Le doute n'est pas au-dessous du savoir, mais au-dessus
Qu'il se rencontre un homme poursuivant sans arrière-pensée personnelle un but désintéressé, les plus honnêtes gens mettront en doute son bon sens ou sa bonne foi.
Le doute est l'ennemi des grandes entreprises.
Rien ne pèse dans la vie autant que l'indécision, dans le cœur autant que le doute.
Souvent où le doute finit, le préjugé commence.
Quand un esprit vigoureux est assailli par le doute, il le saisit, le terrasse, le charge sur ses épaules, et continue de marcher en le portant avec lui.
Il est près de la vérité celui que le doute inquiète.
L'indifférence est un doute ; le doute est une méfiance, la méfiance conduit à l'épicuréisme ; on s'abandonne à la jouissance présente et on ne lutte plus contre rien quand on n'espère plus rien.
Quand le doute se glisse dans l'âme, l'enthousiasme se convertit en affliction.
Le doute est le commencement de la science.
Le doute est un mal nécessaire, on peut dire qu'il est un grand bien, et que, subi avec douleur, avec humilité, avec l'impatient désir d'arriver à la foi, il est un des plus grands mérites qu'une âme sincère puisse offrir à Dieu. Oui, certes, si l'homme qui s'endort dans l'indifférence de la vérité est vil, si celui qui s'enorgueillit dans une négation cynique est insensé ou pervers, l'homme qui pleure sur son ignorance est respectable, et celui qui travaille hardiment à en sortir est déjà grand, même lorsqu'il n'a encore rien recueilli de son travail. Mais il faut une âme forte, ou une raison déjà assez mûre pour traverser cette mer tumultueuse du doute sans y être englouti.
Le doute s'empare du monde, le Dieu éternel vacille au fond des cœurs ; mais le tressaillement du scepticisme ne reste pas sans fruit : tout s'agite ; la philosophie, les révolutions politiques entrouvrent ensemble l'avenir ; et nous, qui paraissons un moment au milieu de ce spectacle, nous attendons l'éclair qui doit tout éblouir, et ramener la paix que le monde a perdue.
Le doute est l'état d'une âme indécise qui s'arrête prudemment sur le bord d'une résolution, qui refuse ou évite d'embrasser une opinion ou de se déterminer pour un choix. C'est une attente de la lumière au milieu des ténèbres, ou une hésitation craintive en face de l'évidence, ou bien encore, une impassibilité qui défie le monde et ses déceptions, lorsque le cœur n'est plus qu'un cadavre.
Le doute ressemble à ces mouches importunes qu'on chasse et qui reviennent toujours. Il s'envole sans doute au premier geste de la raison ; mais la religion le tue, et franchement c'est un peu mieux.
Le doute tue l'audace et l'initiative.
L'orgueil repousse le doute, et la raison l'accueille.
Le doute produit la curiosité, la curiosité engendre l'inquiétude.
Le doute est une crainte qui élève des obstacles à nos désirs, et détruit nos espérances.
Le doute est une mer agitée dont la religion est l'unique port.
Le doute est comme une fumée qui laisse du terne sur les plus belles dorures.
Aussi longtemps qu'on a des doutes, on a des scrupules.
Un moment quelquefois éclaircit plus d'un doute.
Qui veut savoir est voué à la critique, au doute, à la modération, et n'agira qu'avec répugnance ou hésitation.
Le doute engendre la recherche, la modération, la tolérance.
Le doute conduit à l'immobilité, il interdit la détermination.
Le doute amène à la sagesse, mais il ne communique aucune force. Il émonde, élague, retranche toutes les frondaisons vaines, mais il ne fait rien croître. Or la vie est positive, affirmative, et ne peut se contenter de négations, de désillusions.
Le doute est le grand extincteur de l'enthousiasme, c'est le poison du cœur et le destructeur de la force.
Le doute de soi conduit à la passivité, et la passivité à la servitude.
La philosophie, c'est le doute d'abord, et ensuite la conscience de la science, la conscience de l'incertitude et de l'ignorance, la conscience des limites, des nuances, des degrés, des possibles.
Le doute ôte la capacité d'être convaincu.
Le doute est le fils de la sagesse.
Le doute dispense de l'action et l'incertitude la déconseille.
La suite nécessaire du doute est de suspendre en nous toute résolution, toute action ; au lieu de nous égarer il nous glace. Notre orgueil s'y repose, notre indolence y trouve son excuse. Il permet tout de la manière la plus dangereuse, je veux dire en ne défendant rien. Il affecte la dignité de la sagesse, et se fait passer pour elle dans l'esprit des humains.
Le doute est la marque du sage.
Avant de douter, je veux voir ; après le doute, la preuve !
Le doute est le remords de l'erreur.
Le doute n'habite point la cité de Dieu.
Le doute a sauvé bien des faiblesses en leur permettant de se reprendre à temps.
Où il y a doute, il ne peut avoir sérénité.
Un doute affecté est une fausse clé de fine trempe.
Je ne mets pas en doute les titres de noblesse, mais quelquefois la noblesse des titres.
Autre chose est d'émettre une opinion dans le doute, autre chose est d'affirmer témérairement ce qu'on ignore.
J'ai cru longtemps que le doute n'était qu'un jeu d'esprit ; je commence à sentir qu'il est une maladie. Ce mal, d'abord imaginaire et poétique, prend une réalité positive quand on a fait le tour de sa pensée. Jusque-là l'on n'était qu'ignorant, des portes pouvaient s'ouvrir... mais tout à coup on s'aperçoit qu'en tâtant la muraille on est revenu à son point de départ sans avoir trouvé une seule issue ; alors on ne rit plus avec les railleurs, on ne pleure plus les larmes d'or des poètes ; on a le cœur serré, oppressé, on est au cachot tout de bon.
Peu de gens parlent du doute en doutant.
Les passions enfantent presque autant de doutes que la faiblesse du génie.
Plus je réponds à mes doutes, plus les questions surgissent.
Mon défaut capital est l'ennui, le dégoût de tout, le doute perpétuel.
Le doute, s'il est de bonne foi, amène l'examen, et l'examen la lumière.
La crainte de voir confirmer nos appréhensions nous fait souvent reculer devant les éclaircissements d'un doute, dont nous voudrions sortir à tout prix.
Le doute fut le premier pas vers les découvertes dans le labyrinthe de la vérité.
La jeunesse est le moment des heures terribles et des doutes cruels, avec l'âge arrive la sérénité.
Né de la réflexion et de l'expérience, le doute peut être une sage réserve de la foi pour des objets capables de l'attacher sans retour et de l'asseoir enfin sur la réalité.
II n'est pas d'esprit à l'abri du doute; ceux qui sont le plus affermis dans une croyance doutent d'autant plus des croyances opposées.
On est moins sûr de ce qu'on croit et de ce qu'on aime que de ses doutes et de ses dégoûts.
Le doute est le père de la prudence?