Aux yeux du courtisan, il y a la même différence entre la faveur et la disgrâce, qu'entre l'être et le néant.
La solitude est le bon côté des disgrâces. Quand la foule se précipite où l'on ne veut pas aller, heureux l'homme seul !
Celui qui, se voyant disgracié de la nature, privé des avantages de l'éducation et dépourvu de talent, se serait dit : « Je veux être doux, affable, obligeant avec tout le monde, et je le serai, quoi qu'il arrive, » aurait pris le meilleur parti le seul peut-être, pour trouver chez les autres bon accueil et bon visage, et pour se rendre la vie très supportable. Plus que beaucoup d'autres heureusement doués, ce serait un homme d'esprit.
A voir de quel air conquérant certaines gens portent leurs disgrâces, on se dit que la Providence a bien fait de se montrer, à leur égard, économe de ses dons. Il était juste qu'elle réservât ses faveurs pour ceux qui, plus modestes ou plus exigeants, ne se contentent pas à si peu de frais.
La prudence tire des ressources même de la disgrâce.
Il en est de la renommée comme de la fortune ; pour vouloir en obtenir trop de faveurs on encourt sa disgrâce.
En se conformant, dans ses disgrâces, à la volonté du Ciel, on ne s'aperçoit quasi pas des rigueurs de la fortune.
Comme toutes disgrâces peuvent arriver aux hommes, ils devraient être préparés à toutes disgrâces.
Nous sommes presque toujours les artisans de nos disgrâces.
Les hommes les plus insolents au pouvoir sont généralement les plus lâches et les plus vils lorsqu'ils éprouvent une disgrâce.
Certaines gens mettent de la disgrâce dans le bien qu'ils font.
La beauté d'une jeune fille réjouit la famille, la vieillesse et l'enfance, et relève jusqu'à la disgrâce de ses compagnes que la nature inclémente a moins favorisées.
Trop de raison jette sur les sentiments une disgrâce.
Le niais qui veut gagner contre le roi ne gagne que la disgrâce, ou pis.
La raison supporte les disgrâces ; le courage les combat ; la patience les surmonte.
Nous supportons beaucoup plus philosophiquement nos disgrâces en les voyant atteindre les objets de notre haine.
De la faveur à la disgrâce il n'y a souvent qu'un pas à faire.
Qui ne fait pas le bien dans la prospérité souffre davantage dans la disgrâce.
Dans la prospérité, souviens-toi de la disgrâce.
Laissez l'envie et la disgrâce se consumer, elles n'empêcheront pas le bien, car, Dieu merci, c'est une vieille coutume que le soleil réchauffe aussi loin qu'il éclaire.
L'amour-propre nous rend infiniment plus sensibles aux disgrâces qu'aux faveurs de la fortune.
Tel crime en ce monde est moins puni que la faute la plus légère, et il suffit aujourd'hui d'une défaillance ou d'un emportement pour attirer sur une noble tête une irrémédiable disgrâce.
Le caractère et le charme ont plus de prix que la beauté, mais la beauté est permanente, le charme est journalier, et les figures qui valent surtout par l'expression ont leurs jours de disgrâce.
Les plus infortunés trouvent toujours quelque ressource dans leurs disgrâces.
La disgrâce, ce tombeau de la médiocrité, devient le piédestal du vrai mérite.
Conserver ses amis dans la disgrâce, c'est prouver qu'on les avait bien choisis.
Le mécontentement de soi rend peu aimant et peu aimable, il jette un voile disgracieux sur toute chose.
Je hais la laideur, je la hais au point d'être dur et injuste envers ces pauvres disgraciées.
Personne ne plaint le méchant quand il lui arrive quelque disgrâce, ni ne lui prête une main secourable : juste vengeance de tous les maux qu'il a causés.
L'ambition qui ne se soutient que par la fourberie, se précipite dans l'abîme des disgrâces.
On doit estimer également les hommes qui ont du mérite, soit dans leur élévation, soit dans leurs disgrâces. Comme la bonne fortune ne peut pas donner le mérite et les bonnes qualités, aussi la mauvaise ne saurait les ôter.
Publier soi-même une disgrâce est un acte de prudence, cela empêche les autres de vous en faire rougir et l'exagérer.
Voulez-vous connaître le caractère d'un homme ? Attendez qu'il lui arrive quelque disgrâce ; vous verrez bientôt toute sa grandeur ou toute sa faiblesse. On ne jugeait autrefois de la valeur des athlètes, que lorsque, meurtris de coups, couverts de blessures, et cent fois terrassés sans être vaincus, ils s'étaient relevés avec un nouveau courage, et avaient triomphé de leurs antagonistes. De même, on ne connaît parfaitement la grandeur d'âme que dans les malheurs.
La vérité est parmi nous comme une malheureuse étrangère que l'on reçoit mal partout, et qui essuie chaque jour une infinité de disgrâces et de contradictions.
Ne pas savoir supporter les grandes faveurs de la fortune, c'est se préparer une longue suite de disgrâces.
Les viragos disgracieuses n'ont jamais attiré la sympathie des gens de goût.
Aux yeux du courtisan il y a la même différence entre la faveur et la disgrâce qu'entre l'être et le néant.
L'homme, dans la fortune, méconnaît tout le monde ; et dans la disgrâce, il n'est connu de personne.