Il est rare que les hommes d'argent aient des entrailles pour l'infortune, ils sont d'autant plus durs qu'ils ont été plus malheureux eux-mêmes.
Rien ne rappelle si puissamment notre âme que l'infortune : les fibres tendues se relâchent ; alors l'âme égarée se retire en elle-même, s'assied toute pensive, et admet en silence la salubrité des réflexions.
Pourquoi les grands hommes sont-ils si rares dans la foule ? C'est que cette émanation de la divinité qui constitue le génie ne peut exister que dans l'indépendance et la solitude ; dans la société on lit et on imite beaucoup, mais on médite peu. Cette ardeur généreuse qui fait écrire, penser et sentir fortement, finit par s'évaporer en paroles.
L'infortuné secoue sa tristesse au premier éclair de l'espérance, et livre de nouveau son âme aux plaisirs auxquels il était insensible au temps de son aveugle prospérité.
Il n'est rien de plus honteux que d'abandonner son ami qui tombe dans l'infortune.
Aux plus infortunés la tombe sert d'asile.
Il y aurait peu d'infortune si chacun voyait son malheur avec les yeux d'autrui.
Toi, dont la fortune est renversée, dis-moi, mon ami, pourquoi tu pleures ? Tes larmes ne sont pas des perles qu'on vende au marché, et tes mains oisives ne te rendront pas ce que tu as perdu. Chante pour oublier, et travaille pour acquérir. Oui, travaille, et si la fortune ne revient pas, l'espérance au moins reviendra. Cesse de te plaindre !
Si je rencontre quelque infortuné, je tâche de venir à son secours par mes conseils, comme un passant, sur le bord d'un torrent, tend la main à un malheureux qui s'y noie.
L'infortune succédant à la prospérité, voilà la pierre de touche d'une amitié fraternelle.
Bien des infortunés en ce monde se débattent dans un abîme sans fond, l'incertitude est leur partage.
Pour certains la vie est une complainte, ils mettent leurs infortunes en musique.
Après de longues infortunes on méconnaît le bonheur lorsqu'il se présente ou l'on s'en méfie.
On goûte mieux le bonheur après l'infortune.
Qu'il nous survienne un coup imprévu d'infortune, il y a des gens qui, croyant nous consoler, nous diront : C'est votre faute !
C’est au malheur à juger du malheur : le cœur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune.
L'infortune épure le cœur de tous sentiments d'orgueil et de vanité.
S'il est un homme que le malheur frappe, aussitôt, vous le mettrez dans les premiers rangs. Il suffit de conserver un cœur simple pour ne pas fuir les infortunés ; mais il est grand de les chercher dans l'oubli contre lequel ils n'osent protester, de les préférer dans leur ruine, de les admirer dans leurs combats.
Les sots n'apprennent rien de la raison ; l'adversité peut les instruire. Mais on a vu quelque fois l'imprudent devenir un sage dans l'infortune.
Un bon cœur regarde l'infortune du prochain comme une lettre de recommandation. Ses yeux sont aveugles aux faiblesses des autres, et ses oreilles sont sourdes à la médisance et aux insinuations des petits esprits.
La vie est un navire qui nous emporte tous, et si ce vaisseau coure au naufrage, il est beau de secourir et de consoler ses compagnons d'infortune. Et si le navire doit arriver au port, il est beau d'avoir été le coopérateur de la Providence.
L'Amour est le palliatif de cette vie infortuné à tant d'égards.
Le feu de l'amitié s'alimente des contrariétés et des misères humaines. Deux hommes heureux se rencontrent mille fois sans s'aimer ; deux infortunés s'aiment la première fois qu'ils se rencontrent.
Le souvenir est la ressource des infortunés.
C'est une triste vérité, mais consolante dans l'infortune, qu'il est rare qu'on atteigne une certaine intelligence ou un bonheur solide, par une autre route que celle de l'adversité.
Personne n'est volontairement dans l'infortune ou dans l'erreur, c'est par ignorance ou par faiblesse qu'il y persiste.
Opposer le courage, la bonté, la patience aux infortunes et aux injustices, c'est prouver qu'on leur est supérieur lors même qu'on en est la victime.
L'infortuné que le sort persécute a son cœur pour consolation.
La réputation, que le sage dédaigne, ne console pas d'une seule infortune de la vie.
Il est dur pour l'infortuné de rappeler sa félicité passée.
Quoi qu'on puisse penser de ces infortunés, si l'on ne doit rien aux gueux qui mendient, au moins se doit-on à soi-même de rendre honneur à l'humanité souffrante, ou à son image, et de ne point s'endurcir le cœur à l'aspect de ses misères.
L'infortune mûrit les hommes.
On est moins malheureux, dans la douleur commune, de voir qu'on n'est pas seul à souffrir l'infortune.
Les hommes traversent la route du bonheur, et tombent dans les abîmes de l'infortune.
Rien de plus triste qu'un homme heureux qui cesse de l'être. Il ne comprend rien à son infortune ; il n'a pas d'arme pour lutter contre elle. Et comme sa gloire était, peu ou prou, usurpée, il ne trouve même pas en soi la consolation du talent.
Ne comptez point sur les hommes aux jours de vos infortunes, car entre vous et eux s'élève alors un mur si haut que vos cris de détresse ne sauraient frapper leurs oreilles.
Pour que le fruit naisse et se développe ne faut-il pas que d'abord la fleur se fane ? La sagesse est le fruit de l'infortune.
Une minute suffit pour nous faire passer du bonheur à l'infortune.
Pour la plupart des hommes le bonheur n'existe qu'alors qu'il y a pour eux absence de mal, c'est dans l'infortune au contraire que celui du sage brille d'un plus vif éclat.
L'infortune serait bien moins accablante si son image s'offrait plus souvent à nos regards durant nos jours de prospérité.
Les grandes infortunes apathisent l'homme?