre et d'étudier celles-ci ; celles-là s'inculquent en nous par une sorte d'infiltration insensible qui les assimile à notre existence même.
On nous promet comme suprême récompense d'appartenir à l'histoire. Je le veux bien, mais de quelle histoire vient-on nous parler ? Celle que nous voyons a tant et de si bizarres façons de vous arranger qu'un homme sage ne tient pas à rien avoir à démêler avec elle.
En général, l'homme ne fait pas grand-chose exprès ; l'histoire n'est que l'art d'établir d'une façon à peu près plausible la préméditation des tuiles qui tombent.
Les systèmes des savants sont le roman de la science ; les discours des tribuns sont le roman de la politique ; les erreurs des premiers et les vices des seconds en sont l'histoire.
Depuis que le roman se pique d'être exact comme l'histoire, on dirait que l'histoire tient à honneur d'inventer et de divaguer comme le roman.
De toutes les denrées frelatées, l'histoire est celle où les falsifications sont le plus nuisibles et le plus fréquentes.
Plus l'histoire sera vraie, moins elle paraîtra vraisemblable et moins on y croira.
Dans l'étude de l'histoire, les dates sont comme des clous, auxquels la mémoire suspend les tableaux des diverses époques.
L'histoire est une collection de tableaux dont le temps a verni les uns et enfumé les autres.
Les pages d'histoire ressemblent à des galeries de tableaux où l'on ne voit guère que des portraits de profil, et il ne faut pas s'en étonner ; il y a tant de peintres qui naissent borgnes, et tant d'autres qui ferment volontairement un oeil !
Supplions les historiens de mettre un peu d'histoire dans leurs fictions, et les cafetiers de mettre un peu de café dans leur chicorée.
L'histoire est une aristocrate, elle ne s'occupe guère que des puissants.
Ce n'est pas le mérite, c'est le moment, qui a valu à grand nombre de gens leur petite place dans l'histoire.
L'Histoire efface jusqu'à l'oubli des hommes.
La variété grotesque des dieux qui défilent dans l'histoire démontre assez que l'idée de Dieu n'est pas déterminable.
À certains moments de la vie d'un peuple, la mission de l'histoire se borne à dresser des procès-verbaux.
Il en est des individus comme des peuples, les plus heureux sont ceux qui n'ont pas d'histoire.
Une historiette est bonne jusqu'à ce qu'on en raconte une autre.
Aux yeux de quiconque a lu l'Histoire, la désobéissance est la vertu originelle de l'homme. La désobéissance a permis le progrès – la désobéissance et la rébellion.
L'histoire de la femme est l'histoire de la pire forme de tyrannie que le monde ait jamais connu. La tyrannie du faible sur le fort. C'est la seule tyrannie qui dure.
L'histoire, c'est l'invisible manifesté visiblement ; mais il faut des yeux pour le voir !
Si l'histoire était inventée par un romancier, on ne la croirait pas. Rien n'est si merveilleux que la vérité !
L'histoire agrandit notre existence de toute celle de l'humanité.
L'histoire avertit plus qu'elle n'encourage et instruit plus qu'elle ne console.
À force de nous faire tout comprendre, l'histoire nous désapprend de haïr et d'aimer.
Les procès ont, de tout temps, tenu une grande place dans l'histoire, qui n'est elle-même qu'un long procès.
La politique est inséparable de l'histoire : le présent n'est que du passé accumulé.
La vie et l'histoire sont le même livre, imprimés en plus ou moins gros caractères.
Nous ne retenons bien les faits et les dates de l'histoire contemporaine qu'en les rattachant aux particularités de notre existence : c'est comme la mnémotechnie de l'égoïsme.
Étudiez l'histoire de l'esprit humain, des institutions politiques et des inventions en tous genres, vous verrez qu'on n'arrive au simple et au vrai, qu'après avoir épuisé toutes les combinaisons possibles du compliqué et du faux.
L'architecture est le seul livre d'histoire sans mensonge.
Les lendemains, ça ne chante jamais. Depuis dix mille ans qu'il y a une histoire, si les lendemains devaient chanter, eh bien ! mon Dieu, ils auraient chanté déjà un certain nombre de fois.
L'histoire du genre humain recommence avec chaque enfant qui vient au monde.
L'Histoire est comme le soleil, un flambeau allumé pour tout le monde.
L'histoire est la science des faits passés.
Vivre une belle histoire et quand c'est une histoire d'amour, ça vous force à croire qu'il y a encore de l'espérance dans cette sale vie, ça fait aimer les enfants et le sol et la proue des barges et le travail.
Il n'est donné qu'à ceux dont le caractère est froid et l'esprit juste de voir l'histoire de leur temps telle que la postérité la lira.
Il y a des historiens qui marchent dans l'histoire comme dans leur parc, arrachant à droite et à gauche tout ce qui les gêne ; dame Vérité les regarde faire et se couvre mélancoliquement les yeux.
Malheur à la nation qui ne se souvient plus de l'histoire de ses pères ! Son histoire à elle touche à sa fin.
En lisant l'histoire des peuples comme l'histoire des batailles, il faut en tirer des principes généraux, sans s'astreindre à suivre servilement une trace qui n'est pas empreinte sur le sable, mais sur un terrain plus élevé, les intérêts de l'humanité.
Ce sont les minorités qui gouvernent le monde, et c'est pour cela que le monde a une histoire ; si la vraie majorité gouvernait, il ne se passerait jamais rien.
La véritable histoire d'un homme est celle de ses échecs.
L'Histoire divorce de la Science, épouse l'Art, et ils font un enfant nommé Roman.
L'histoire est un vieux rideau que l'on tire sur le présent.
L'histoire est comme la musique, elle se transpose.
Le plus long chapitre de l'histoire de l'homme est celui de ses inconséquences.
Qui ne sait l'histoire que par les imprimés du temps n'en connait que le squelette.
Écrire l'histoire est une manière de se débarrasser du passé.
Les gens qui savent très bien l'histoire ont souvent un grave défaut : ils excellent à transformer leur science du passé en erreurs sur le présent.
Les bons règnes sont les pages blanches de l'histoire.