Pour celui qui vit dans la misère un pain qu'on vous offre est un présent inestimable.
Il n'est guère qu'un moyen de ne pas ressentir les petites misères de la vie, c'est d'être frappé par un grand malheur.
La misère est une maladie de l'humanité comme la maladie est une misère de l'homme.
La misère et l'adversité ont enfanté plus de héros et de génies que l'opulence.
La misère ne consiste pas dans la privation des choses, mais dans le besoin qui s'en fait sentir.
La misère contient dans ses flancs plus de vices que l'or ne recèle de vertus.
Les inondations, les cyclones, la famine, les épidémies sont d'ordre naturel ; la guerre, la misère, le vice sont d'ordre social : épouvantable concurrence !
Tous les hommes ont leur part des misères humaines ; la raison seule en allège le poids.
On associe un peu trop aisément la misère et le génie : la misère est une rude couveuse; pour un œuf enchanté qu'elle a fait éclore, combien en a-t-elle écrasés !
Dans ce monde de misère le bonheur est vite enterré.
L'esprit qui se laisse abattre par la misère n'est capable d'aucun sentiment élevé.
À ruminer ses misères on aggrave sa détresse.
Ruminer ses misères et converser avec ses fantômes rend toujours plus faible.
Il n'est pas de misères humaines avec lesquelles l'homme d'esprit ne joue, tant qu'il n'en est pas lui-même atteint.
Il vaut mieux s'aimer dans la peine et la misère que de vivre sans amour dans la prospérité.
La misère d'un jeune homme n'est jamais misérable. Le premier jeune garçon venu, si pauvre qu'il soit, avec sa santé, sa force, sa marche vive, ses yeux brillants, son sang qui circule chaudement, ses cheveux noirs, ses joues fraîches, ses lèvres roses, ses dents blanches, son souffle pur, fera toujours envie à un vieil empereur.
Les misères de la vie sont les circonstances atténuantes de la mort.
La misère suprême, c'est de ne pas se contenter jusqu'à l'ivresse de ce qu'on a, de ce qu'on est.
Il est difficile aux grandes âmes elles-mêmes de porter fièrement la ruine, parce qu'elles sentent sans cesse leur dignité menacée par leur misère.
Ce qu'il y a de déplorable dans la prodigalité des jeunes gens, c'est qu'ils n'ignorent pas que la misère sera le résultat de leurs folles dépenses, et qu'ils n'ont pas la force de s'arrêter.
L'enfant naît faible et nu pour que sa lourde somme de misère il apprenne à la porter en homme.
La tristesse succède au malheur, comme la misère au naufrage.
Si ce monde était exempt de misère et de peine, les hommes deviendraient la proie de l'ennui. Et dans la mesure où ils pourraient y échapper ils retomberaient dans les misères, les tourments, les souffrances.
Si un Dieu a fait ce monde, je n'aimerais pas à être ce Dieu : la misère du monde qui y règne me déchire le cœur. Un démon créateur ? On est alors en droit de lui crier en lui montrant sa création : Comment as-tu osé faire surgir une telle masse de malheur et d'angoisses ?
Il n'est pas prouvé que les gens qui portent la misère avec majesté puissent porter la fortune avec décence.
Ce que la misère a de plus terrible entre toutes ses horreurs, c'est d'autoriser la calomnie.
C'est un grand titre de recommandation auprès des souverains que d'être heureux, et c'est une qualité rebutante qu'un grand mérite accompagné de misère.
La misère anime les sentiments affectueux, de là cette locution : s'aimer comme des pauvres.
Le tourbillon des misères humaines fait éternellement le tour du monde.
La vraie misère ne se montre pas, elle se cache.
C'est le comble de la misère quand la honte s'unit au dommage.
Corruption : Corrompt tout sauf la misère.
La misère, c'est de posséder moins d'argent qu'un voisin n'ayant aucune raison d'en avoir davantage que soi.
C'est une bonne nourrice que la misère, et ses maigres mamelles versent à ses nourrissons un lait sain, fortifiant et bienfaisant.
La bataille de la vie pour des misères ne vaut pas ce qu'elle coûte.
Les cris du riche se font facilement entendre, tandis que les gémissements du peuple sont étouffés par la misère.
Toutes nos misères véritables sont intérieures et causées par nous-mêmes. Nous croyons faussement qu'elles viennent du dehors, mais nous les formons au dedans de nous de notre propre substance.
Un homme accablé de misère épuise sur lui-même toute sa sensibilité, et l'excès du malheur rend aussi incapable de commisération que le comble de la prospérité.
La misère est un stimulant, il est peu de vrais grands hommes qui n'aient été élevés seuls, sans maître, à l'école de la souffrance. Presque tous eurent des débuts extrêmement pénibles et auraient pu dire comme Figaro : Rien que pour vivre, j'ai dépensé plus de génie qu'il n'en faut pour gouverner toutes les Espagnes.
La misère paralyse les faibles, elle est un stimulant pour les forts.
Dans la misère, le grand bonheur de la richesse est de donner.
Ceux que nous prend la vie, elle ne les rend pas, et c'est la misère des misères.
Je n'ose montrer à ceux qui m'aiment l'étendue de mes misères et de mes abattements parce que d'une part je les afflige, et que de l'autre j'ai honte. En sorte que je broie le soir dans mon lit un noir affreux, traînant mon boulet sans joie et sans espérance, et ayant le sentiment que je me consume sans utilité.
La misère est obligée de passer par bien des dégoûts avant de trouver de quoi satisfaire une chétive existence.
Celui qui se confine dans la paresse doit s'attendre à recevoir la visite de l'ignorance et de la misère.
Rien ne réclame plus d'énergie que les mille petites misères de détail. Le lion qui terrasse les tigres en bataille rangée, peut mourir de rage sous les piqûres des moucherons ; les digues capables de soutenir le choc de l'océan se laissent détruire par le taret. Les coups d'épingle sont plus redoutables que les coups d'épée.
Je marche sur mes petites misères comme sur de l'herbe. Je dors, je sors et je rentre ; je me lève, je sors et je mange.
La mauvaise humeur a une propriété singulière ; elle attire les petites misères comme l'aimant attire les aiguilles. Cercle vicieux : les contrariétés donnent de l'humeur, et l'humeur multiplie les contrariétés.
La misère méritée est le juste châtiment de la paresse ou de l'ivrognerie.
La misère d'une femme est toujours jugée plus sévèrement que sa faiblesse.
Ce qu'il y a de bienfaisance dans le cœur de l'homme est tout juste au niveau des misères humaines, et c'est tout au plus si les discours incessants de la morale et de la religion parviennent à égaler le remède au mal, le baume à la blessure.
Il y a des gens qui n'auront jamais connu la misère que de vue.
On ne regrette pas d'avoir peu vécu, quand on connaît les misères auxquelles on eût été longtemps exposé dans le cours d'une plus longue vie.
La misère aide à supporter la misère.
La misère corrompt les plus honnêtes gens.
Le dernier degré de la misère est de craindre encore lorsqu'il n'est plus permis d'espérer.
Les richesses font connaître l'homme ; si dans une grande fortune on commet une infamie, que ne ferait-on pas dans la misère ?
Ne nous lassons pas de monter et de descendre, il y a des misères à tous les étages.
Il faut qu'une misère soit bien grande pour que le corps en souffre, et bien petite pour que sa fierté n'en souffre pas.
À force de travailler pour augmenter notre bonheur, nous le changeons en misère.
Qui n'a jamais éprouvé la misère ne sait compatir?