Pour arriver à son but, une vive passion ne recule guère devant un acte de cruauté.
On a prétendu admettre des passions permises et des passions défendues ; on a aussi qualifié certaines passions, grandes, nobles, généreuses ; c'est une erreur. D'abord le mal ne peut jamais être permis ; puis, à proprement parler, il n'y a pas de petite passion ; le désir de l'objet le plus insignifiant peut grandir et s'exalter au point d'altérer la santé et de troubler la raison, en même temps qu'il dégradera l'âme en la séparant du souverain bien.
Dans l'ordre providentiel, l'âme est faite pour commander, le corps pour obéir ; par l'effet de la passion, l'âme détrônée n'est plus que l'esclave de son esclave.
L'homme existe de deux façons : selon la société et selon la nature. Dieu met en lui la passion ; la société y met l'action ; la nature y met la rêverie. De la passion combinée avec l'action, c'est à dire de la vie dans le présent et de l'histoire dans le passé, naît le drame. De la passion mêlée à la rêverie naît la poésie proprement dite.
Toute passion est éloquente ; tout homme persuadé persuade ; pour arracher des pleurs, il faut pleurer : l'enthousiasme est contagieux, a-t-on dit.
La passion est un carnaval de l'esprit et du cœur au milieu duquel l'amour grisé par la folie voit danser autour de lui tous ses sentiments travestis.
Dans son premier degré la passion commence par demander ; au second, elle exige ; au troisième, elle contraint.
Quel est votre Dieu préféré ? — La passion du moment.
Quelle est pour vous la passion la plus noble ? — Celle du sacrifice.
Où commence la passion ? — A la tentation du sacrifice.
Un cœur possédé par la passion, afin de s'expliquer la passion qui le possède, s'accroche à mille prétextes divers. En réalité, la passion procède de l'être qui la ressent bien plus que de l'être qui l'inspire.
Un homme, poussé par la passion, se jette en avant sans savoir comment il reviendra ; une femme se ménage toujours une retraite.
Chaque passion parle un différent langage.
A un certain âge l'homme, voyant tout lui échapper, est heureux de retrouver, engourdie dans un coin de son cœur, quelque passion secondaire, qui n'a joué jusque-là qu'un rôle tout à fait insignifiant dans son existence, de la réveiller, de la cultiver, et de vivre sur elle, faute de mieux.
Qu'est-ce que la passion ? — Presque toujours une explosion de la folie qui est chez presque tous ; quelquefois l'explosion de la sagesse qui est en quelques-uns.
Un homme sait mieux feindre la passion quand il n'aime pas que la froideur quand il aime.
La passion, comme le soleil et le feu, ramollit ce qui est dur et durcit ce qui est mou !
La passion dominante est un lierre qui s'attache aux vertus, et les étouffe en les embrassant.
Il n'y a point de passion plus égoïste que celle de la luxure.
Toute passion devenant dominatrice rend idiot.
Des yeux pleins de passion nous remuent malgré nous s'ils nous regardent avec complaisance. Il n'y a qu'un cœur indifférent qui soit à l'abri de cette émotion. On rencontre quelquefois de si beaux yeux qu'il est bien difficile de baisser les siens. L'œil attire l'amour, et l'amour y court toujours.
La raison veut une chose, la passion une autre ; après un combat, la passion l'emporte et foule aux pieds la raison ; ainsi va le monde.
Quand on se rend le jouet d'une passion, on le devient de ceux qui l'inspirent.
Le mot passion n'est que le synonyme du mot besoin. Aussi doit-on être plus touché du plus petit sentiment qu'on inspire que de la plus violente passion qu'on allume. La fin de toute passion est une satisfaction égoïste et personnelle ; la fin du plus léger battement d'un cœur amoureux est une pensée de dévouement. Les femmes confondent volontiers la passion avec l'amour.
L'homme qui cède à la passion fait comme l'arbre qui fournit le manche à la cognée pour se voir abattre par elle.
Qui n'a pas de passion, il ne lui sert de rien d'avoir de la science.
La vraie passion s'accompagne de crainte et de respect.
La passion peut donner un moment l'apparence de l'affection : bien fou qui s'y fie.
À la passion, il n'y a de remède que la passion.
Toute passion étant une sorte de folie endémique dans la nature humaine, refréner ses passions n'est pas seulement affaire de vertu, c'est surtout affaire de raison.
La passion, c'est l'ascétisme profane, aussi rude que l'ascétisme religieux.
Aux cendres d'une passion s'en rallume souvent une autre.
La passion ne calcule pas, et paye aveuglément.
Les principes sont des points de refuge, où l'homme se gare de la passion.
Dès qu'un préjugé est sous la garde d'une passion, il faut le laisser tranquille si l'on tient à sa propre paix.
La passion est encore ce qui aide le mieux à vivre.
Une mauvaise passion devient irrésistible quand elle peut se masquer sous l'apparence d'un bon sentiment.
La passion triomphe de la volonté.
Parfois la passion nous élève, comme le navire monte sur la vague.
Faites vivre votre passion, elle vous réchauffera quand le monde deviendra froid.
La passion en sait plus que la règle?