La parole du vieillard est un écho du passé qui fait entendre au présent tout ce qu'il doit redouter de l'avenir.
J'aime à voir un vieillard, au déclin de la vie, sourire à l'enfant qu'il tient par la main, et diriger ses premiers pas. C'est un tableau touchant, capable d'inspirer le pinceau d'un grand peintre, et de suggérer au sage de salutaires réflexions.
L'amitié d'un vieillard pour un jeune homme forme un agréable et touchant contraste. En se rapprochant, ces deux âges se complètent et s'entredonnent les meilleurs présents de la vie. Le tableau d'une pareille amitié convenait au pinceau si délicat, si pur, si suave de Fénelon, qui en a fait un immortel chef-d'œuvre.
Ecoutez les vieillards comme on aime écouter les voyageurs sérieux qui ont fait le tour du globe. Ils ont fait le tour de la vie ; ils en ont traversé toutes les phases comme tous les écueils et, du haut de la tombe où ils vont descendre, désormais étrangers au bruit retentissant des passions et des intérêts qui divisent, exempts de rancunes et de préjugés, ils nous font entendre, dans leur dernier adieu, l'accent pur et serein de la vérité.
Il n'y a de beaux vieillards que ceux qui ont tenu les promesses de leur jeunesse, et maintenu jusqu'au bout l'harmonie constante de leur caractère, de leurs goûts, de leurs talents et de leurs convictions.
La jeunesse veut savoir ce que les vieillards ont vu et fait, et les vieillards aiment à le raconter.
Le printemps est pour le vieillard une récréation mélancolique ; un rayon de soleil devient sa dernière passion.
Le vieillard, pas plus que l'enfant, n'a le droit d'exiger que les autres s'amusent exclusivement de ses hochets.
Quand un vieillard condamne, à la jeunesse, ce qu'il a fait lui-même, on devrait le croire inspiré par l'expérience et par le repentir : on aime mieux lui supposer un sentiment jaloux.
Le vieillard qui n'a que de l'esprit fait tort à la dignité de son âge, et le vieillard qui n'a que de la gravité fait tort à son intelligence.
Le vieillard supporte la solitude, où il n'a d'autres compagnons que des regrets, mieux que le jeune homme, qui pourtant y est visité et soutenu par l'espérance.
Les études et les travaux d'un vieillard sont des ciselures sur un édifice qui s'écroule.
L'indulgence et la générosité chez un vieillard sont des rayons de soleil en hiver.
Donnez la mesure, dans vos rapports avec les vieillards, des égards que vous désirez rencontrer dans votre vieillesse, et établissez-y vos droits.
On peut dire de certains vieillards que le temps n'a blanchi que leurs cheveux.
La dignité est au vieillard ce que la pudeur est à la femme.
Les vieillards sont en général moins affectés de la mort des jeunes gens que de celle de leurs contemporains, parce que celle-ci est une mise en demeure directe.
Les vieillards aiment à mettre la mort de leurs contemporains sur le compte d'une imprudence, espérant bien être plus avisés et ne pas commettre la même faute.
Chose étrange ! Malgré les infirmités qui l'accablent et celles qui le menacent, le vieillard tient plus à la vie que le jeune homme, et il en fait moins volontiers le sacrifice.
Pour un vieillard c'est une grande consolation lorsqu'il repasse les années écoulées de sa vie, et de n'y trouver, à côté des erreurs, des faiblesses et des fautes si nombreuses qu'elles soient, le souvenir d'aucune méchante action.
Les vieillards, trop souvent, sont un ennuyeux livre que l'on est malgré soi forcé de feuilleter ; avec eux le secret de vivre est de savoir les écouter.
Il y a beaucoup de bonne grâce chez les jeunes gens à écouter les vieillards.
Le bonheur des jeunes gens ressemble un peu à la fièvre, mais le bonheur des vieillards ressemble trop à la mort.
Jadis est un adverbe aussi fréquemment employé par les vieillards, qu'il l'est peu par les femmes.
Vieillards, ne croyez pas qu'une jeune fille puisse, ainsi que l'hirondelle, vous ramener le printemps.
Il est injuste et honteux de croire les vieillards égoïstes ; s'ils ne pensent qu'à eux, c'est qu'ils ont perdu tous ceux qui les aimaient.
Le vieillard blâme les sentiments du jeune homme parce qu'il oublie qu'il a été jeune : un fils qui serait exactement ce qu'était son père à son âge ne parviendrait même pas à le satisfaire.
Les vieillards sont toujours jaloux ; ils ressemblent à ces enfants gourmands qui veulent à toute force garder pour eux seuls jusqu'aux gâteaux qu'ils ne peuvent plus manger.
Chez les vieillards, les plaisirs sont remplacés par les bonnes grâces.
La colère, dans les vieillards, est le seul vice de la jeunesse qui se ranime par l'extinction des autres.
Il faut au vieillard un appui de roseau pour promener ses dernières années sur la terre.
Un vieillard amoureux ressemble à un mauvais ouvrier qui veut se rattraper sur le dimanche.
Les vieillards et les enfants se tiennent chacun à un bout de la chaîne du temps, ils sont le passé et l'avenir confondus.
Lorsqu'un vieillard écrit ses pensées, il écrit ses mémoires.
Il faut tromper les vieillards sur les approches de la mort, comme le fait la nature. Voyez un jeune homme et un vieillard planter des arbres : le jeune homme plante des arbres tous venus et déjà forts, et c'est déjà beaucoup qu'il les plante ; il n'a pas le temps d'attendre. Le vieillard n'est pas pressé, il plante de très jeunes arbres et dit : Ça me fera un joli couvert dans vingt ans.
Un vieillard est un grand arbre qui n'a plus ni fruits ni feuilles, mais qui tient encore à la terre.
Le vieillard heureux est celui qui retrouve dans les souvenirs du passé l'accomplissement des espérances de sa jeunesse.
Le vieillard est presque plus voisin du ciel que de la terre.
Les bouchers sociaux devraient réserver leurs meilleurs morceaux aux vieillards attendant en vain la prise en charge par l'État de leurs prothèses dentaires.
Le vieillard est un livre dont le temps a rongé la couverture, mais qui doit reparaître un jour revu et corrigé par son auteur.
Unis-toi de coeur à la sagesse des vieillards?