La foule est un monstre décervelé que la conscience humaine de quelques-uns suffit à abattre.
Citation de Raoul Vaneigem ; Pour l'abolition de la société marchande (2002)
La foule est un monstre décervelé que la conscience humaine de quelques-uns suffit à abattre.
Deux choses troublent ma foi spiritualiste : l'abêtissement d'une foule d'hommes et l'esprit d'un certain nombre de bêtes.
La promptitude de la foule aux emballements a pour contrepartie sa promptitude aux paniques.
Dans toutes les grandes crises, il se lève des hommes qui personnifient l'idée ou la passion du moment ; la foule court vers eux comme les soldats au drapeau.
L'empressement de la foule à accepter tous les genres de despotisme explique celui des habiles à en rechercher les profits.
Fortes devant ce qui est faible, les foules ont de la générosité quelquefois, de la cruauté souvent, de la lâcheté toujours.
La seule excuse de celui qui grise la foule du vin fumeux de la parole est qu'il s'en grise le premier.
Qui spécule sur la crédulité de la foule n'a pas à craindre d'aller trop loin.
Il y avait jadis une société, il n'y a plus que des foules.
Une nature commune prête plus à la popularité qu'un esprit élevé : il ne faut pas être trop au-dessus de la foule pour agir sur elle.
La foule ne peut pas se passer des hommes éminents ; et les hommes éminents lui sont toujours importuns.
Puisque la foule est composée d'individus, il est naturel que nous ne pouvons compter que sur les qualités les plus ordinaires ; et, parmi ces qualités, hélas ! ne se trouvent ni le bon sens, ni la justesse de l'esprit, ni la reconnaissance.
Quelquefois du côté du petit nombre se trouve la vérité, tandis que la foule applaudit à l'erreur.
Faire appel aux passions vulgaires de la foule, n'est pas gouverner.
Je n'ai de goût à parler qu'avec ceux que j'aime, et ceux qui m'aiment, et je sens trop que je suis indifférent à la foule pour désirer sortir du silence avec elle.
Le bain de foule est au politicien ce que le lavement des pieds est au souverain pontife : Un contact épidermique mais le savon en moins.
Le premier souci du politicien : Saluer la foule en levant les deux bras sans que sa chemise sorte de son pantalon.
Les idées, quand elles tombent dans la foule, elles perdent leur éclat, leur saveur, leur fécondité, surtout leur complication. Elles deviennent schématiques et caricaturales, elles tournent au poncif ; bref, elles sont prêtes à servir de machines de guerre ou de projectiles.
La foule fait la haie ; elle est enthousiaste ; elle s'écrie : « Dieu, que Sa Majesté est donc bien habillée aujourd'hui ! » Jusqu'au moment où un petit garçon, trop jeune pour être infecté par le conformisme, dit avec étonnement : « Mais l'empereur est nu ! » Et le charme est brisé.
La foule des faux amis s'attelle à la richesse, elle s'éprouve à l'heure où sonne la détresse.
Les foules sont plus cruelles dans leurs joies que dans leurs douleurs.
Quand le maître décrète : « Celui-ci est bon, celui-ci est méchant », la foule acclame l'un de confiance et, encore de confiance, lapide l'autre.
La foule, c'est-à-dire l'opinion publique, ne sait jamais, toute seule, où elle va : elle a besoin qu'on lui indique des routes, dans lesquelles elle s'engage, ou plutôt dans lesquelles elle se rue.
La foule irréfléchie adopte aisément les opinions les plus extrêmes ; savoir donner une heureuse direction à ce penchant naturel de l'homme, est ce qui caractérise le vrai législateur.
Il suffit à la foule de la vue du sang pour lui en donner la soif, comme la première coupe de vin est le prélude d'une longue débauche.
La foule est toujours une preuve de la plus mauvaise cause.
La foule ne peut se passer des hommes de talent ; cependant les hommes supérieurs lui sont toujours à charge.
Les foules ne créent pas l'opinion mais lui donnent sa force. Une opinion populaire devient vite contagieuse.
Le foule comprend rarement quelque chose aux évènements qu'elle accomplit.
Il y a dans toute foule des hommes que l'on ne distingue pas, et qui sont de prodigieux messagers. Et sans le savoir eux-mêmes.
Marcher dans la foule signifie ne jamais aller plus vite que les autres, ne jamais traîner la jambe, ne jamais rien faire qui risque de déranger l'allure du flot humain.
Ceux qui recueillent les faveurs de la foule sont comme des esclaves qui auraient des millions de maîtres.
Les foules n'estiment jamais que ce qui les brave.
Ce qui m'attriste le plus dans les foules, c'est la laideur. Il viendra sans nul doute un moment où l'humanité tout entière sera laide. Mais l'amour survivra à la beauté, on verra des monstres se sourire et s'accoupler.
L'ignorance de la foule laisse le plus vaste champ possible aux faiseurs de nouveaux systèmes.
Nous n'acquérons le droit de mépriser la foule qu'en la forçant à nous estimer.
La vie est une foule où chacun tire à soi.
Dans la foule, l'imbécile, l'ignorant et l'envieux sont libérés du sentiment de leur nullité.
Pour la foule, la réussite a presque le même profil que la suprématie.