Prenez une chimère pour monture afin d'aller jusqu'au ciel y décrocher les étoiles, et vous tomberez dans quelque bourbier.
Les chimères nous égarent, mais les réalités nous blessent.
Les chimères ne se nourrissent pas moins copieusement au râtelier des philosophes que dans la prairie des poètes.
L'ambition poursuit sa course et ses rêves en dépit de ses chutes, et remonte à cheval sur des chimères plus vite qu'elle n'en tombe.
Les hommes de sentiment ont beau broder de chimères leur passion, l'étoffe en est toujours grossière.
Bien des hommes seraient moins malheureux s'ils se contentaient d'améliorer leur position sans rêver un bonheur chimérique.
Il n'y a de vrai dans la vie que les chimères que nous rêvons. Aussi finissent-elles toutes en douleur.
Quiconque n'écoute que l'imagination est emporté dans le royaume des chimères.
Passe, passe, vie éphémère, la nuit efface le sentier, à peine ai-je connu ma mère, et cueilli la fleur d'églantier ; et tout n'est rien, rien que chimère. Passe, passe, vie éphémère, dans peu je mourrai tout entier.
Les oisifs ne le sont pas encore assez, puisqu'ils se créent à plaisir des mondes de chimères. C'est à eux qu'il appartient d'inventer les susceptibilités, les vanités, les médisances, tout le triste cortège des occupations inutiles.
Si la perspective des amants n'était pas une chimère, ils seraient trop heureux.
Les chimères sont la nourriture ordinaire de l'amour.
Si vous ôtez aux hommes toutes les chimères, quel plaisir leur restera-t-il ?
Il est nécessaire de se tenir en garde contre l'imagination ; elle nuit presque toujours au jugement et à la mémoire. Par elle, les chimères remplacent les réalités et trop souvent nous entraînent d'erreur en erreur, de folie en folie, jusqu'à notre ruine totale.
Le pays des chimères est, en ce monde, le seul digne d'être habité.
L'amour et ses chimères sont des amusements pour les âmes vulgaires.
La première jeunesse est la saison des chimères, c'est une loi de nature ; seulement il est des chimères couleur de rose, et il en est d'autres qui poussent au noir.
Qui caresse une chimère fonde son avenir sur la plus trompeuse des espérances.
Qui court après le songe et la chimère rêve d'un bonheur impossible qui ne se trouve que dans les idylles.
Les chimères dissipent les chagrins en fumée et étourdissent la vie.
Une femme a besoin d'appui, et on ne s'appuie pas sur des chimères et des repentirs. C'est un triste soutien qu'un homme qui ne sait pas vouloir, et un roseau n'est pas un bâton.
Ne dites point au poète : Vos rêves, vos chimères ! — Car ce que vous appelez ses rêveries c'est un monde réel pour lui.
Malgré les apparences contraires, la femme, moins que l'homme, fait participer la chimère à son rêve.
Les esprits pleins de chimères sont malsains comme les brouillards.
Quiconque a une chimère dont il se plaît à rêver en retrouve partout l'image.
Les femmes ne voient dans les choses que ce qu'il y a réellement ; les hommes, sous le coup de leurs passions excitées, grossissent les objets, et ils se peignent des chimères.
Tout bonheur en cette vie n'est que chimère, la souffrance seule est réelle.
C'est en poursuivant des chimères que l'homme a souvent réalisé des progrès qu'il ne cherchait pas.
Le bonheur n'est pas une chimère, lorsqu'on le cherche dans son propre intérieur, et non hors de soi. Il faut, pour le trouver, n'avoir aucun reproche à se faire, et voir les défauts et les vice des hommes, sans leur en vouloir plus de mal.
On a beau prendre des tenailles pour arracher de son âme une chimère qui vous fait souffrir, on n'en lève jamais la plante avec toutes ses racines, et cette racine oubliée travaille sourdement.
Les visionnaires devraient mourir jeunes, dans la fleur de leurs années, dans la fraîcheur de leurs espérances, avant que la fortune se lasse de leur être indulgente, de sourire à leur chimère. Une folie en cheveux gris, une folie qui résiste à l'expérience et se refuse au repentir, ne trouve jamais grâce devant la destinée ; tôt ou tard elle expie durement son impénitence.
Comme il y a dans plusieurs sciences une chimère où les plus habiles veulent parvenir, il en est aussi dans toutes les conditions de la vie ; mais dans la recherche de l'une et de l'autre, les efforts ne sont pas également heureux : celle des savants les mène presque toujours à quelque chose d'utile : en marchant au hasard vers l'impossible, ils découvrent souvent ce qu'ils n'auraient pas cru possible de trouver. Il n'en est pas de même des désirs du reste des hommes : leurs chimères sont aussi vaines, sans être aussi avantageuses, c'est ordinairement ce qui plaît, et presque jamais ce qui est le plus utile, la santé du corps et le repos de l'esprit.
À faire mon nid je n'ai que paresse, et faire mon trou choque ma fierté ; je suis tout chimère et tout maladresse, et j'ai pour devise : Inutilité.
Notre destinée, à nous deux, est de nous aimer, tout le reste est chimère !
Dans l'amour malheureux où l'âme poursuit sans cesse une chimère qui lui échappe ou un objet réel qui la repousse, l'âme a beau s'exhaler, tantôt par les prières, tantôt par les plaintes, elle ne reçoit rien ; l'âme s'épuise ainsi peu à peu, et si le délire se prolonge elle se consume.
L'amant adultère proteste à la femme qu'il convoite que la sainteté du mariage est chimérique, et persuade à la sienne que ce nœud est sacré.
J'ai le cœur d'un enfant, mais l'esprit d'un vieillard. Mon imagination est pessimiste et toute remplie de frayeurs chimériques. Ma prudence est outrée, mes suppositions exagérées.
Le bonheur est, dit-on, une chimère, que l'on poursuit dans la jeunesse pour soi et dans la maturité de la vie pour ceux que l'on aime ; cela n'est vrai que lorsqu'il s'agit de ceux qui cherchent le bonheur là où il ne peut être.
Combien d'hypothèses qui deviennent des chimères, aussitôt qu'elles passent du domaine des raisonnements pour entrer dans le domaine des faits !
Nous serons sûrs de mener une vie heureuse toutes les fois que nous ne voudrons pas sortir du cercle que la nature a tracé autour de chacun de nous ; il est plus ou moins étendu : tout ce que l'homme poursuit au-delà n'est qu'une chimère.
La vie des gens du monde est un combat perpétuel des vices contre les vices, un mouvement, un travail, une fatigue journalière pour briller quelques moments aux yeux des autres, aux dépens de son propre repos : tous les fruits qu'ils en retirent sont un vrai tissu de futilités qui laissent un vide profond dans le cœur, et font voguer l'esprit de chimères en chimères, sans lui laisser un seul instant de libre pour la réflexion.
Rien de grand ne se fait sans chimères.
Tout me paraît chimère, vapeur, fantôme et néant, y compris mon propre individu.
Le désir de plaire à tout le monde est une marotte qui sied bien au jeune homme ; c'est la chimère d'une âme bien née. L'expérience, hélas ! ne la détruira que trop tôt.