Le plus sûr résultat auquel parviennent généralement les philanthropes qui rêvent le bonheur de toute l'humanité, c'est de rendre leur femme très malheureuse.
Il en est qui ne font profession de philanthropie que pour se dispenser d'aimer leurs voisins.
La politique est mon seul plaisir. Vous comprenez, de nos jours, il est mal vu de flirter avant quarante ans ou d'être romantique avant quarante-cinq ans, et nous autres pauvres femmes de moins de trente ans, ou du moins qui le prétendons, n'avons pas d'autre choix que la politique ou la philanthropie. Or la philanthropie me paraît être devenue le refuge de ceux qui ont envie d'ennuyer leurs prochains. Je préfère la politique. Je pense qu'elle est plus... seyante.
Philanthropie : Lorsque je vois au loin ou près de moi quelque chose se courber, je crois toujours qu'il s'agit d'une puce, tant que l'on ne m'a pas démontré de manière apodictique qu'il s'agissait d'un pou.
Si la philanthropie qui voit juste et bien est une des plus belles vertus humaines, la fausse philanthropie est le pire de tous les travers.
Le faux philanthrope est comme un pêcheur qui jette un hameçon avec un appât : il paraît nourrir les poissons, mais il les prend et les fait mourir. Tous les tyrans, tous les magistrats, tous les politiques qui ont de l'ambition, paraissent bienfaisants et généreux ; ils paraissent se donner, et ils veulent prendre les peuples ; ils jettent l'hameçon dans les festins, dans les compagnies, dans les assemblées politiques. Ils ne sont pas sociables pour l'intérêt des hommes, mais pour abuser de tout le genre humain.
Il y a deux manières de se donner aux hommes. La première est de se faire aimer, non pour être l'idole des hommes, mais pour employer leur confiance à les rendre bons. Cette philanthropie est toute divine. Il y en a une autre qui est une fausse monnaie. Quand on se donne aux hommes pour leur plaire, pour les éblouir, pour usurper de l'autorité sur eux en les flattant, ce n'est pas eux qu'on aime, c'est soi-même. On n'agit que par vanité et par intérêt ; on fait semblant de se donner, pour posséder ceux à qui on fait accroire qu'on se donne à eux.
La malice et la vanité portent l'habit de la philanthropie.
La philanthropie n'est jamais dupe des hommes les plus trompeurs et les plus ingrats, car elle n'espère ni ne veut rien d'eux pour son propre intérêt ; elle ne leur demande rien que pour leur bien véritable. Elle ne se lasse jamais dans cette bonté désintéressée ; et elle imite les dieux, qui ont donné aux hommes la vie sans avoir besoin de leur encens ni de leurs victimes.
La philanthropie se sert de la connaissance de sa propre faiblesse pour supporter celle d'autrui.
La philanthropie est une vertu douce, patiente et désintéressée, qui supporte le mal sans l'approuver. Elle attend les hommes ; elle ne donne rien à son goût, ni à sa commodité.
Dans la philanthropie, seul compte le résultat et non les intentions.
Le philanthrope met le vice au rang des malheurs, et la pitié tient dans son cœur la place de l'indignation et de la haine.
La bonté a pour filles : l'hospitalité qui allume son foyer et pétrit son pain pour le voyageur et le proscrit ; la charité dont les aumônes vont chercher le pauvre, dont les soins entourent le malade ; et la philanthropie qui embrasse tous les hommes dans un même amour.
Les faux philanthropes ont un esprit flatteur, insinuant, artificieux, pour corrompre les mœurs des hommes comme les courtisanes, et pour réduire en servitude tous ceux dont ils ont besoin.
Cœur sensible, cœur bon ; la sensibilité est le thermomètre de la bonté. Pour graduer cet instrument, l'appliquer d'abord au cœur d'un philanthrope, d'un vieillard ou d'un banquier ; on obtient ainsi le zéro ou la glace du thermomètre. Si vous le mettez ensuite sur le cœur d'un jeune homme, d'un artiste, et surtout d'une femme, n'importe de quel âge, vous aurez la bonté bouillante.
L'amour-propre d'un misanthrope n'est que sauvage et inutile au monde, mais celui des faux philanthropes est traître et tyrannique. Ils promettent toutes les vertus de la société et ils ne font de la société qu'un trafic, dans lequel ils veulent tout attirer à eux, et asservir tous les citoyens.
L'homme a un beau et un vilain côté. Les philanthropes le regardent du beau côté, les misanthropes du vilain, mais ceux qui veulent réellement le connaître et témoigner de lui le regardent de face.
Le visage des vrais égoïstes est supportable ; on connaît le jeu, on est tous là pour le jouer ; mais celui des philanthropes est répugnant. On n'a pas le droit de ne penser à ce point qu'à soi-même !
La philanthropie nuit aux hommes en leur donnant à penser qu'ils peuvent compter sur d'autres que sur eux-mêmes.
Si vous voulez supprimer les bagnes, c'est très philanthropique ; mais, de grâce, étendez le bienfait, et supprimez ces travaux forcés auxquels vous condamnez l'enfance.
Philanthropie : Forme charitable de la curiosité.