Les demi-savants n'ont que le masque de la science, comme les hypocrites ont le masque de la vertu.
Les plus sages ne sont pas sages en tout, et les plus savants ignorent souvent les choses les plus vulgaires.
Peu de génie joint à beaucoup de mémoire et de temps peut faire un savant, il faut savoir penser pour être philosophe.
Tous les hommes ne sont pas nés pour être savants, grands physiciens, grands géomètres ; ces qualités ne regardent qu'un très petit nombre doué par excellence d'un génie profond, mais tout le monde doit être honnête homme, nulle excuse qui puisse nous dispenser de l'être. Comme il n'y a pas de honte à être privé des premières qualités, il y en a beaucoup à ne pas avoir cette dernière.
Le professeur ne peut plus être seulement un savant, il doit être un homme, mais un homme éclairé par la science, plus calme, plus maître de lui, d'un caractère encore plus irréprochable que tout autre, car avant d'enseigner les autres il faut s'enseigner soi-même.
Un riche ignorant passe devant un pauvre savant.
Les savants sont des livres vivants qui éclairent l'esprit, sans incommoder la vue.
Riches el savants de la terre, sachez-le bien, c'est moins votre argent el votre science que les pauvres et les ignorants désirent que vos égards et votre estime. Le mépris des riches pour les pauvres fait plus de voleurs que le besoin.
Le moins ignorant d'entre les savants est celui qui, appréciant la science humaine à sa juste valeur, définit modestement la plupart des choses : un je ne sais quoi.
L'orgueil des savants a rendu la science longue et difficile. Omar serait le plus grand des professeurs si, avant de réduire en cendres la bibliothèque d'Alexandrie, il l'eût fait résumer en quelques petits volumes. Toute cette pauvre science humaine, dont nous sommes si fiers, serait assurément fort à l'aise dans le plus mince des in-32, et s'apprendrait facilement dans vingt-quatre heures. Et nous mettons dix ans à faire un bachelier !
Les corps savants, en leur qualité de conservateurs inintelligents de la science, sont, par toute la terre, opposés au progrès. Les académiciens sont les douaniers de la science ; leur consigne semble être de faire feu sur toute idée nouvelle qui tenterait de franchir, par contrebande, le seuil des académies.
Les savants et les sots, comme les oies sauvages, aiment à se réunir et à voyager en troupes. Le philosophe, comme l'aigle, aime à s'élever solitaire dans les cieux d'où il plane au-dessus des préjugés des savants et des sots.
Les savants ont au moins un préjugé de plus que les ignorants, celui de s'en croire exempts. C'est ce préjugé-là, par lequel ils combattent ceux des autres, qui rend incurable, chez eux, la maladie des préjugés.
Mieux vaut être un savant qui s'ignore qu'un sot qui se déclare.
Les savants font la guerre aux préjugés populaires, sans s'apercevoir qu'ils sont eux-mêmes tout pleins de préjugés pour le moins aussi nombreux, quoique différents, et bien plus dangereux pour la société. Les préjugés du peuple, poussés dans les terres incultes de l'ignorance, sont de mauvaises herbes ordinaires qui tomberont, un jour ou l'autre, sous le sarcloir de la science. Les préjugés des savants, vérités d'apparence enracinées dans l'amour-propre, l'orgueil et l'intérêt personnel, sont un chiendent presque inextirpable.
Un jour d'un homme savant vaut mieux que toute la vie d'un ignorant.
Le savant le plus grand est celui qui connaît les limites de son savoir, c'est-à-dire l'infini de son ignorance.
Mieux vaut être savant qu'ignare, intelligent que bête.
Un savant, c'est un homme qui est à peu près certain.
Un homme cultivé et instruit est plus agréable qu'un savant spécialiste qui ne connaît que sa spécialité.
Gardons-nous de confondre la philosophie et la science. Le savant est au philosophe ce qu'un livre est à la nature ; ce que la lumière réfléchie est à la lumière directe ; ce que l'écho est à la voix qu'il répète. Le savant est une mémoire passive ; un lourd dictionnaire : c'est une médiocrité farcie d'orgueil, de pédantisme et d'envie ; un accapareur avare qui vend souvent fort cher les idées des autres. Le philosophe est un génie modeste ; une activité rayonnante : c'est un soleil qui tourne généreusement sur lui-même pour éclairer gratuitement de sa lumière tout ce qui gravite autour de lui.
Personne ne passe aujourd'hui pour ce qu'il est réellement, mais pour ce qu'il paraît être. On n'est point savant parce qu'on est académicien, mais parce qu'on en porte l'habit. Aussi, le dix-neuvième siècle pourra-t-il s'appeler, à juste titre, le siècle des charlatans.
On peut aussi être un couillon sans être un savant, tout est possible !
L'homme de génie a le pressentiment de toutes les vérités que découvre ensuite le savant.
Nous serions bien plus savants, si nous cédions moins souvent au désir d'être interrogés qu'à celui d'interroger les autres.
Il en est de quelques savants, comme de bons livres chargés de tant de poussière, que l'on craint de se salir les mains en y touchant.
La réputation des savants ne volerait pas bien loin si l'ostentation ne lui prêtait des ailes.
Un savant mal instruit et une chandelle mal mouchée répandent plus de fumée que de lumière.
L'orgueil fait le sophiste, la bonne foi fait le savant.
Le niais se croit savant de ce qu'ignorent les autres.
II en est des savants comme des ignorants, ils ne se plaisent qu'avec leurs semblables.
Le savant de fraîche date est un gueux revêtu qui nous fatigue de ses richesses.
Les discours d'un prétendu savant ressemblent aux sons tirés d'une harpe discorde.
Plusieurs savants sont comme les étoiles du pôle, qui marchent toujours et n'avancent point.
Le vrai savant est celui qui veut comprendre les choses.
L'encre du savant est aussi précieuse que le sang du martyr.
On ne sera jamais qu'un demi-savant sur bien des points, et un ignorant complet sur beaucoup d'autres.
Les savants ne sont pas d'ordinaire trop propres à l'action, parce qu'ils aiment le repos des muses.
Les faux savants cherchent à éblouir ; les savants véritables cherchent à se faire comprendre.
Pour un homme savant, il y en a mille qui ne le sont pas.
Le savant sait et s'enquiert ; l'ignorant ne sait de quoi s'enquérir.
Un savant amoureux, c'est un amoureux dont l'habileté réjouit sa partenaire.
Qu'est-ce donc qu'être savant ? C'est savoir qu'on ignore !
Le fonctionnarisme est la plus savante école de l'irresponsabilité.
Le savant se cherche, et le riche s'évite.
Une des supériorités du savant sur l'ignorant est de sentir où commence le mystère.
Le savant est comme l'or en barre, qui trouve partout son prix.
Un savant, ça va tout seul : je suis venu au monde marié, comme je sais lire.
Tel qui pense, et qui se dit être sage, tiens-le pour fou ; et celui qui savant se fait nommer, sonde-le bien avant.
Qui n'arrose pas le pouvant, en culture n'est pas savant.